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Continuer la lectureUMIH : le président Thierry Marx face à une fronde de restaurateurs
Certains membres du syndicat majoritaire dans le secteur déplorent l’activité publicitaire intense de leur représentant.

Au sein de l’UMIH, principal syndicat de la restauration, la grogne monte face au président Thierry Marx. La raison ? Les multiples prestations du chef pour Picard, Lidl ou encore Hénaff passent de moins en moins bien. Un courrier envoyé à une soixantaine de présidents départementaux du syndicat, consulté par l’Informé, souligne que « de nombreuses interrogations ont émergé concernant les campagnes publicitaires » lors d’un webinaire organisé par le président de la branche restauration, Franck Chaumes, le 27 janvier dernier.
Durant cet événement, des membres s’étaient émus d’une dernière séquence jugée choquante : un reportage sorti dans le magazine LSA, peu avant le Sirha, le salon de l’hospitalité et de la restauration à Lyon, mettait en scène Thierry Marx vantant les mérites de Picard aux côtés de la responsable marketing de l’enseigne. « Picard propose plus de 300 produits à moins de 3 euros », insistait l’article tout en présentant une bûche glacée labellisée par le chef pour les fêtes de fin d’année.
Ces opérations « brouillent le message et les combats que nous menons quotidiennement pour défendre la restauration indépendante et nos adhérents », assure le courrier adressé aux dirigeants de l’UMIH. Au point d’arriver au conflit d’intérêts ? « Ces engagements commerciaux l’empêchent-ils de porter un discours ferme contre la grande distribution et l’industrialisation de la restauration » interroge la missive.
Signée par le président de l’UMIH 47, Adrien Pedrazzi, elle aurait le soutien d’autres membres… «je suis le seul à signer à ce stade afin de protéger contre des représailles les nombreux présidents qui se posent des questions légitimes », précise le frondeur. Selon nos informations, certains responsables du syndicat, surtout dans le sud de la France, soutiennent l’initiative mais craignent de perdre leur poste en cas d’opposition frontale. Stéphane Manigold a précédemment été exclu de l’UMIH après plusieurs altercations avec son président. Contacté, le syndicat assure avoir pris note de ces questions, et « indique que des réponses seront apportées dans le strict cadre et respect de nos statuts et de nos instances. »
Derrière cette manifestation de défiance envers le chef Thierry Marx se joue aussi la bataille de l’assurance mutuelle du secteur. Depuis la hausse de 67 % à l’été 2022 du tarif de la mutuelle principale du secteur, gérée par Klesia et Malakoff Humanis, le marché est désormais éclaté. Klesia et Malakoff n’assureraient plus que 250 000 adhérents contre 450 000 en 2022. Toujours allié à l’Umih mais sans Klésia et Malakoff, le courtier Colonna en a récupéré 25 000 en partenariat avec la Mutuelle Générale avec désormais le soutien de Marx. Il marque aussi des points progressivement avec une nouvelle offre appelée Umih Vitalité, lancée en 2024 directement par le syndicat, qui a monté sa propre société de courtage pour le faire : Umih Courtage.
Cette structure juridique est aussi la cible des attaques. Dans une lettre adressée cette fois aux commissaires aux comptes, les frondeurs interrogent la légalité de cette structure - et notamment le fait que l’UMIH ait utilisé ses locaux, son directeur général et d’autres moyens pour la lancer, ce qui ne serait pas conforme à ses statuts.
En plus du président de l’UMIH, ces critiques déstabilisent de facto l’offre de mutuelle challengeant la proposition majoritaire de Klesia et Malakoff Humanis
L’hôtellerie est néanmoins en train de suivre la même voie : selon nos informations le syndicat hôtelier GNC étudie une nouvelle offre ad hoc de mutuelle pour les entreprises de plus de 100 personnes, toujours avec le broker Colonna, sachant que l’offre actuelle Umih Vitalité concerne seulement les entreprises de moins de 100 personnes. « Nous sommes comme l’UMIH, nous souhaitons disposer d’une mutuelle qui respecte des critères de transparence, de concurrence et de gouvernance » explique Jean-Virgile Crance, le président du GNC.
Le syndicat hôtelier GNC, allié à l’UMIH depuis 30 ans, serait-il aussi en train de prendre ses distances ? Il vient selon nos informations de dénoncer la convention qui le liait financièrement à l’UMIH pour partager le temps de travail de certains salariés, notamment en matière juridique, à hauteur de 300 000 euros par an. Ce que dément partiellement le président du GNC (groupement national des chaînes hôtelières), Jean-Virgile Crance. « À ce jour, rien n’a changé. Nous soutenons Thierry Marx qui est quelqu’un de médiatique ce qui est plutôt un atout pour nous » assure l’élu de ce syndicat auquel adhère notamment le géant Accor.
Contacté, Thierry Marx nous a envoyé cette réponse par SMS : « À ma connaissance « la fronde » que vous évoquez se résume au courrier d’une seule personne. Nous avons bien pris connaissance de ce courrier. Sachez qu’il sera apporté toutes les réponses aux questions posées. Cela sera fait dans le strict cadre et respect des statuts et instances de l’Umih.»