L'abonnement à l'Informé est à usage individuel
Un autre appareil utilise actuellement votre compte
Continuer la lectureEn pleine zone de turbulences, Pylones fait la chasse au gaspi
Frappée par une baisse de la fréquentation touristique et la concurrence de l’e-commerce, la chaîne de magasins spécialisée dans les petits objets pas chers a basculé dans le rouge.

Avec ses « objets pop et design » aux couleurs bariolées, l’enseigne Pylones se définit comme un « créateur de sourires ». Créée en 1985 par Jacques et Léna Guillemet - qui sont toujours aux commandes - Pylones a ouvert sa première boutique en 1987 à Paris, avant d’essaimer en dehors de la capitale. Elle compte aujourd’hui une cinquantaine de points de vente en France et une trentaine hors de l’Hexagone (Italie, Allemagne, Belgique, Suisse, Émirats arabes unis, etc.). Très visible dans de nombreux centres-villes et zones touristiques du monde entier, cette marque positionnée sur les petits cadeaux et les produits plaisir (bagagerie, bijoux, textile, gadgets) avait déjà vacillé suite au Covid.
Maintenant elle est frappée de plein fouet, d’une part, par la baisse de la consommation et des flux touristiques, et, d’autre part, par la concurrence grandissante de l’e-commerce et notamment des plateformes asiatiques Temu et Shein. Tous ces facteurs pèsent sur le dynamisme de l’entreprise. Avec 33,9 millions d’euros de chiffre d’affaires en France en 2024, ses ventes accusent un recul de 8 % par rapport à 2019, dernière année de référence pour les acteurs du commerce qui ont beaucoup souffert entre ces deux dates (Covid, guerre en Ukraine…). Le résultat d’exploitation, qui était supérieur à un million d’euros, est passé dans le rouge l’an dernier avec une perte de 100 000 euros. Et les projections 2025 ne sont pas fameuses : Pylones devrait accuser un million d’euros de pertes d’exploitation. Selon nos informations, à fin avril, ses ventes en France étaient encore en repli de 3 % dans ses boutiques sur un an. Une baisse certes contenue mais son activité de distribution auprès de partenaires (Relay, boutiques de musées, etc.) et de grossistes - qui représente 10 % de son chiffre d’affaires -, a chuté de 20 % dans le même temps.
Pour consolider son activité et encaisser ces turbulences, un vaste « plan d’action de redressement » vient d’être lancé. Ce programme d’économies et d’optimisation des charges vise à compenser des dépenses récurrentes (transport, logistique, électricité, loyers). Au siège de Colombes (Hauts-de-Seine), l’heure est à la chasse au gaspi. Achats, coûts de transport, baux commerciaux, nombre de livraisons mensuelles en entrepôt : tout ce qui peut faire l’objet d’une renégociation ou d’une rationalisation est scruté. Les dépenses de communication et de merchandising sont passées au rabot. Un effort est même demandé aux designers qui collaborent avec Pylones. L’entreprise leur a proposé une baisse exceptionnelle - limitée dans le temps - de leurs droits d’auteur. En ce qui concerne les collaborateurs du groupe, les déplacements professionnels sont réduits au strict nécessaire et les réunions en visioconférence sont largement encouragées. En matière de ressources humaines, l’enseigne veut préserver l’emploi avec un passage en activité partielle (avec une réduction du temps de travail de 40 % au maximum) et va l’accompagner de formations et dispositifs de renforcement des compétences…
Dans les boutiques, l’heure est également à la rationalisation des investissements lors des nouvelles ouvertures, avec, le cas échéant, la réutilisation systématique du mobilier existant. Certaines gammes de produits sont supprimées, et, comme il n’y a pas de petites économies, les pochettes cadeaux seront désormais payantes. Pour Pylones, l’objectif de tous ces efforts est d’arriver, en théorie, à une réduction des dépenses de 5 % d’ici un an, pour se rapprocher de l’équilibre. Et puis, l’entreprise retrouvera aussi de l’oxygène lorsqu’elle aura fini de rembourser un prêt garanti par l’Etat (PGE) de 6 millions d’euros qui, pour le moment, pèse sur ses comptes et l’empêche de financer certains projets. Outre un regain de tourisme dans la capitale post-jeux Olympiques, qui figure au premier rang des motifs d’espoir pour l’enseigne, elle envisage d’ouvrir quatre nouvelles boutiques en 2025, dont un point de vente à Paris Gare du Nord sur lequel Pylones mise beaucoup. Il y a encore deux ans, son ambition était d’atteindre à moyen terme le nombre symbolique de 100 points de vente en France et à l’international. Elle devra peut-être patienter encore un peu pour retrouver des couleurs.
Contactée, l’entreprise n’a pas répondu à nos questions.