L'abonnement à l'Informé est à usage individuel
Un autre appareil utilise actuellement votre compte
Continuer la lectureLes opérateurs alternatifs s’insurgent contre les hausses de tarifs d’Orange
Une quarantaine d’opérateurs télécoms a adressé une lettre courroucée au gendarme du secteur. L’autorisation donnée à Orange d’augmenter ses tarifs de l’accès à son réseau cette année est jugée injustifiée et dangereuse.

Le ton monte face à Orange. L’association des opérateurs télécoms alternatifs (Aota), regroupant une quarantaine d’acteurs locaux BtoB (Adenis, Aza Telecom, ComMeeTT, Izarlink, Netensia, Ovea…), a adressé un courrier courroucé à Laure de la Raudière, présidente du gendarme du secteur, l’Arcep. Dans cette missive, également envoyée au ministère du numérique et à l’Autorité de la concurrence, et dont l’Informé a obtenu copie, l’association s’insurge contre les futurs tarifs facturés par l’opérateur historique pour l’utilisation de ses infrastructures. L’autorité de régulation, chargée d’encadrer l’évolution de ces montants, a autorisé deux augmentations pour 2024 en raison de l’inflation. Une décision jugée « injustifiée et dangereuse » par l’Aota.
Une première hausse concerne la location de 734 000 kilomètres de fourreaux enfouis sous terre dans lequel passe le vieux réseau téléphonique (et désormais la fibre optique), un héritage de l’ancien monopole France Télécom. Pour emprunter ce chemin et arriver dans les entreprises, tous les opérateurs alternatifs doivent s’acquitter d’un droit de passage variable en fonction des zones géographiques traversées (denses, moyennement dense…) ainsi que de la longueur et du diamètre de la ligne. La somme, versée chaque mois et pour chaque abonné, doit augmenter de 16 % en mars 2024. Inadmissible selon l’association, qui rappelle les préconisations de Bruxelles d’étaler cette hausse sur au moins deux ans, voire trois. « À l’instar de la Commission, l’Aota invite expressément l’Arcep à amender ses projets de décisions pour corriger les graves risques qu’elles font peser pour la vitalité concurrentielle du marché entreprises et collectivités. »
Un second coup de chaud concerne le réseau cuivre. Il s’agit cette fois des derniers mètres reliant les entreprises et les foyers à Internet grâce à la prise en forme de T, nécessaire à la technologie ADSL. L’Arcep a autorisé Orange à gonfler ses tarifs de 10,04 à 11,27 euros par ligne et par mois cette année. Une inflation « non seulement injustifiée au regard des confortables revenus d’Orange sur le cuivre, mais plus grave encore dangereuse pour l’attractivité des offres commercialisées par les opérateurs alternatifs à destination des clients non encore fibrés », à écouter l’Aota. Selon ses calculs, l’ex France Télécom a déjà perçu au total « tout au long de ces 20 dernières années près de 40 milliards d’euros, (...) une rente extrêmement profitable y compris dans un contexte de migration vers la fibre optique ». Elle demande donc la séparation du groupe entre son réseau d’infrastructure d’un côté et la commercialisation de ses offres de l’autre. Un vœu pieux jusqu’ici. L’association tacle au passage le gendarme des télécoms, incapable selon elle d’avoir fait émerger ces dernières années « une concurrence dynamique » sur le marché des entreprises contrairement à celui des particuliers avec l’arrivée de Free Mobile. Orange reste donc l’acteur dominant - avec plus de 60 % - loin devant SFR Business Team et Bouygues Telecom, bien décidé à se faire une place grâce à plusieurs acquisitions réalisées ces dernières années.
Pour l’heure, l’Arcep n’a pas répondu à cette lettre. L’autorité fête ses vœux le 23 janvier. Des vœux qui risquent de se faire sous haute tension.