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Continuer la lectureRim’K, le « tonton » du rap, épinglé par le fisc
L’auteur de l’inoubliable « Tonton du Bled » avec le groupe 113 n’aurait pas déclaré une bonne part de ses revenus entre 2017 et 2019. Il risque un lourd redressement fiscal.

Force tranquille du rap français, l’artiste Rim’K a construit une prolifique carrière depuis les années 90. Mais son succès ne se reflète visiblement pas dans les revenus qu’il déclare aux impôts. Leur montant singulièrement bas de 2017 à 2019 a semblé si suspect à l’administration qu’elle a déclenché un contrôle fiscal. Un raid a même eu lieu au siège de sa maison de disque Universal Music France et dans les locaux présumés de plusieurs entreprises à son nom au mois de mars 2022. Le rappeur a eu beau remettre en cause cette visite et les documents saisis, la Cour d’appel de Paris ne l’a pas entendu de cette oreille et a rejeté son recours le 18 janvier dernier. Il risque maintenant un lourd redressement.
Né en 1978 à Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, Rim’K s’est fait connaître avec le groupe 113 au milieu des années 90. Trente ans plus tard, sa popularité n’a pas faibli, comme le prouvent son million de followers sur Instagram et ses quatre disques d’or décrochés entre 2016 et 2021. Pour les plus jeunes, il fait désormais figure de « tonton » de la scène musicale, en référence à son titre culte « Tonton du bled ». À la question « Vivez-vous uniquement de votre musique » lancée dans une interview par Lesinrocks en 2017, il avait répondu : « Je ne vis que de ça et j’en vis très bien. Il y a les disques de 113, les miens, ceux que j’ai produits, donc même en restant inactif, je génère beaucoup de droits, beaucoup de fonds. »
Voilà qui explique la vigilance de l’administration fiscale à l’égard d’Abdelkrim Brahmi, le vrai nom de Rim’K. Première surprise, elle a constaté que l’artiste n’avait carrément… rien déclaré aux impôts pour l’année 2018 ! En 2019, il n’aurait fait état que de 38 612 euros en traitements et salaires. Pourtant, il a bien encaissé des droits d’auteur entre 2017 et 2019 via l’ADAMI (Société civile pour l’Administration des Droits des Artistes et Musiciens Interprètes) et la SACEM (Société des Auteurs-Compositeurs et Éditeurs de musique) mais il ne les aurait pas signalés dans leur intégralité. Où sont également passés les bénéfices tirés de sa chaîne YouTube qui compte 1,9 million d’abonnés ? Le fruit d’une soixantaine de concerts entre 2018 et 2021 ? De ses placements de produits, de ses produits dérivés et de son partenariat avec la marque de vêtements Schott ? Mystère. Concernant son entreprise individuelle, créée dès 1999, Bercy suspecte que les recettes commerciales aient été minorées et que la TVA n’ait pas été déclarée.

Des soupçons d’évasion fiscale planent aussi sur deux sociétés : The Factory Manufactured LLP, immatriculée au Royaume-Uni, et Monsters Group SARL, enregistrée au Luxembourg. Ces deux entités auraient une adresse de domiciliation à l’étranger pour ne pas être imposées en France mais seraient bel et bien gérées depuis l’Hexagone. C’est du moins ce que flairent les enquêteurs du fisc, estimant qu’elles ne disposent pas « des moyens humains et matériels nécessaires » à l’exercice de leurs activités dans ces pays.
Difficile de savoir si ces sociétés génèrent beaucoup d’argent. Pour The Factory Manufactured LLP, les documents les plus récents font état, au mois de mars 2021, d’un montant de 198.290 livres (224 238 euros) dus aux deux associés, le rappeur et son frère. Quant à Monsters Group SARL, détenue pour moitié par Abdelkrim Brahmi, son résultat se serait élevé à 47 438 euros en 2021.
Rim’K risque donc pour toutes ces raisons un redressement fiscal, si les documents saisis venaient à confirmer les suspicions de Bercy. « Ouh, va falloir que j’appelle mon avocat », scandait le rappeur dans son titre X-Men sorti en 2019. C’est visiblement chose faite en la personne de maître Alice Rousseau. Cette dernière n’a pas répondu à nos sollicitations. L’agent de l’artiste non plus.