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Continuer la lectureLes Échos agacé par les débauchages de la Tribune
La filiale de CMA Media vient de recruter deux journalistes du quotidien économique en pleine réorganisation. Ces départs sont mal perçus en interne et ravivent les tensions entre ces deux titres détenus par les milliardaires Bernard Arnault et Rodolphe Saadé.

Un coup rude pour les Échos. En pleine réorganisation, le quotidien économique dirigé depuis ce printemps par Christophe Jakubyszyn, vient de se faire chiper deux journalistes par son concurrent la Tribune, a appris l’Informé. Il s’agit en premier lieu de Vincent Truffy, chef d’édition très impliqué dans la refonte en cours du journal économique du groupe LVMH. « Il connaît pas mal de secrets internes, c’est une grosse prise de guerre », se désole une plume des Échos. « Ce mouvement est très surprenant car il venait d’être promu » , indique un autre. Le second débauchage concerne Pauline Jacot, responsable du podcast Les grandes histoires de l’éco.
Ils ont été recrutés par Lucie Robequain, candidate malheureuse à la direction de la rédaction des Échos, partie ensuite diriger la Tribune en juin dernier. La nouvelle directrice a fait cette annonce cette semaine dans un message interne : « Tous deux devraient être parmi nous courant novembre. On avance ! »
Ces mouvements crispent un peu plus les relations entre les deux groupes. Pierre Louette, PDG du groupe Les Échos - Le Parisien avait déjà peu goûté les propos tenus en interne par Lucie Robequain et rapportés par la Lettre : « je ne rejoins pas la Tribune pour singer la concurrence mais pour entreprendre tout ce que les Échos ne savent pas faire : devenir le média de l’époque ». Le quotidien craint maintenant que d’autres journalistes suivent. Selon nos informations, Pierre Louette a même averti qu’il était prêt à en découdre si le cas se présentait. « Ces menaces doivent faire trembler Rodolphe Saadé (propriétaire de la Tribune) ! se moque-t-on dans l’autre camp. Je rappelle que Les Échos font l’éloge de l’économie de marché tous les jours et ne peuvent donc pas se plaindre quand la concurrence joue à plein. »
Entre le rachat de la Tribune en 2023 pour 27,5 millions d’euros, suivi du lancement de l’hebdomadaire la Tribune Dimanche, et la reprise de BFM-RMC cette année, la famille Saadé, à la tête de l’armateur CMA CGM, affiche de grandes ambitions dans les médias. L’objectif est de développer des passerelles entre les rédactions de la presse écrite et de la télévision. De quoi relancer la bataille face au quotidien économique de référence qui voit le retour de son ancien meilleur ennemi. « Ils sont inquiets car avec Saadé comme actionnaire, notre journal retrouve des moyens importants, juge-t-on en interne. D’ailleurs, LVMH achète des pages de publicité dans le Journal du Dimanche mais je n’en ai pas vues dans la Tribune dimanche ».
Pour les Échos, ces mauvaises nouvelles surviennent après une année 2023 durant laquelle l’entité Les Échos SA (qui édite le quotidien papier et le site web) a vu sa perte nette se creuser de 19 %, à 150 000 euros malgré une hausse du chiffre d’affaires de près de 2 %, à plus de 95 millions d’euros. À fin juillet, le titre affichait des ventes en kiosque de 4 452 exemplaires en moyenne, en baisse de 9,7 % sur un an, selon les dernières données de l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (ACPM). La diffusion numérique s’établissait à 78 467 copies, en progression de 6,4 % et les abonnements papiers à 22 300 (-9,3 %).
Contactés, Les Échos n’ont pas souhaité faire de commentaire tandis que son concurrent n’avait pas répondu au moment de la publication.