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Continuer la lectureAprès Angell et Cowboy, Rebirth lorgne En Selle Marcel, K-Ryole et Bee’s
À la tête de cette entreprise de Saint-Lô, Grégory Trebaol veut poursuivre sa razzia sur un marché du cycle en petite forme.

S’il était sur un vélo, on dirait qu’il met un gros braquet. Rares sont les dossiers de marques ou d’enseignes de vélo en mauvaise santé que Grégory Trebaol ne regarde pas depuis plusieurs mois. Le patron-fondateur du groupe Rebirth (ex-Easybike), qui exploite notamment les marques Peugeot, Gitane, Matra et Solex, vient de déposer une offre de reprise sur K-Ryole. Ce fabricant de remorques et de chariots porte-palettes à assistance électrique pour la logistique urbaine à vélo, est en redressement judiciaire depuis fin août, après avoir notamment perdu un contrat avec Amazon, et subi une baisse d’activité avec La Poste.
L’industriel Rebirth, basé à Saint-Lô (Manche), se dit prêt à débourser 150 000 euros pour acquérir K-Ryole et ses 22 derniers salariés. Mais deux autres candidats se sont aussi positionnés. Tout d’abord, Juan de la Torre, dirigeant de la filiale américaine de K-Ryole, épaulé par le fonds d’investissement de Nouvelle-Aquitaine, Ardev, et de plusieurs dirigeants (Serge Dugas, Alain Tingaud, Alix de Sagazan, Gilles Bertrandias). Il propose de verser 80 000 euros pour repartir avec 13 salariés.
Ensuite, un actionnaire très minoritaire de K-Ryole, revient sur le dossier avec un prix de cession de 100 000 euros et une promesse de réembauche de 10 salariés. Il s’agit de Patrick Bouchard (groupe de métallurgie Dis-Siam), qui avait déjà tenté de racheter K-Ryole au début de ses difficultés financières.
Mais l’appétit de Grégory Trébaol ne se limite pas seulement à K-Ryole. Il a aussi envie de croquer En Selle Marcel et ses 9 magasins de vélos à assistance électrique, principalement situés à Paris. Cette chaîne est une filiale du distributeur parisien d’articles de sport Lepape, qui a été placé sous procédure de sauvegarde début juin. En Selle Marcel viendrait grossir un pôle distribution/commerce dans lequel Rebirth a incorporé cet été les 8 gros magasins Ovelo, rachetés discrètement à la barre du tribunal de commerce de Fréjus. « L’idée est d’en garder 1 ou 2 sous cette marque et de faire passer les autres sous notre enseigne Vélo & Oxygen », explique Grégory Trebaol à l’Informé. Vélo & Oxygen est un réseau qui compte une centaine de points de vente en France. Tous indépendants, mais vieillissants, ils faisaient partie de la corbeille récupérée par Rebirth lors du rachat en 2024 de l’usine Cycleurope, assembleur et distributeur des vélos Peugeot, à Romilly-sur-Seine, dans l’Aube. L’industriel aurait aussi l’intention de passer sous pavillon Vélo & Oxygen les 20 franchises de location de vélo à assistance électrique Bee’s, dans le quart sud-est de la France, dont le franchiseur a été placé en redressement judiciaire en juin dernier. Grégory Trebaol a déposé une offre, et il devrait être fixé mi-octobre. « Dans un marché du cycle qui continue de ne pas bien se porter, à - 30 % à fin septembre 2025, j’ai une approche de résistance », explique l’entrepreneur à l’appétit d’ogre.
En effet, la marque bruxelloise de vélos électriques Cowboy, elle aussi au bord du gouffre, pourrait passer dans le giron du groupe français, comme Le Figaro l’a révélé. « Il y a une multitude d’actionnaires à consulter. Nous avons signé un pré-accord le 4 août pour une acquisition de 80 % du capital. Nous devrions être fixés d’ici 15 jours ou 3 semaines », annonce Grégory Trebaol. Et il est prêt à mettre le prix pour relancer la marque. Pas moins de 15 millions d’euros. Grâce à son actionnaire Nicolas Oltramare. Mi-2021, ce financier suisse avait permis au groupe (qui s’appelait encore Easybike), de sortir de deux ans de redressement judiciaire en échange de 42 % au capital.
Depuis, Rebirth a enchaîné plusieurs rachats (Lejeune, Velcan, Coleen, T-Sur, Docto-vélo, Clean Energy Planet), qui sont loin d’avoir tous donné leur pleine mesure. Son patron revendique un chiffre d’affaires de 72 millions d’euros. Et un peu plus de 100 millions si le deal est conclu sur Cowboy. Avec Cowboy, Rebirth s’offrirait la possibilité d’augmenter les volumes de production de son usine Cycleurope de Romilly-sur Seine. Cet outil vieillissant assemble des vélos Cowboy depuis mars 2025, suite à une relocalisation de la fabrication depuis la Hongrie. L’usine vient aussi de récupérer deux lots d’un appel d’offres de La Poste et la confirmation, par Peugeot, de la prolongation de sa licence. C’est aussi là que la marque Angell, un ancien concurrent de Cowboy, pourrait être relancée. Rebirth contrôle en effet la société depuis peu, après avoir racheté la majorité des actions à son fondateur, Marc Simoncini. Mais la production est en stand-by, car Angell est depuis des mois l’objet d’un conflit avec l’un de ses actionnaires, le groupe SEB, qui montait ces vélos dans une de ses usines, en Côte d’Or.