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Continuer la lectureSoupçons de corruption et de favoritisme : l’affaire s’emballe chez Enedis
La filiale d’EDF engage des procédures disciplinaires contre plusieurs managers et dépose une deuxième plainte au Parquet national financier. Les équipes informatiques en charge du compteur Linky sont dans le viseur.

Rebondissement majeur dans l’affaire de corruption qui secoue Enedis depuis mi-2024. Selon nos informations, l’enquête sur des faits de détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêts, favoritisme, recel et blanchiment imputables à des salariés vient de connaître une brusque accélération en interne. Une seconde vague de procédures disciplinaires a été engagée fin mars à l’égard de neuf collaborateurs. Cette mesure, confirmée à l’Informé par l’entreprise, s’ajoute à une première vague effectuée l’été dernier à l’encontre de dix salariés, dont plusieurs avaient été sanctionnés dans la foulée. L’entreprise nous précise avoir également déposé « une nouvelle plainte contre X auprès du Parquet national financier (PNF) qui a décidé d’ouvrir une enquête de police ». Ce sont donc désormais deux plaintes que les magistrats financiers vont devoir examiner sur des faits ayant eu lieu dans l’entité Nex’Us, spécialisée dans l’expertise et la maintenance des systèmes communicants comme le compteur Linky. Une enquête préliminaire avait été ouverte par le PNF en 2024, à la suite d’une alerte d’Enedis et d’un signalement de l’administration fiscale.
Dans les couloirs du groupe, le sujet occupe toutes les conversations. L’ampleur de cette deuxième série de procédures disciplinaires et le profil des salariés concernés laissent penser que le dossier s’avère plus conséquent qu’imaginé au départ. Car à la différence de la première vague, ce « coup de filet » interne cible aussi la strate managériale. Sur la dizaine de collaborateurs, deux au moins ont occupé des fonctions de directeur dans l’état-major de la DSI. La nature des malversations et le calendrier se précisent également : certains des salariés interrogés lors de l’audit précédent sont à nouveau sur le gril et les pratiques illicites pourraient s’être étalées sur plusieurs années.
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L’embarras au sein de la filiale d’EDF est à la hauteur de l’énergie déployée depuis un an pour faire le clair sur ces malversations. Selon nos informations, en plus des investigations menées dans les équipes de la DSI, le distributeur d’électricité a également commencé un grand ménage du côté de ses prestataires, en résiliant ce mois-ci les marchés passés avec plusieurs d’entre eux, possiblement impliqués. « Enedis a décidé de mettre un terme aux contrats de quatre prestataires de services SI dont certaines pratiques ne respectaient pas les règles de conformité applicables », confirme l’entreprise à l’Informé, rappelant « que les prestataires auxquels [elle] fait appel, doivent se conformer aux règles de bonne conduite et de conformité applicables des affaires ».
Investigations chez EDF aussi
Et si la société dirigée par Marianne Laigneau assure « qu’elle condamne très fermement toute action illégale pouvant porter atteinte à l’activité et à l’image de l’entreprise » et « pratique une tolérance zéro vis-à-vis de tout acte illégal et répréhensible susceptible d’impacter ses valeurs de service public », l’ampleur prise par cette affaire témoigne cependant de l’insuffisance de ses systèmes d’alerte et de contrôles internes.
Sa maison mère EDF ne prend d’ailleurs pas le sujet à la légère. À l’initiative du secrétariat général du groupe public, des investigations ont aussi été menées chez l’énergéticien pour s’assurer que des pratiques analogues n’ont pas été « importées » dans ses murs depuis sa filiale. Or, fin mars, quatre salariés de la division numérique de la direction de la production nucléaire et thermique (DPNT) ont été relevés de leurs fonctions, ainsi que le révélait notre article du 22 avril. Tous étaient des anciens de la DSI d’Enedis et désormais employés au sein du programme Vision 2035, chargé de la transformation numérique du SI de la direction chargée du parc nucléaire.
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