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Continuer la lectureStellantis s’engage à stopper la baisse de ses effectifs en France
Malgré la baisse des volumes de véhicules Peugeot et Opel produits dans l’Hexagone, le successeur de Carlos Tavares, Antonio Filosa, a accepté de compenser les départs par des recrutements dans les métiers d’avenir.

La baisse continue du nombre de salariés dans les usines et les centres de R&D de Stellantis pourrait s’infléchir cette année. Le groupe dirigé depuis trois mois par Antonio Filosa a signé, fin août, un accord avec tous les syndicats représentatifs (FO, CFE-CGC, CFDT, CFTC) à l’exception de la CGT. Accord selon lequel il s’engage à créer presque autant d’emplois en CDI dans l’Hexagone qu’il en supprimera sur une période courant jusqu’au 30 octobre 2026, selon un document obtenu par l’Informé. « Les effectifs français ont fait les frais ces dernières années de la stratégie de réduction des coûts effrénée de Carlos Tavares, pour atteindre un plus bas de 33 000 salariés aujourd’hui », constate un délégué syndical du groupe. Après la fusion de PSA et de Fiat-Chrysler, le 16 janvier 2021, pour former Stellantis, les salariés dans les usines et les centres d’ingénierie en France étaient passés sous la barre des 40 000 personnes en 2022. « Avec ce nouvel accord, on devrait ressentir une inflexion cette année avec une stabilisation des équipes, espère notre source. Elle est nécessaire pour que le groupe préserve l’activité industrielle en France. »
Sur les treize mois suivant la signature de l’accord, Stellantis a prévu 1 000 embauches en CDI. Elles concerneront en priorité les métiers où les besoins sont les plus importants pour assurer la « transformation du groupe en une Tech Company ». Sans exclure des recrutements sur des qualifications moins sous tension afin d’assurer le renouvellement générationnel. « Cela fait très longtemps qu’on n’avait pas eu un niveau d’embauches aussi conséquent », se félicite un représentant du personnel. Pour la CGT, le compte n’y est toutefois pas. « Les conditions de départ ont le mérite d’exister, mais nous n’avons pas signé l’accord car le nombre d’embauches prévues par la direction est clairement insuffisant, explique un de ses représentants. Les usines tournent avec beaucoup d’intérimaires qui espèrent obtenir un CDI. »

En contrepartie du millier de recrutements, le groupe prévoit jusqu’à 980 ruptures conventionnelles collectives sous forme de projets externes, congés de mobilité, passeports de transition professionnelle, auxquelles s’ajoutent 120 « passerelles de reconversion énergétique ». Parallèlement, le groupe « s’engage à ne pas procéder à des licenciements (...) au cours de cette même période » dans ses usines et centres de R&D français.
Les différents dispositifs de départs ouverts par l’accord actent la réduction de voilure de certains métiers en désuétude, en particulier avec l’arrêt de la production à Douvrin. Ce site dans le Pas-de-Calais, fondé en 1969 par Peugeot et Renault sous le nom de Française de Mécanique, s’apprête en effet à vivre ses dernières années, avec la fin de la production des moteurs diesel même s’il continue à produire des moteurs à essence. Il compte aujourd’hui environ 600 salariés qui devraient être mutés vers des sites d’avenir dédiés à la propulsion électrique.
Tout d’abord vers la nouvelle usine E-motors à Trémery (Moselle), codétenue par Stellantis et le japonais Nidec. Et, ensuite, vers la gigafactory Automotive Cells Company (ACC), qui prévoit d’accueillir 300 personnes dans le cadre d’un programme baptisé « Passerelle de reconversion énergétique ». Depuis son ouverture à Douvrin en 2023 avec l’appui de TotalEnergies et de Mercedes, ACC a déjà accueilli 330 salariés de l’usine moteurs qui se sont reconvertis dans la production de batteries. « L’accord de gestion des emplois et des parcours professionnels s’appuie sur les résultats de l’Observatoire des métiers mis en place par Stellantis pour accompagner les salariés dont les fonctions sont amenées à disparaître, soit pour évoluer vers d’autres postes soit pour développer d’autres projets, explique un délégué syndical. Les qualifications très recherchées en ingénierie ou en électricité sont exclues du dispositif, le groupe souhaitant conserver ces compétences. »
L’accord social d’août ne dissipe pas toutes les inquiétudes. « Les salariés restent notamment dans l’attente d’une orientation officielle sur la R&D, les plateformes et les énergies de propulsion, relève un délégué syndical. Le ‘plan produits’ va évoluer et on attend son impact sur les sites français. » C’est surtout à Poissy (Yvelines) que l’appréhension est la plus forte : la direction a annoncé 15 jours de chômage partiel fin octobre pour les 2 000 salariés, du fait de la faiblesse des ventes de l’Opel Moka et de la DS3 Crossback. La dernière usine francilienne du groupe est dans l’attente de nouvelles attributions pour prendre, d’ici deux ou trois ans, la suite de ses modèles en fin de vie.
C’est aussi le cas à Mulhouse, d’où sortent les 308. Le site de Rennes-La Janais, de son côté, attend un modèle en supplément du nouveau SUV C5 Aircross pour assurer le maintien de ses équipes. Antonio Filosa devrait apporter des réponses lors de la présentation de son plan stratégique, début 2026. « Il a fallu six mois pour avoir un nouveau CEO après le limogeage de Carlos Tavares et six mois encore pour avoir une stratégie, s’impatiente un élu du personnel. On perd du temps alors que le reste de l’industrie accélère. »
Contacté, Stellantis n’était pas en mesure de commenter à l’heure de la publication de l’article.