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Continuer la lectureSqueezie : les chiffres secrets de son empire du web
L’Informé a mis la main sur les valorisations précises des différentes activités du youtubeur multimillionnaire. Etonnant.

Depuis le 8 octobre 2022, les patrons des chaînes de télévision dorment sans doute un peu moins bien à cause d’un gamin de 26 ans. Ce jour-là, une course de formule 4 sur le circuit du Mans diffusée sur le réseau Twitch a réalisé une audience record : un million d’internautes en direct, plus 12,5 millions en replay. Bien plus que le nombre de téléspectateurs devant une course automobile à la TV…
L’auteur de cet exploit ? Squeezie, le youtubeur français le plus suivi… Et sans doute le plus riche. L’Informé a mis la main sur les valorisations de ses sociétés et le constat est net : le vidéaste s’est mué en homme d’affaires millionnaire, multipliant les investissements depuis quatre ans. A l’origine de sa richesse ? Le rachat par le groupe Webedia, en 2015, de Talent Web, la régie qui se chargeait d’attirer les annonceurs sur sa chaîne YouTube et celles de Cyprien, Norman, Hugo Tout Seul, Natoo, Jhon Rachid… Actionnaire de l’agence (à hauteur de 15,9%), Squeezie a alors empoché 4 millions d’euros puis deux chèques supplémentaires en 2018 et 2019 - allant jusqu’à 3,3 millions d’euros - en fonction des résultats. Interrogé sur le sujet par l’émission Clique, le nouveau fortuné assurait n’avoir « rien » fait de ce pactole : « ça n’a rien changé (...). Je gagnais déjà tellement bien ma vie, je pouvais commander à manger tous les jours, je pouvais m’acheter une paire de Nike toutes les deux semaines (...). Cette revente, c’est ma retraite. » Le jeune homme est trop modeste : en réalité, il a judicieusement investi son argent dans différents business, dont nous révélons aujourd’hui les chiffres, en exclusivité.
1-YouTube
Avec 17,4 millions d’abonnés, Squeezie s’impose comme le Youtubeur français le plus suivi. Très productif, il a encore publié 70 vidéos en 2021, et chacune de ses séquences a comptabilisé 13,3 millions de vues en moyenne, selon SocialBlade. Cette audience considérable, si appréciée des annonceurs, fait la fortune de l’artiste : sa société Balai Steak, propriété de la chaîne, a été valorisée 5,8 millions d’euros en 2021. Une somme correspondant aux bénéfices cumulés qui n’ont pas été distribués en dividendes.
2- Son agence
Longtemps sous la coupe de Webedia, on l’a vu, Squeezie a pris son indépendance et lancé sa propre régie publicitaire, Bump, en avril 2020. « J’ai vu des créateurs commencer à créer leurs petites agences et je me suis dit : ‘ils ont tout compris », a-t-il expliqué dans Clique, taclant au passage son ancien employeur : « Les gens qui gèrent les côtés business de nos métiers, ce ne sont pas des créateurs de contenu. A la base, ils vendaient des pubs dans les magazines. Ils ont une vision de notre milieu qui est très très business, trop business. »
Pour faire tourner sa boutique, il est tout de même allé chercher un habitué de cet univers, Laurent Rumayor, rencontré chez Talent Web. La société a rapidement trouvé le succès, attirant de nombreux youtubeurs, à qui elle reverse « 75 % de l’argent, contre 50 % auparavant », a expliqué à l’Express son président. Selon Konbini, Bump a déjà enrôlé McFly et Carlito, Gotaga, Djilsi, DrNozman, Henry Tran, Locklear... Mais également David et Raphaël ou Dobby. Résultat ? En 2021, la régie a affiché un chiffre d’affaires rondelet de 14 millions d’euros et un bénéfice de 855.004 euros, ce qui a permis de distribuer 500.000 euros de dividendes. Selon nos informations, elle s’est vue valorisée 3,2 millions d’euros, ce qui correspond, là encore, aux bénéfices cumulés. Une belle affaire pour Squeezie qui en détient encore 20%, après avoir ouvert le capital.
L’entrepreneur ne doit donc pas regretter son divorce avec Webedia. Pour rappel, les relations entre les partenaires se sont tendues début 2020 quand Squeezie s’est mis à critiquer le Live, une chaîne interactive en direct lancée par Webedia : « ce projet est tenu par des gens qui n’y connaissent rien, qui ont juste envie de faire des thunes, qui n’ont aucune passion. » Il a même affirmé que l’audience était artificiellement gonflée via des bots... Finalement, le Live a été arrêté au bout de quatre mois. Mais les commentaires de Squeezie sont restés en travers de la gorge de Cédric Siré, directeur général de Webedia. Lors d’une conférence interne, il a déclaré : « Il y a des attitudes qui n’ont pas été acceptables. Je demande a minima de la solidarité. Au moins de la décence. [...] Je règlerai comme il se doit le cas de ceux qui ont déchiré la voile pendant le cap. »
3- Son studio
369 mètres carrés installés en plein cœur de Paris. En 2018, Squeezie, Cyprien et Norman ont décidé de créer, ensemble, un studio de tournage, ouvert aux créateurs d’internet comme aux sociétés de production audiovisuelle, Studio Taiko (« tambour » en japonais), et de l’installer dans ces locaux XXL du 11ème arrondissement. Pour racheter et aménager les lieux, via une société baptisée Cotalent. Squeezie a apporté, selon nos informations, 937 500 euros, Norman un million, et Cyprien 1,7 million. Ce dernier, principal actionnaire et président de la société, y tourne ses vidéos. Mais la société revendique aussi d’autres clients, comme Gaumont. Pour l’instant, l’affaire a perdu 480 060 euros sur son premier exercice d’une durée de 22 mois. Peut être a-t-il été pénalisé par la brouille survenue entre Squeezie et Cyprien en 2020 ? A noter qu’en 2019, le trio a vendu 1% du capital à Romain Cabrolier, un des dirigeants de YouTube en France.
4- La musique, la mode, la BD…
Véritable homme-orchestre, Squeezie s’est aussi lancé dans divers projets parfois très éloignés de son activité initiale. En 2019, il a ainsi créé la marque de mode Yoko, des vêtements « inspirés de la culture japonaise ». Il s’est associé à son grand frère Florent, qui a pris 20% du capital de la société Yoko Gang.
L’année suivante, le créatif a sorti son premier disque, Oxyz, chez Believe. L’album s’est classé 123e au hit parade 2020. « C’est le truc le moins rentable de l’histoire de ma vie, c’est tellement plus simple de faire des vidéos », a-t-il déclaré dans Clique. Notons qu’en 2020, il a également créé sa propre boîte de production, Unfold, dont il a confié les rênes à Clara Lesage, une ancienne du Studio Bagel.
Pas rassasié, l’an dernier, le touche-à-tout a aussi publié sa première bande dessinée, Bleak, sous la houlette de Link Digital Sprit, un éditeur spécialisé dans les jeux vidéo. Selon Edistat, elle s’est écoulée à 86 735 exemplaires (hors Amazon) et un second volume a d’ores et déjà été annoncé.
Même si ses affaires semblent donc bien fructifier, Squeezie assurait au Monde avoir appris le business en « se faisant arnaquer ! Plein de fois, et après, on apprend. C’est un truc dans lequel je n’excelle pas, mais c’est surtout un truc qui ne m’amuse pas. » Ce qui ne saute pas aux yeux…
Contactés, Squeezie et Laurent Rumayor n’ont pas répondu.