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Continuer la lecturePrimark dépasse le milliard de chiffre d’affaires en France
L’enseigne compte désormais 28 magasins dans l’Hexagone. Mais elle est sous la menace de la loi anti fast fashion qui se prépare.

Le rouleau compresseur Primark continue sur sa lancée. Lors de son exercice 2024, clos fin août, l’enseigne de mode à petit prix a poursuivi sa marche en avant, avec une progression de ses ventes de 15,7 % dans l’Hexagone, selon nos informations. Si ce rythme est en très léger ralentissement par rapport à l’année précédente (+16,3%), la performance reste de haut vol. Et, symboliquement, l’entreprise d’origine irlandaise a dépassé le milliard d’euros de chiffre d’affaires en France (passant de 890 millions à 1,03 milliard très exactement l’an dernier), notamment grâce à l’ouverture de nouveaux magasins. Sa rentabilité est elle aussi en hausse, avec un résultat net de 15,5 millions d’euros contre 12,9 millions un an plus tôt. Preuve, s’il en était besoin, que les marques de fast fashion sont très en forme et taillent des croupières aux enseignes du secteur textile installées depuis longtemps comme Kiabi, Zara ou H&M.
À l’inverse de la plateforme d’origine chinoise Shein qui n’est présente qu’en ligne, Primark a fait le choix de très grands magasins, véritables usines à vendre. Lors de son dernier exercice, l’entreprise en a ajouté trois de plus à son parc tricolore (Nantes, Grenoble et Rouen, tous ouverts en l’espace d’un mois fin 2023), pour monter à 27 unités. En moyenne, chaque point de vente génère donc 38 millions d’euros de chiffre d’affaires, un montant synonyme de très gros volumes compte tenu du prix unitaire très bas des articles, avec des t-shirts, robes, chaussons et autres bricoles vendus une poignée d’euros. Et ce n’est pas fini : la chaîne a ouvert un nouveau magasin à Tours en décembre et inaugurera Montpellier cet été, Caen cet automne et Troyes en 2026. De quoi augurer un nouvel exercice record. Déjà, la maison mère de Primark, Associated British Foods, a annoncé une progression des ventes de 5 % en France sur le premier trimestre de son exercice 2025.
Zone d’ombre sur la mode à petits prix
Le dynamisme de Primark détonne puisque le secteur de l’habillement et du textile n’a progressé en valeur que de 0,1 % en 2024 selon le bilan 2024 de l’Institut Français de la mode. Le net ralentissement de l’inflation n’a pas suffi à relancer les ventes.
Des questions de réglementation pourraient toutefois venir gripper la machine Primark. Une proposition de loi, baptisée loi anti fast fashion, devrait être examinée au Sénat la semaine du 19 mai après avoir été déjà validée en mars 2024 à l’Assemblée nationale. Sauf nouveau coup de théâtre. L’examen du texte a été repoussé une fois et ses défenseurs ont toujours peur qu’il soit vidé de sa substance sous l’action des lobbyistes.
Shein comme Primark craignent de subir des malus financiers qui doivent être appliqués en fonction du score environnemental des vêtements vendus. De quoi déstabiliser un modèle économique axé sur les petits prix, par ailleurs décrié pour les conditions de production des articles et leur impact sur la planète. En novembre 2024, Paul Marchant alors directeur général de Primark (il vient de démissionner de son poste en raison d’un comportement inapproprié envers une femme) avait défendu la stratégie commerciale de l’enseigne en indiquant qu’il était possible d’être éthique en produisant en Asie. « Si vous avez les bons partenaires » et « les bonnes protections, mesures et contrôles, (...) je ne vois pas pourquoi votre chaîne d’approvisionnement ne serait pas fiable », avait-il déclaré, ajoutant transporter ses produits par bateau et non par avion, ne pas vendre en ligne, préparer ses collections plus d’un an à l’avance, et ne pas faire de stocks. Autant de critiques adressés en creux à Shein. Contactée, la direction de l’enseigne n’avait pas répondu à nos sollicitations au moment de la publication.
