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Continuer la lectureLVMH fait une offre de rachat sur Challenges et Sciences et Avenir
Le groupe de luxe a fait jouer son option d’achat sur les 60 % des Éditions Croque Futur qu’il ne possède pas encore. Claude Perdriel pourrait donner sa réponse d’ici à la fin du mois mais assure avoir d’autres prétendants.

La vente des magazines Challenges et Sciences et Avenir, la Recherche s’accélère. Selon nos informations, le groupe de luxe LVMH a activé son option de rachat sur le capital des Éditions Croque Futur, derrière ces deux titres. L’empire dirigé par Bernard Arnault possédait déjà 40 % de l’éditeur et pouvait acquérir le solde à un prix convenu depuis quatre ans. « Pour l’instant, c’est la meilleure offre que j’ai sur la table mais d’autres prétendants sont intéressés, nous indique Claude Perdriel, dirigeant des Éditions Croque Futur, sans détailler le montant de la proposition. J’espère prendre ma décision avant la fin du mois ». CMI (Marianne, Elle, France Tireur…), Xavier Niel ou CMA CGM (La Tribune, Air & Cosmos… ) pour concurrencer LVMH ? Le dirigeant évoque plutôt « un groupe de personnes qui aiment Challenges ».
Alors qu’il fêtera ses 99 ans le 25 octobre, le fondateur de SFA avait déjà annoncé vouloir accélérer le processus de vente en juillet et s’en est ouvert auprès des élus du personnel de Croque Futur en début de semaine. « À la fin de cette réunion, il nous a salués comme si c’était la dernière fois », a noté un salarié présent, non sans émotion. Une page (de magazine) se tourne. Le directeur général, Philippe Menat, va prendre sa retraite dans quelques semaines.
La proposition financière de LVMH émane de la nouvelle directrice financière du groupe de luxe, Cécile Cabanis, mais rien ne dit qu’elle est à la hauteur des espoirs de Claude Perdriel. Pour clore cette affaire dans les meilleures conditions, le nonagénaire est à la manœuvre pour faire monter les enchères et avait indiqué aux élus « Je ne céderai pas à quelqu’un qui n’aime pas la presse ». Qu’est-ce à dire ? « Les deux certitudes sont : premièrement, je suis vendeur et, deuxièmement, je ne vendrai jamais à Bolloré », précise cet homme de gauche, proche de Pierre Mendès France. Si ce rachat aboutit, il permettrait à LVMH de compléter son portefeuille de titres, puisqu’il contrôle déjà les Échos, Le Parisien, Paris Match, Historia, Radio Classique, Investir, l’Opinion, et l’Agefi.
Le polytechnicien doit déjeuner la semaine prochaine avec Bernard Arnault mais le sujet de la vente ne sera pas abordé assure Perdriel, qui compte plutôt échanger sur la taxe Zucman avec le milliardaire. Ce prélèvement de 2 % sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros suscite actuellement de nombreux débats dans le cadre de la prochaine loi de finances. Claude Perdriel préférerait un retour de l’impôt sur la fortune (ISF). « Il est normal que les riches fassent un effort mais pas que celui-ci porte sur leur entreprise », estime-t-il. La couverture du prochain Challenges devrait attaquer d’ailleurs « la folie » de cette taxe Zucman. À la tête d’une fortune estimée à 600 millions d’euros selon son propre magazine, l’homme de presse a créé de nombreux titres tout au long de sa vie (dont le Matin de Paris et le Nouvel Obs) et les a soutenus financièrement à bout de bras.
Interrogé, LVMH indique « ne pas commenter les affaires en cours ».