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Grande conso

« Œufs français » : une mention de plus en plus mensongère

La grippe aviaire force de nombreux industriels à abandonner les œufs français dans leurs desserts, pâtes ou plats cuisinés. 250 références sont concernées. Sauf que les fabricants sont loin de tous le dire clairement sur l’emballage.

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Le « Marbré au chocolat » de Chabrior, la marque de distributeur d’Intermarché, fait partie des produits fiers de leur origine tricolore. Sur le carton, une carte de France indique le lieu de fabrication, dans le Maine-et-Loire. Il arbore aussi une mention bien visible : « Œufs français ». Sauf que l’utilisation d’œufs de chez nous n’est plus garantie. Ils sont parfois remplacés par des équivalents européens. Seule une inscription au-dessus de la date limite peut alerter l’acheteur : « DEROG ŒUFS ORIGINE UE ». Encore faut-il qu’il parvienne à décrypter cette obscure mention…

Parmi les produits en manque d’œufs français, les pâtes d’Alsace sont très présentes. Une centaine de références figurent dans la liste, sous marques de distributeurs (Monoprix gourmet, Mmm chez Auchan, Reflets de France chez Carrefour, Ca vient d’ici chez Casino…) comme sous logo Stoeffler, Pâtes Grand’mère, ou encore Lioravi. Mais la majorité est constituée de produits sucrés. Quelques crèmes desserts comme Ma crème aux œufs de Délisse (E.Leclerc), des tartes et des flans pâtissiers vendus dans les magasins U, et un large éventail de gâteaux, marbrés ou aux fruits.

Chez Rivazur Cakes, la PME fabriquant le Marbré au chocolat d’Intermarché ainsi qu’une vingtaine d’autres références sous dérogation, on assure que l’utilisation d’œufs d’origine « Union européenne » n’est que « ponctuelle » : « Elle nous évite de devoir arrêter nos lignes de production quand il n’y a pas de produits  français disponibles », explique Jean-Philippe Pasquier, son PDG. Porte-parole des magasins U, Thierry Desouches confirme : « C’est ça, ou on n’est pas capable de fabriquer les recettes, nous disent en substance nos fournisseurs. La situation est similaire aux difficultés d’approvisionnement en huile causées par la guerre en Ukraine. »

Il manque 7 à 8% de la production française d’œufs, selon le Syndicat national des industriels et professionnels de l’œuf (SNIPO). Trois millions et demi de poules pondeuses ont été abattues au printemps. « Nous n’avions pas encore retrouvé toute cette capacité de production quand l’épisode de grippe aviaire de cet automne est arrivé », commente Loïc Coulombel, président du syndicat.  Face à ce déficit, l’industrie de la transformation est en première ligne, avec la restauration ; les œufs vendus en grandes surfaces sont épargnés pour l’instant. « En termes de disponibilité, la situation ne peut pas s’améliorer avant l’été prochain, au plus tôt », ajoute Loïc Coulombel.

Des mentions bien discrètes sur l’étiquette

Le système de dérogation risque donc de perdurer, et de concerner un nombre croissant de produits. La DGCCRF accorde ces autorisations pour un délai de trois mois maximum, censée laisser le temps au fabricant de rétablir son approvisionnement habituel ou de modifier ses emballages. Une information explicite doit figurer sur le produit. Mais rares sont les marques qui, comme les magasins U sur leurs flans pâtissiers, collent un sticker sur le packaging. La plupart se contentent de la fameuse mention « DEROG » à proximité de la date limite de l’article.

La solution paraît parfois bien discrète au regard de l’ampleur des modifications. Ainsi l’emballage des « Spaetzle aux œufs frais » de Stoeffler indique « Œufs de poules élevées en plein air 100% français ». Or, la marque alsacienne a obtenu une dérogation pour utiliser des œufs non frais, d’origine européenne et issus de poules élevées en cage ou au sol… Sollicitée, elle n’a pas répondu à nos appels.

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