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Continuer la lectureUn ancien candidat de téléréalité accusé d’arnaques à la Rolex
Pierre Garric, ancien candidat de La villa des cœurs brisés, est désigné par plusieurs témoins comme étant l’auteur d’escroqueries. Quatre victimes ont porté plainte contre l’ex-star de téléréalité… qui, de son côté, crie à l’usurpation d’identité.

C’est une étrange histoire d’escroquerie qui touche actuellement le Sud-Est de la France. Depuis quelques mois, un aigrefin aux airs de vedette de téléréalité y entourloupe des propriétaires de montres de luxe. Il repère des vendeurs de Rolex ou de Hublot sur Leboncoin, propose de leur acheter leur bijou puis organise une rencontre. Discours rodé, signes ostentatoires de richesse, allure proprette… l’artiste met très vite en confiance ses interlocuteurs. Au cours de l’entretien, il fournit même toutes les garanties selon lui nécessaires à une transaction en toute sécurité : pièce d’identité, contrat de vente, justificatif de domicile… Rassurés, les malheureux acceptent alors de lui donner la montre, contre la promesse de voir arriver sur leur compte le montant promis, preuve de virement à l’appui. Sauf que la somme n’arrive jamais.
À la fin de cette vidéo publiée sur le compte Instagram de La villa des cœurs brisés, on voit Pierre Garric s’exprimer face caméra.
Des signalements à la pelle
Autre élément troublant : le compte Whatsapp sur lequel nous avons échangé avec Pierre Garric correspond à celui utilisé pour abuser au moins un propriétaire de montres, Marc*. Ce trader dit avoir rencontré le garçon à Menton (Alpes-Maritimes) en début d’année, après avoir mis en vente une Rolex à 4 600 euros sur Leboncoin : « Il m’a fait un virement devant moi, puis m’a envoyé les captures d’écran de l’opération » précise-t-il. S’inquiétant de ne pas recevoir son argent, il contacte la banque en question, et le couperet tombe : le compte mentionné n’existe pas. Après avoir porté plainte, il se rend sur le site Signal Arnaques et retrouve la trace d’un autre avertissement concernant le jeune homme. Sur la plateforme d’alerte entre consommateurs, le nom de Pierre Garric est en effet mentionné à plusieurs reprises, au sujet de diverses affaires.

En Provence-Alpes-Côte d’Azur toujours, Alain* dit avoir vécu un peu la même histoire. Mais lui s’est méfié. « Je lui ai tout de suite expliqué que sans preuve réelle du virement, je ne donnerais pas la montre. Sa réaction m’a paru étrange, et lorsque j’ai parlé de faire des vérifications sur son identité auprès de la gendarmerie, il a coupé tout contact », se souvient-il. Un flair que Thomas* regrette ne pas avoir eu. Après avoir mis en vente une Hublot sur Leboncoin, à 6 300 euros tout de même, il raconte avoir rencontré Pierre Garric – du moins, lui aussi identifie son interlocuteur comme tel – lui avoir remis le bijou… sans jamais recevoir de paiement par la suite. « Son statut d’influenceur de téléréalité me rassurait », explique-t-il, incrédule devant l’aplomb du jeune homme, qui n’hésiterait pas, selon plusieurs témoignages, à envoyer sa propre pièce d’identité à ses victimes.
Mais ce n’est pas la fin de l’histoire selon Thomas : lors de l’échange, son escroc aurait évoqué un de ses amis prêt à vendre une Rolex à un prix intéressant. Convaincu et très intéressé par le bijou, Thomas aurait versé un acompte de près de 5 000 euros… pour une montre qu’il ne recevra jamais. « C’est la double peine pour mon client », évoque son avocat Cédric Freydier, qui indique à l’Informé avoir recensé « une douzaine de victimes », présageant un « dossier très important ».
En septembre dernier, c’est le jeune Adam* qui déclare s’être fait entourlouper. « C’est un professionnel, il sait ce qu’il fait », relate cet étudiant en droit, amer. Voilà l’histoire telle qu’il la raconte. Lorsqu’il rencontre celui qu’il désigne comme l’ex-participant à La villa des coeurs brisés, ce dernier a tout de l’homme aisé : il conduit une voiture dernier cri, arbore une tenue Balenciaga, et porte à son poignet un bracelet Cartier. Mais Adam assure ne jamais avoir reçu les 9 000 euros promis. Ironie du sort : alors qu’il se rendait au commissariat pour porter plainte, il y aurait croisé Pierre Garric, venu faire refaire ses papiers d’identité. « Je l’ai immédiatement confronté, en face d’un policier, qui m’a expliqué ne pas pouvoir l’arrêter, en l’absence d’un flagrant délit », fulmine-t-il.
« Je vis une histoire de téléréalité »
Plus récemment, un autre homme aurait été victime, pour un montant encore plus important. Là encore, le récit de Jean* résonne avec les précédents témoignages. En octobre dernier, il met en ligne une annonce concernant une montre Rolex d’une valeur de près de 30 000 euros. Après une prise de contact, Pierre Garric se serait rendu à son domicile dans les Alpes-Maritimes et ils auraient discuté pendant une heure « autour d’un café ». Le garçon lui fait « bonne impression », raconte qu’il travaille entre Cassis et Paris et lui aurait présenté un justificatif de domicile dans le 16e arrondissement de la capitale, une attestation de vente ainsi que sa pièce d’identité. Il serait ensuite reparti avec la montre. Plusieurs jours après, alors que le virement n’arrivait pas, le supposé acheteur aurait continué à lui envoyer des messages, lui demandant s’il avait bien reçu les fonds. « C’est hallucinant ! Je vis une histoire de téléréalité », se lamente le sexagénaire. Son avocate Laurence Sportes indique à l’Informé avoir « reçu pour instruction de déposer une plainte entre les mains du procureur de la République dans les prochains jours ». La professionnelle estime que l’auteur des faits pourrait « être poursuivi pour escroquerie, un délit passible de 5 ans de prison et de 375 000 euros d’amende ».
Interview de Pierre Garric sur la chaîne Youtube VDBUZZ
Aujourd’hui, certains plaignants ne se font plus d’illusions. « Je suis certain que je ne récupérerai pas mon argent, mais mon but est de faire parler de cette histoire, pour éviter que d’autres tombent dans le piège », explique Marc, résigné mais déterminé. Contactée, la société de production de La villa des cœurs brisés, Ah ! Productions, assure n’avoir aucune connaissance des faits relatés et n’avoir reçu aucun signalement concernant celui qu’elle connaît sous le nom de « Pierre Giangreco ». Et d’ajouter que sa participation à de nouvelles émissions n’est « pas à ce jour envisagée ».
*Les victimes ont toutes demandé à être citées sous couvert d’un prénom d’emprunt.
