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Continuer la lectureLe champion des taxis à hydrogène Hype en procédure de sauvegarde
Offre professionnelleDans une filière où les faillites se succèdent, le spécialiste du taxi zéro émission est en conflit avec d’anciens partenaires. Et bascule progressivement vers la batterie.

Hyvia (groupe Renault), McPhy (Bpifrance, EDF)… ces dernières semaines, les faillites se succèdent dans l’écosystème de l’hydrogène vert. Dans un récent rapport, la Cour des comptes pointe d’ailleurs les errements d’une stratégie gouvernementale d’une filière « irréaliste », l’émiettement des subventions, ainsi que la faiblesse des infrastructures de recharge. À tel point que les déboires touchent désormais des entreprises de services, comme Hype qui se présente comme « la plus grande flotte de taxis à hydrogène du monde ». Pionnière, l’entreprise dirigée par Mathieu Gardies avait lancé à partir de 2015, lors de la COP21, ses premiers véhicules fonctionnant à l’hydrogène dans les rues de Paris. Grâce à un partenariat avec Toyota, elle affirme compter depuis 2024 une flotte de 700 taxis Mirai, aisément reconnaissables à leur carrosserie bleue.
Mais face, d’une part, à une filière hydrogène qui a du mal à décoller et, d’autre part, à des contentieux persistants avec ses partenaires, l’entreprise a demandé l’ouverture d’une procédure de sauvegarde. Ce que le tribunal des affaires économiques de Paris lui a accordé fin mai, selon nos informations. Ce dispositif permet l’ouverture d’une période d’observation de six mois, renouvelable une fois. Période pendant laquelle Hype peut poursuivre ses activités avec une suspension de ses créances tout en les renégociant avec l’appui d’un administrateur judiciaire. Ce dernier aura fort à faire car les tensions sont vives avec HRS (Hydrogen Refueling Solutions), un fabricant français de stations de ravitaillement en hydrogène, qui avait participé à la levée de fonds de 20 millions d’euros réalisée en 2021 par Hype. Le climat est également orageux avec HysetCo, son ancienne filiale de fourniture d’hydrogène soutenue par TotalEnergies et Air Liquide.
À l’origine, ces deux « majors » furent les premiers sponsors de Hype, avant de se brouiller avec Mathieu Gardies. Les deux entreprises ont pris leur indépendance en 2022, mais le spin-off s’est très mal passé, en partie parce qu’HysetCo ne se contente plus de distribuer de l’hydrogène dans ses stations : il propose aussi à la location une flotte de véhicules à hydrogène devenant ainsi un concurrent direct de Hype. Et last but not least, HysetCo conserve depuis cette époque un contrat de maintenance des taxis Hype. « Des désaccords avec ses fournisseurs autour de prestations non exécutées et de factures non payées ont dérivé en contentieux judiciaires, indique un proche du dossier. Hype conteste l’échéancier et le périmètre des factures qui lui ont été présentées, et tout cela va se négocier dans les prochains mois sous l’égide du tribunal de commerce. »
Avec HRS, Hype a rompu en début d’année son contrat de fourniture et il a obtenu des saisies conservatoires à hauteur de 4,8 millions d’euros sur ses comptes bancaires. Le constructeur français de stations de ravitaillement en hydrogène a répliqué « immédiatement en initiant une action judiciaire portant sur le non-respect par Hype Assets de ses engagements contractuels et visant à obtenir le paiement du solde des factures impayées par la société Hype Assets pour un total de 13,6 millions d’euros. » Résultat : les stations commandées par Hype n’ont pas été livrées.
Un front similaire se dresse contre HysetCo : Hype a résilié les contrats de location-gérance avec son ancienne filiale ainsi que les contrats d’entretien de la flotte qui avaient été imposés au moment du spin-off en 2022. « Les manquements observés par Hype sont multiples, rapporte une source au sein de la société. Les salariés faisaient remonter leurs difficultés d’accès aux équipements HysetCo, les voitures étaient entretenues avec beaucoup de retard ce qui nuisait à l’exploitation du service. » Le prix de l’hydrogène affiché dans ses stations est aussi perçu comme excessif.
« Ce n’est pas fondé juridiquement, a rétorqué Loïc Voisin, le président d’HysetCo, dans les colonnes de Challenges. Hype ne payait plus ses factures depuis de nombreux mois. Nous déplorons une ardoise importante. Nous avons donc été contraints de cesser nos prestations et d’engager des poursuites judiciaires. » En quête d’un nouveau départ Hype organise désormais une bascule de sa flotte vers des véhicules à batterie, considérant l’écosystème de l’électrique plus mature que celui de l’hydrogène. Il vient ainsi d’annoncer un partenariat avec l’opérateur de bornes Electra pour recharger ses taxis et avec le loueur de flottes Urban COD pour plusieurs dizaines de Tesla d’occasion.
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