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Continuer la lectureLa dirigeante de l’Alliance avec Nissan et Mitsubishi quitte Renault
La collaboration entre le constructeur français et ses deux partenaires japonais, revue à la baisse en 2023, se recentre désormais sur les seuls projets de production déléguée pour les marchés étrangers.

L’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi n’a plus le vent en poupe et un nouvel indice vient le montrer. Selon nos informations, un personnage clé, en poste depuis 20 ans au sein de l’Alliance et de Renault, quittera le groupe fin novembre : il s’agit de la secrétaire générale de la holding de pilotage du partenariat, Véronique Sarlat-Depotte. Un premier signe de son éviction avait été perçu lors du remaniement du comex du constructeur au losange, début septembre : elle n’avait pas été retenue dans la « leadership team » mise en place par le nouveau directeur général François Provost. C’est d’ailleurs ce dernier qui reprendra ses fonctions en direct, Véronique Sarlat-Depotte n’étant pas remplacée à son poste.
Créée par Carlos Ghosn en 1999, quand Renault et Nissan multipliaient les projets industriels en commun, avant d’être rejoints par Mitsubishi, l’Alliance a fait les frais de l’éviction brutale, fin 2018, du tout-puissant dirigeant des trois groupes. Elle a finalement été sauvegardée par un accord des trois groupes conclu en novembre 2023, au terme de plusieurs années de négociations acharnées menées par Jean-Dominique Senard, le président du conseil d’administration de Renault. Le constructeur automobile de Boulogne-Billancourt a dû s’engager à réduire sa participation dans Nissan (35 % du capital aujourd’hui, dont 18 % logés dans un trust de défaisance) et les projets de développement technologiques et industriels en commun ont été abandonnés. Le partenariat s’est retrouvé ensuite réduit à la portion congrue, car les achats groupés auprès de fournisseurs et les projets d’ingénierie partagés ont été progressivement abandonnés.

« L’Alliance se recentre désormais sur des projets plus concrets, comme le partage de plateformes », confirme un proche du dossier. Et, pour le coup, une véritable avancée dans ce domaine a été confirmée ces derniers jours, avec l’officialisation de la production, à l’usine Renault de Douai, de deux modèles 100 % électriques fabriqués pour les deux partenaires japonais à destination des marchés européens. La toute nouvelle Nissan Micra utilisera la plateforme AmpR Small utilisée par la R5, tandis que la Mitsubishi Eclipse Cross, dévoilée le 17 septembre dernier, utilisera l’AmpR Medium de la Scenic et de la Megane.
Même réduite à cette sous-traitance, l’Alliance Operating Board est maintenu et reste présidé par Jean-Dominique Senard. À la suite du départ de Véronique Sarlat-Depotte, une nouvelle organisation, plus légère, va être mise en place. Cette réduction de voilure est aussi liée aux difficultés de Nissan : le constructeur de Yokohama, déjà très endetté, a accusé une perte abyssale de 4,1 milliards d’euros pour son dernier exercice, clôturé fin mars. Son nouveau patron, le Mexicain Ivan Espinosa, a annoncé une restructuration drastique, y compris au Japon, avec 20 000 licenciements et la fermeture de sept usines dans le monde d’ici à 2027. « Nissan a lancé un plan de redressement, il faut attendre d’en voir les résultats », indique une source chez Renault, qui tient à laisser la porte ouverte à un éventuel retour, à l’avenir, de projets communs.
