L'abonnement à l'Informé est à usage individuel
Un autre appareil utilise actuellement votre compte
Continuer la lectureRégime drastique pour WeightWatchers en France
La concurrence de Comme J’aime ou des médicaments anti-obésité plombent l’activité du groupe américain. Il prévoit d’arrêter l’activité de ses trois filiales tricolores.

Ces derniers temps sur le site de WeightWatchers, on frôle l’indigestion de promotions. Un programme minceur bradé à 10 euros par mois, un rabais de 50 voire 75 % pour tout abonnement de 12 mois… À quelques semaines des vacances d’été, tout est bon pour appâter le client. Une affaire ? Pas si sûr, car selon nos informations, le groupe vient de communiquer à ses salariés français un projet de cessation « totale et définitive d’activité » de ses trois entreprises œuvrant dans l’Hexagone. Un plan de sauvegarde de l’emploi en cours de validation devrait toucher l’ensemble des salariés de WW France, WW Operations France et WW.fr. Des structures qui réunissent environ 200 personnes au total, pour un chiffre d’affaires estimé d’une soixantaine de millions d’euros, en recul de 10 % sur un an selon nos estimations.
Contacté par l’Informé, le siège américain de WW (nom officiel du groupe depuis 2018) donne quelques précisions. « Dans le cadre d’un examen continu des opérations commerciales mondiales, nous allons cesser les ateliers WeightWatchers en personne dans les studios en France, à compter du samedi 8 juin. (…) », explique la direction, faisant référence aux fameuses réunions de membres organisées avec des coachs maison. « Nous continuerons à proposer des ateliers virtuels, ainsi que nos programmes numériques livrés par l’intermédiaire de l’application WeightWatchers, offrant aux membres français la possibilité de passer à un abonnement uniquement numérique, complète la maison mère. Cette décision difficile aura un impact sur tous les employés français et nous nous engageons à soutenir chacun d’entre eux tout au long de cette période de transition. »

Mais la cure d’amaigrissement promet d’être bien plus sévère que quelques fermetures de studios. D’après des documents consultés par l’Informé, l’arrêt progressif total des activités et le licenciement économique de l’ensemble des salariés par départs échelonnés ont bien été évoqués. Un nouveau coup dur pour les équipes, déjà bousculées il y a peu : en 2022, deux des filiales tricolores ont connu des plans de sauvegarde de l’emploi touchant une dizaine de personnes dans chaque cas, avant que, l’an dernier, la vente de produits alimentaires en ligne ne soit stoppée.
L’activité de licence alimentaire en France n’est pas affectée pour le moment.
La marque ne disparaîtra toutefois pas demain. Les abonnements numériques, principale source de revenus de l’entreprise, sont maintenus – même s’il est permis de se demander qui gérera l’application, faute d’équipes dédiées en France - et les produits siglés WW resteront accessibles en supermarchés. En partenariat avec divers industriels, le pro des régimes propose en effet des plats cuisinés, barres de céréales petit-déjeuner et autres biscuits apéritifs sains, tous notés A ou B au Nutri-Score. Une activité de licence annexe qui, pour la France, ne sera « pas affectée pour le moment » nous a indiqué la maison mère.
Le pionnier des programmes minceur traverse une période des plus difficiles : à l’échelle mondiale, son chiffre d’affaires a reculé de 14,5 % en 2023, à 890 millions de dollars, pour une perte nette de 112 millions de dollars. Il doit non seulement faire face à une concurrence XXL - en France, il a vu naître Comme J’aime et une myriade d’autres box alimentaires - mais il subit, aussi, l’émergence de médicaments anti-obésité et anti-diabète (tels l’Ozempic ou le Wegovy de Nordisk ou le Mounjaro d’Eli Lilly) parfois présentés comme des remèdes miracle. Des traitements qui boostent les valorisations des labos… mais plombent les spécialistes des régimes. Nouvelle adepte de ce type de produits anti-obésité, la célèbre présentatrice américaine Oprah Winfrey a décidé en mars dernier de ne pas demander le renouvellement de son mandat d’administratrice de Weight Watchers. Dans la foulée de cette annonce, le titre de l’entreprise, déjà sérieusement malmené depuis deux ans, s’est effondré de 18 % à la bourse de New York.
La diversification ratée de Comme J’aime
À la télévision, impossible d’échapper au matraquage publicitaire des régimes Comme J’aime, concurrents de WeightWatchers. Depuis 2010, cette PME créée par Bernard Canetti propose des box de repas minceur à recevoir chez soi. Forte de son succès, elle a tenté en 2020 une diversification dans un domaine connexe en rachetant le réseau de centres minceur Efféa. La quarantaine de centres est alors devenue des Studio Comme J’aime, où sont proposées des cabines de soins, un coaching personnalisé, des programmes de rééquilibrage alimentaire, etc. Objectif longtemps affiché ? Atteindre 200 centres en 2024. Mais fin 2023, la société Studio Comme J’aime a été placée en liquidation. Depuis, les centres de soins sont revendus un par un à des instituts de beauté locaux.