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Continuer la lectureLe Campus Cyber sollicite de nouveau les fonds de Bpifrance
Cette structure lancée par Emmanuel Macron à la Défense doit aussi trouver d’autres financements privés après la défection de plusieurs locataires.

Nouveau président et nouveaux projets pour le Campus Cyber. Arrivé en juin, Joffrey Célestin-Urbain, récemment nommé président de ce lieu phare des compétences tricolores en cybersécurité, prépare un nouveau plan d’affaires pour se développer. Il est accompagné dans son initiative par une nouvelle directrice générale, Farida Poulain, dont l’arrivée a été officialisée lundi 29 septembre. Située dans la tour Eria du quartier de la Défense (Hauts-de-Seine), cette structure, impulsée par Emmanuel Macron, a été inaugurée en 2022. Elle est contrôlée par l’État aux côtés de plus de 137 actionnaires de la sphère privée (Orange, Bull, Safran, Thales, Hermès…) mais aussi publique (SNCF, La Poste, la Française des jeux…).
Financée par les loyers de ses locataires et l’organisation d’événements, la société Campus Cyber a pu aussi compter sur plusieurs aides dont 1,52 million d’euros de subvention d’exploitation pour la seule année 2024 (contre 1 million d’euros en 2023). Mais la part versée par la région Île-de-France ne sera pas renouvelée en 2026. « Il s’agissait d’une subvention d’investissement pour le lancement du Campus, pour aider à l’aménagement des lieux dédiés aux PME et start-up. Il n’était pas prévu qu’elle soit reconduite », confirme Joffrey Célestin-Urbain à l’Informé. De son côté, la banque publique d’investissement (Bpifrance) avait accordé un soutien à hauteur de 4,3 millions d’euros étalés sur quatre ans, qui arrive lui aussi à terme au début de l’année prochaine. Mais selon nos informations, le nouveau dirigeant compte négocier une nouvelle aide auprès de l’institution dirigée par Nicolas Dufourcq.

Pour l’heure, les montants réclamés sont encore gardés secrets. La direction finalise une nouvelle roadmap et son prochain business plan. « Il va y avoir des discussions avec l’État placées sous le signe de la bienveillance, puisque le campus est un outil majeur de la stratégie nationale de la cybersécurité, poursuit le président. Il faudra définir le montant de soutien attendu et surtout les activités d’intérêt général concernées ». Le cap stratégique a déjà été présenté à l’assemblée générale des actionnaires : accompagner des start-up, initier davantage de rapprochements entre les acteurs de la cybersécurité. « Nous voulons aussi faire venir des fonds de confiance français et européens pour qu’ils puissent avoir des entrées dans l’écosystème et financer plus facilement la croissance de nos entreprises ». Autre sujet dans le viseur : faire de ce lieu un endroit clé pour faire émerger des champions nationaux. « On veut aussi travailler sur la consolidation de petits acteurs français, excellents sur des niches, mais qui ne se regroupent pas. Le Campus Cyber peut être l’endroit pour discuter de mariages, de rapprochements de produits, etc. »
Avec un chiffre d’affaires en hausse de 7,6 % l’an dernier à 24,5 millions d’euros, l’entreprise a pu compter sur l’ouverture d’une annexe qui, depuis 2023, accueille une école, une brasserie et un studio télé. Mais elle a aussi perdu des locataires en fin d’année dernière avec l’arrivée à terme des premiers baux. « Certains acteurs ont réduit la voilure pour différentes raisons parfois liées à des difficultés économiques ou à des contrats qui ne sont pas rentrés ». Résultat : une baisse des revenus locatifs est attendue cette année. Plus largement, le lieu est à la fois victime de la perte d’attractivité de la Défense et, depuis la crise du Covid, du développement du télétravail. Le taux de vacance des surfaces de bureaux du quartier est passé de 5 % avant la crise à 13,9 % au dernier trimestre de 2024 (jusqu’à 16 % en 2023). « Ce qui m’intéresse aujourd’hui est de consolider la base, et de faire entrer de nouveaux résidents, explique Joffrey Célestin-Urbain. Nous avons un très bon taux de location de la tour, au-dessus de 90 %, mais c’est un indicateur de performance parmi d’autres. Ce qui m’intéresse, ce sont autant les mètres carrés loués, que les mètres carrés habités. Nous avons la capacité d’accueillir près de 6 000 experts, associés de près ou de loin au campus. Mon but est qu’ils viennent plus souvent ».

Et d’ajouter : « Le Campus Cyber doit trouver son autofinancement. Aujourd’hui, il est assuré par l’immobilier. Demain, l’idée est de trouver d’autres revenus grâce à de nouveaux services qu’il faut développer ». Concrètement il s’agit d’élargir les événements à des thématiques nouvelles : IA, quantique, lutte contre la manipulation d‘information, etc. « J’anticipe un nouveau momentum, après une première moitié d’année de transition, même si on ne peut pas dire que le Campus Cyber ait calé. Cela a déjà commencé avec l’arrivée de nouveaux acteurs et plusieurs marques d’intérêt toutes récentes », conclut-il.