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Continuer la lectureL’échec discret de Starting Blok, l’agence d’influence de Booba
Lancée en grande pompe fin 2023, la société fondée par le rappeur et deux associées a fermé ses portes avec un passif de 210 000 euros.

« On est là pour travailler, pour de la sueur, du sang. On y va pour mettre le chaos. » Le 29 novembre 2023, plusieurs centaines de personnes se pressent à la soirée de lancement de Starting Blok. Starting Blok ? « L’agence des talents artistes et sportifs urbains » lancée par Booba et ses deux associées : Claire Dabrowski, ancienne de Webedia, et Anne Cibron, la manageuse du rappeur. Arrivé tout droit de Dubaï, Booba enchaîne les selfies avec ses admirateurs. Et, à propos de son nouveau projet, il déclare au micro de 66 minutes : « Je pense qu’il y avait une demande, un besoin. On a fait tout l’inverse des escroqueries, c’est l’anti culture du vide. »
Le Duc de Boulogne, son surnom, est en effet engagé depuis 2022 dans une croisade contre ceux qu’il appelle les « influvoleurs » : ces influenceurs qui abusent de leur notoriété et font la promotion de produits frauduleux. Le journaliste de 66 minutes conclut son émission en s’interrogeant sur les motivations qui ont poussé le rappeur à créer Starting Blok : « Alors, vraie démarche ou énième mise en scène dans une guerre qui a pris d’incroyables proportions ? » Force est de constater que l’aventure n’a pas tenu dans le temps. Le 3 mars dernier, Starting Blok a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris, avec un passif de près de 210 000 euros.
Exclu. Dans #66 minutes sur #M6, le rappeur @Booba nous révèle pourquoi il a décidé de lancer sa propre agence d’influenceurs. La guerre contre @magalieberdah n'est jamais finie. 🏴☠️ pic.twitter.com/npus4Pw4aU
— 66Minutes (@66Minutes) December 3, 2023
« Il s’agit d’une liquidation de responsabilité », explique à l’Informé Claire Dabrowski, avant de revenir sur les débuts de l’agence. Installée à Paris, dans les murs du label du rappeur 92i, l’agence n’a jamais eu ses propres locaux, ni ses propres salariés. Elle travaille à l’époque avec trois freelances : un chef de projet, un commercial et un directeur artistique. Bénéficiant dès le départ d’une très forte couverture médiatique, Starting Blok signe une dizaine de talents : le breakdanceur Dany Dann, l’artiste tatoueuse Poly ou encore le chef cuisinier Jérémy Moscovici. Et début 2024, les projets s’enchaînent avec différents clients prestigieux, comme le musée du Louvre, le maroquinier Cabaia, le parfumeur Sephora ou encore le PSG. L’agence noue même un partenariat avec Bpifrance à l’occasion de l’évènement QG, « le temps fort annuel des entrepreneurs des quartiers ».
Détentrice de 42,5 % du capital de l’agence, Claire Dabrowski qui était officiellement présidente de Starting Blok est en fait la seule des trois associés à s’ancrer véritablement dans le fonctionnement au quotidien de l’agence. « Nous avons pris avec Anne et Booba l’ensemble des décisions stratégiques, mais ils n’étaient pas dans l’opérationnel, explique-t-elle à l’Informé. On a reçu un bon accueil du marché, mais je pense qu’on a été un peu naïfs. » Des désaccords entre les associés, notamment sur les sommes à investir pour pérenniser l’agence ainsi que la stratégie à adopter, sont alors à l’origine de sa liquidation. « Il est plus responsable d’arrêter avant que les gens ne se fâchent », élude aujourd’hui Claire Dabrowski. Et de préciser que chacun des trois cofondateurs continue aujourd’hui de travailler avec des talents sur des projets. « On ne les a pas laissés tomber, et ils ont toujours été payés », assure-t-elle à l’Informé.
La courte aventure de Booba dans le monde de l’influence marketing ne signifie toutefois pas que le rappeur en a fini avec ce milieu. Pour rappel, Booba a été mis en examen fin 2023 pour cyberharcèlement à l’encontre de Magali Berdah, fondatrice de l’agence d’influenceurs Shauna Events. Il a également été condamné en mai dernier pour procédure abusive contre celle que l’on surnomme la « papesse des influenceurs ».
Contactés, Anne Cibron et Booba, détenteurs respectivement de 15 et de 42,5 % des parts de l’entreprise, n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations.