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Continuer la lectureL’enquête pour corruption oblige Enedis à se réorganiser sur le terrain
La résiliation des contrats de quatre de ses prestataires informatiques conduit le gestionnaire du réseau électrique à suspendre de nombreux consultants.

L’enquête sur les soupçons de malversations survenues au sein du pôle Nex’Us continue de provoquer des répliques chez Enedis. En marge des investigations menées par le Parquet national financier (PNF), dévoilées par l’Informé, le groupe présidé par Marianne Laigneau poursuit son ménage en interne. Après les deux vagues de procédures disciplinaires engagées en 2024 et 2025 contre des salariés possiblement impliqués - dix personnes travaillant à Nanterre et neuf autres à Lyon - la filiale de distribution d’électricité d’EDF a ainsi suspendu en avril quatre de ses fournisseurs de services SI (systèmes d’information), ainsi que nous l’indiquions dans nos colonnes. Avec des conséquences directes sur les équipes de terrain : selon nos informations, une centaine de consultants en mission chez le distributeur d’électricité ont ainsi été sommés de rendre immédiatement leurs badges et leurs outils informatiques.
De quoi provoquer une certaine désorganisation des services concernés, de multiples postes étant soudainement vacants. Après quelques semaines de flottement, la situation commence cependant à rentrer dans l’ordre : une partie des consultants, notamment ceux qui travaillaient comme indépendants dans les sociétés suspendues, ont pu reprendre leur tâche après avoir été rattachés à d’autres fournisseurs référencés par l’entreprise.
Le distributeur d’électricité a également lancé un autre chantier : la réorganisation du pôle chargé de l’expertise et la maintenance des systèmes communicants opérés par Enedis, comme le compteur Linky, où se sont déroulées les pratiques litigieuses. La refonte, qui pourrait prévoir un changement d’appellation, devrait être achevée cet été. Pour autant, l’affaire a marqué les esprits et sérieusement entamé la confiance envers le management. Selon les extraits de l’enquête annuelle interne « MyEDF » sur le climat social interne, relayée par le syndicat CFE Unsa Énergie des fonctions centrales, seuls 31 % des agents du pôle Nex’Us faisaient confiance aux décisions de leur management en 2024, contre 55 % l’année précédente. Et si 48 % disent rester optimistes sur l’avenir de leur entité, ils sont 33 % de moins à le penser qu’en 2023.
Les mesures prises par Enedis pour revoir ses pratiques internes et prouver sa « tolérance zéro vis-à-vis de tout acte illégal et répréhensible susceptible d’impacter ses valeurs de service public » - ainsi que nous le précise le groupe - ont cependant suscité quelques questionnements : le besoin de sanctionner les responsables des dérives fait l’unanimité, à condition qu’ils le soient tous et de façon proportionnée à leur implication. « Nous avons interpellé la direction sur l’équité des sanctions, en insistant pour que l’ensemble de l’affaire soit traité et qu’il n’y ait pas de passe-droit, notamment pour les cadres de direction », pointe ainsi le syndicat CFE Unsa Énergies dans une information adressée aux salariés. Toujours en cours, les procédures disciplinaires engagées contre les salariés impliqués du site lyonnais d’Enedis « devraient se terminer à l’été », indique l’organisation syndicale.
Le sujet reste également très surveillé au sein de la maison mère EDF. Le groupe public a ainsi entamé des investigations dans ses équipes et relevé de leurs fonctions en avril quatre anciens salariés d’Enedis travaillant désormais pour le programme Vision 2035 au sein de la division numérique de la direction de la production nucléaire et thermique (DPNT). Plusieurs contrats de fournisseurs ont aussi été dénoncés par le groupe public. À noter, bien que sans lien direct avec cette affaire, le tout dernier rapport de contrôle de l’Agence française anticorruption (AFA) sur la bonne tenue des procédures de contrôle contre la corruption ou le trafic d’influence dans le groupe a pris une autre dimension : nul doute que les zones de faiblesses dans la compliance pointées par l’agence vont être regardées par le top management avec encore plus d’attention.
Notre dossier complet sur l’affaire Enedis
► Soupçons de corruption et de favoritisme : l’affaire s’emballe chez Enedis
► Corruption et détournement chez Enedis : l’affaire rebondit chez EDF
► Soupçons de corruption chez Enedis : un premier fournisseur identifié
► Enedis : l’enquête sur les soupçons de corruption met les syndicats en porte-à-faux
► Enedis : des fournisseurs liés à Linky au cœur de l’enquête pour corruption
► Perquisition chez Enedis : le parquet financier soupçonne des salariés de corruption