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Continuer la lecture« Non fait maison » sur la carte : le texte du député Richard Ramos relance la polémique
L’Informé a consulté la nouvelle proposition de loi déposée par l’élu du Loiret pour imposer une signalétique aux restaurateurs. Ces derniers sont très divisés.

À quoi ressembleront les menus de nos restaurants cet été ? Le débat continue de faire rage dans l’hémicycle comme en cuisine. Le 18 mars dernier, les syndicats de la restauration avaient eu la peau de la proposition de loi du député Renaissance Christopher Weissberg imposant sur les cartes l’ajout de mentions « fait maison » - simplement autorisée depuis 2014 - et « non fait maison ». Le texte avait été retiré in extremis, à seulement 48 heures de son passage en commission des affaires économiques. Le député Modem Richard Ramos remet aujourd’hui le couvert puisqu’il devrait déposer mi-avril une nouvelle proposition de loi comme l’indiquait samedi la République du Centre. L’Informé a pu la consulter.
« Nous devons défendre avec ferveur les savoir-faire de nos cuisiniers et cuisinières qui, chaque jour, régalent nos papilles dans les 179 000 restaurants français », assure l’élu du Loiret, avant de préciser : « Nous portons cette proposition de loi permettant de mentionner clairement sur les cartes des restaurants, et sur les plateformes de vente en ligne, la mention « non fait maison », pour tout plat non préparé sur place ». Seule souplesse accordée, « la mention « non fait maison » peut également être remplacée par une information portant sur les conditions d’élaboration du plat servi ». Seraient concernés les commerces de bouche comme les boulangeries et boucheries-charcuteries, mais aussi les restaurateurs y compris en ligne.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces derniers sont très divisés sur le sujet. « Personne ne communique sur un élément négatif ! fulmine auprès de l’Informé Joël Mauvigney, à la tête de la Confédération générale de l’alimentation de détail. Ça n’a pas de sens. Je crois que M. Ramos ferait mieux de s’occuper d’autres sujets. » La puissante Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) s’oppose aussi à la proposition du député. « On va rencontrer Richard Ramos pour lui exposer notre point de vue, assure Franck Chaumès, le président de la branche restauration de l’UMIH, parce qu’on est d’accord sur le fond, mais il y a ici un problème de forme. » Et le restaurateur bordelais de menacer : « On va se battre contre le « non fait maison » et on a des soutiens chez les députés. On ne peut pas nous imposer des choses en permanence. »
Cette ligne fait toutefois débat au sein du syndicat. Comme en a eu écho l’Informé, une cinquantaine d’adhérents se sont écharpés pendant plus de deux heures vendredi 29 mars lors d’une réunion en visioconférence. Alors que Franck Chaumès estimait que qu’il ne devait pas y avoir d’obligation sur la nourriture comme il y en a sur le tabac et l’alcool au prétexte que la nourriture ne tue pas, un participant a répliqué : « C’est vrai, Buitoni il n’y a pas eu de morts LOL*. » En interne, plusieurs voix estiment que la direction du syndicat est influencée par le poids des grosses chaînes de restaurants adhérentes comme Accor, tandis que le groupe Bertrand pèse lourd chez son allié le Groupement des hôtelleries et restauration (GHR).
« On a l’impression qu’on nous a fait un 49.3 », a ensuite protesté un autre opposant interne. « Mais pourquoi vous ne faites pas au moins un sondage comme cela avait été évoqué lors du dernier conseil d’administration de l’UMIH ? » Ce à quoi Franck Chaumes, a rétorqué : « où est l’intérêt d’élire un président si on fait un référendum dès qu’il y a un débat ? ». À défaut d’un vote interne, l’UMIH est tout de même en train de préparer un sondage qui sera envoyé à ses 29 000 adhérents et aux 10 000 adhérents du syndicat GHR. Les restaurateurs seront interrogés sur leur pratique, et notamment sur le nombre de plats « faits maison » qu’ils proposent sur leur carte.
*En 2022, deux enfants étaient morts après avoir mangé des pizzas Buitoni infectées à la bactérie E Coli.