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Continuer la lectureFaillite de la SFAM : les biens de l’ex milliardaire Sadri Fegaier visés
Les liquidateurs de la société ont demandé à saisir 20 millions d’euros sur la fortune de l’homme d’affaires. Il doit par ailleurs être jugé au pénal au mois de septembre.

Cette fois-ci, il a disparu du classement. Dans l’édition 2024 des « 500 plus grandes fortunes de France », publiée au mois de juillet par le magazine Challenges, aucune trace de Sadri Fegaier. L’an dernier, il y figurait encore en bonne position : 87e, avec un patrimoine estimé à 1,4 milliard d’euros. Le fondateur du sulfureux courtier en assurances SFAM et des boutiques multimedia Hubside (groupe Indexia) avait fait son entrée dans ce palmarès en 2018. Il n’était alors même pas quadragénaire, ce qui lui a longtemps valu le surnom de « plus jeune milliardaire de France ».
En quelques mois, le vent a radicalement tourné : ses principales activités ont fait faillite et l’éphémère étoile du business, désormais largement décriée, se retrouve empêtrée dans les problèmes. Alors que ses sociétés sont accusées d’avoir arnaqué des milliers de consommateurs pendant près de dix ans, le self-made-man commence à devoir rendre des comptes. Personnellement.
Selon nos informations, les deux cabinets chargés de la liquidation judiciaire ont demandé le blocage d’un peu plus de 20 millions d’euros sur ses propres biens. La somme correspond à une estimation provisoire de l’insuffisance d’actifs de la SFAM que Sadri Fegaier pourrait se voir réclamer. Les liquidateurs évoquent « l’existence d’un certain nombre de faits répréhensibles imputables aux dirigeants du groupe SFAM de nature à entraîner notamment la mise en jeu de leur responsabilité », selon l’ordonnance du tribunal de commerce de Paris autorisant l’opération, datée du 30 mai. Le document, consulté par l’Informé, poursuit : « Les liquidateurs judiciaires entendent initier (…) les actions en sanction qu’ils jugeront appropriés », notamment la responsabilité pour insuffisance d’actifs.

Concrètement, les mandataires ont demandé des saisies conservatoires sur les avoirs professionnels de l’homme d’affaires (notamment ceux de sa holding SFK group, toujours en activité) et sur ses comptes personnels. Ils ont aussi obtenu le nantissement des parts de plusieurs sociétés civiles immobilières détenues par Sadri Fegaier, y compris une SCI concernant des propriétés sur sa commune de résidence, non loin de Romans-sur-Isère (Drôme).
Sadri Fegaier pourrait se voir reprocher d’avoir dissimulé l’état financier réel de ses sociétés pendant des mois avant l’issue finale. Alors que le tribunal de commerce a prononcé la liquidation judiciaire de la SFAM le 24 avril 2024, il a estimé que la cessation de paiements remontait à bien plus longtemps : le tribunal a retenu la date du 23 juin 2023. Or, un dirigeant qui constate la cessation de paiement de son entreprise a l’obligation de la déclarer sous 45 jours. Outre une condamnation à rembourser le passif de la société, Sadri Fagaier s’expose notamment à une interdiction de gérer.
En attendant, il doit faire face à une autre contrariété, plus immédiate : ce passionné d’équitation et cavalier émérite a dû dire adieu à son élevage de chevaux. Le Haras des grillons, installé sur sa propriété drômoise, a été placé en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce le 12 juillet. La décision fait suite à une requête du procureur de la République, en lien avec des cotisations impayées de 228 000 € auprès de la Mutuelle sociale agricole. L’homme d’affaires n’a pas pris soin de se faire représenter à l’audience.
D’ici quelques semaines, Sadri Fegaier aura une nouvelle fois à faire à la justice, pénale cette fois. Il a rendez-vous au tribunal judiciaire de Paris à partir du 23 septembre. Il est cité, à titre personnel, dans le procès de plusieurs de ses sociétés pour pratiques commerciales trompeuses. Pour la petite histoire, il lui est même reproché d’avoir dissimulé lui-même un carton de documents lors d’une perquisition des inspecteurs de la Répression des fraudes dans les locaux du groupe. Se présentera-t-il spontanément à la barre ? Lors d’une audience préparatoire en mai, la présidente du tribunal s’était faite menaçante, à l’adresse de ses avocats : « S’il ne se présente pas, le tribunal s’organisera pour qu’il vienne ». Dans ce volet, il risque deux ans de prison et 300 000 € d’amende.
Contactée, son avocate Me Jacqueline Laffont n’a pas répondu.