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Continuer la lectureLasers : ce projet qui doit permettre à Lumibird de sortir de la Bourse
Coté depuis bientôt cinq ans, ce champion européen de près d’un millier de salariés est né du rapprochement entre les entreprises Keopsys et Quantel en 2017. Il reste majoritairement contrôlé par son dirigeant Marc Le Flohic.

Le 21 octobre dernier, Lumibird recevait la visite du ministre délégué à l’industrie Marc Ferracci sur le plateau de Lannion, dans les Côtes d’Armor. Un passage sous les projecteurs pour la pépite bretonne des technologies lasers à l’heure où celle-ci travaille, dans l’ombre, à un vaste projet destiné à redéfinir les contours de ses activités. Selon nos informations, elle ambitionne de céder sa filiale Lumibird Medical, née en 2020 de la fusion de trois entités spécialisées dans les équipements de diagnostic et de traitement pour l’ophtalmologie : Quantel Medical, Ellex et Optotek. Mandatée par le dirigeant fondateur Marc Le Flohic, la banque d’affaires JP Morgan a récemment envoyé le mémorandum d’information aux potentiels acquéreurs, confirment plusieurs sources.
L’an dernier, le périmètre en question a affiché 102,8 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 18,6 millions d’Ebitda (en croissance de plus de 8 % par rapport à 2022). « L’excédent brut devrait vraisemblablement avoisiner 20 millions d’euros cette année, ce qui laisse présager d’une vente comprise entre 250 et 300 millions d’euros », souffle un professionnel du secteur. Une estimation plus basse que les premières prévisions (proches de 350 millions), mais se rapprochant des multiples des dernières transactions opérées sur ce marché, comme le rachat du français Amplitude Laser par le fonds de la famille princière du Liechtenstein L-Gam, en 2019. À ce stade, des industriels comme l’israélien Lumenis seraient intéressés. Une flopée de fonds tournent aussi autour de l’actif, à l’image d’Ardian, d’EQT et d’Agic, certains mentionnant aussi l’intérêt d’Astorg, de PAI Partners, d’Archimed ou bien encore de Bridgepoint.
Les raisons de ce projet de cession ? Selon plusieurs sources, Marc Le Flohic, aujourd’hui détenteur de près de 51 % du capital, chercherait à utiliser le produit de cette vente pour racheter les parts des actionnaires minoritaires et, in fine, retirer Lumibird de la Bourse. Coté sur le compartiment B d’Euronext depuis bientôt cinq ans, le groupe se recentrerait donc sur sa division Lumibird Photonics, dont les lasers sont utilisés dans l’industrie, la défense et le spatial ou bien encore au sein du monde scientifique. Ambitieux, ce fleuron industriel de l’Ouest a déjà obtenu un financement bancaire de plus de 100 millions d’euros le mois dernier (la moitié devant lui servir à financer des acquisitions) et annoncé dans la foulée le rachat de la gamme de « lasers nanoseconde » sous marque Continuum à son concurrent Amplitude Laser. En 2023, l’activité photonique de Lumibird a généré 100,8 millions d’euros de chiffre d’affaires (en croissance de 7,8 %) pour un Ebitda de 15,9 millions.
En 2021, la société avait franchi un cap dans la défense en entrant au capital du fabricant de lasers militaires Cilas. Mais coincée entre Safran et MBDA, la PME bretonne aurait finalement souhaité se désengager, comme l’avait évoqué La Lettre. À la suite de cet article, elle avait indiqué que sa principale préoccupation n’était plus sa position capitalistique dans Cilas mais le besoin de consolider avec lui un partenariat technologique et industriel fort.
Contacté, Marc Le Flohic n’a pas répondu. JPMorgan, Lumenis et les fonds n’ont quant à eux pas souhaité commenter.