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Continuer la lectureLe trouble business de Sonia Tlev, créatrice du Top Body Challenge
Sur les réseaux sociaux, l’influenceuse distille, depuis Dubaï, ses conseils sportifs et diététiques à plus de trois millions d’abonnés. Un business lucratif… qui intrigue le fisc et laisse un goût amer à d’anciennes collaboratrices.

Un nouveau départ pour une nouvelle année ? Le 4 janvier dernier, l’influenceuse Sonia Tlev, star du fitness sur les réseaux sociaux, annonçait au 1,9 million d’abonnés de son compte Instagram @soniatlevfitness un grand changement : elle reviendra à Paris en septembre prochain, après deux ans passés à Dubaï. Certains verront dans ce retour le signe classique du mal du pays. D’autres, une drôle de coïncidence. Car, en juin dernier, le fisc français a ordonné des raids dans plusieurs sociétés de la sportive et de son compagnon*.
La raison ? Bercy la soupçonne d’évasion fiscale : une partie de son activité utiliserait des moyens situés dans l’Hexagone (salariés…) et serait déclarée non en France mais à Dubaï, réduisant ainsi le montant d’impôts à régler. Dans un premier temps, le couple mis en cause a contesté ces raids, avant de se rétracter le 20 décembre dernier. Mais son entourage assure à l’Informé qu’aucun redressement fiscal ne lui aurait été notifié… et l’entrepreneuse compte d’ailleurs conserver un bureau à Dubaï si l’on en croit ses récentes déclarations. Sans oublier son appartement « pour [ses] vacances l’hiver ❄️ ».

Si Bercy s’intéresse à Sonia Tlev, c’est que son petit business de la minceur commence à peser lourd. En 2014, la pro des abdos a créé le Top Body Challenge, un programme d’entraînement sportif à suivre chez soi. Au fil des ans, le « TBC » a connu un tel succès que la communauté de l’influenceuse a explosé : elle rassemble aujourd’hui plus de 2,6 millions d’abonnés sur Instagram et 530 000 followers sur Facebook. Des réseaux sociaux, Sonia Tlev est même passée au petit écran en participant à la saison 4 de l’émission de téléréalité Mamans et célèbres sur TFX. Une notoriété grandissante que la vedette, de son nom de naissance Nabila Boudoukha, a su transformer en or, multipliant les sociétés.
Dès 2015, l’une d’elles, Bikini Mission Possible, lui permettait déjà d’empocher un million d’euros de dividendes, avant même que sa notoriété n’atteigne les sommets actuels. Et si la femme d’affaires continue de vendre ses conseils fitness et diététiques (environ 60 euros les PDF Top Booty Abs ou Sèche classique 2024), elle a su se diversifier loin de son domaine d’origine. Pour faire fructifier son business, Sonia Tlev a ainsi créé, en 2020, deux marques de cosmétiques avec son partenaire, le chirurgien esthétique Cédric Kron. La première, Liaderma, propose des produits anticellulite quand la seconde, Evalia, réunit divers peelings, crèmes et autres soins du visage désincrustants.
Communication ambiguë
Mais la gestion de ces marques peut surprendre. Pour leur donner toutes leurs chances, Sonia Tlev a souvent parlé de ces gammes sur ses réseaux sociaux, vantant leur efficacité. Le hic ? Elle a omis dans un premier temps d’indiquer qu’elle et son compagnon possédaient KSC, la société qui exploite Liaderma et Evalia. D’anciennes salariées confirment sa volonté de ne « pas faire de lien publiquement » entre elle et ses marques. Dans ses publications promos, dont certaines sont encore visibles sur ses réseaux ici ou encore là, l’influenceuse se posait en simple ambassadrice des produits. Pire encore : sur Trustpilot, quand beaucoup de consommateurs déçus témoignaient de leur surprise de découvrir que la société lui était rattachée, la société Liaderma répondait qu’elle n’appartenait « en aucun cas au conjoint de Sonia Tlev », cette dernière n’étant qu’une simple « ambassadrice ».

Notons que, dans leurs mentions légales initiales, les sites renvoyaient bien vers la société KSC, détenue à parts égales par Sonia Tlev et Cédric Kron via sa holding Keac. Plus tard, la société Liaderma modifiera ses mentions légales, renvoyant vers une société dubaïote nommée « Liaderma LLC ». Un « bug », nous indique l’entourage de Sonia Tlev, qui précise que la marque a toujours été exploitée et vendue par la société KSC. De fait, l’entrepreneuse, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, a finalement reconnu sur ses réseaux être à l’origine des marques, comme l’a relevé le compte Instagram Vos Stars en réalité. Aujourd’hui, le site de Liaderma est officiellement en « maintenance », celui d’Evalia Paris brade l’ensemble des produits à 10 euros.

Ambiance de travail « toxique »
Au-delà de ses pratiques d’influenceuse, Sonia Tlev est également mise en cause pour son management. Plusieurs personnes interrogées par l’Informé se souviennent avec amertume de leur passage dans l’une de ses sociétés, dénonçant une ambiance de travail « toxique » et une confusion permanente entre vie personnelle et professionnelle. « J’étais son larbin », se rappelle une ancienne salariée, qui va jusqu’à comparer la dirigeante à un « tyran ». « Elle me parlait très mal, me mettait une énorme pression ». D’autres évoquent une forte sursollicitation, des appels en soirée, le week-end ou encore les jours fériés. Plus nuancée, une ancienne employée se souvient d’une « personnalité forte, avec du caractère », mais relativise la situation : « il faut avoir le mental solide dans le milieu ».
Dans un autre registre, une dernière témoin reste gênée, enfin, de l’attitude de Sonia Tlev vis-à-vis de sa communauté. Si sur ses réseaux, l’influenceuse s’adresse à son audience de façon affectueuse, multipliant les « mes beautés », « ma team » et autres « mes bombes », dans la réalité, selon cette ex-collaboratrice, la jeune femme serait moins bienveillante. « Elle parlait de ses abonnées comme des « grosses », disait que lors des bootcamps (ndlr : séances de sports collectives) qu’elle comptait organiser elles allaient vouloir la toucher et que ça la dégoûtait. » Des propos fermement démentis par l’entourage de l’influenceuse.
*Les sociétés françaises concernées : BIKINI MISSION POSSIBLE S.A.S. ; KSC S.A.S. ; SPFPL SAS KEAC HOLDING ; KEAC S.C.I.