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Continuer la lectureHuawei perquisitionné par le Parquet national financier
La filiale française de l’équipementier chinois fait l’objet d’une enquête préliminaire pour « atteinte à la probité ».

L’année aurait pu mieux débuter pour Huawei. À quelques jours du Nouvel An Chinois, les bureaux français du groupe de Shenzhen ont reçu la visite des enquêteurs du Parquet national financier (PNF) ce mardi 6 février, a appris l’Informé. « Cette perquisition a été réalisée dans le cadre d’une enquête préliminaire pour des faits d’atteinte à la probité », indique une source judiciaire, qui ne souhaite pas donner plus de détails.
Les atteintes à la probité couvrent toute une série d’infractions pénalement sanctionnées, qui vont de la corruption au détournement de fonds publics en passant par le favoritisme. Contacté à plusieurs reprises, Huawei n’a pas répondu à nos sollicitations. La multinationale est déjà confrontée à la loi sur la sécurité nationale interdisant aux opérateurs télécoms SFR et Bouygues Telecom de conserver dans certaines zones les antennes mobiles lors du passage à la 5G. Plusieurs États, dont la France, soupçonnent Pékin d’espionnage ou de sabotage au travers de ces infrastructures critiques.
Depuis cette loi de 2019, le chiffre d’affaires de l’équipementier télécoms, présent en France depuis 20 ans, a lourdement chuté passant de 1,4 milliard d’euros cette année-là à 992 millions d’euros en 2022. Cela n’a pas empêché le groupe d’investir dans l’Hexagone en créant sa première usine hors de Chine, à Brumath, au nord de Strasbourg. Entamé l’an dernier, ce chantier devrait s’achever en 2026 pour un budget de l’ordre de 200 millions d’euros. À cette occasion, l’entreprise doit toucher des aides (800 000 euros) de la région Grand Est sur fond de polémique. Mais le PNF n’a pas souhaité préciser si l’enquête préliminaire portait sur ce sujet.
Cette usine placée sous la présidence de Enshuo Liu créera 500 emplois. Dans ses démarches, la société a pu compter sur l’aide de Jacques Biot, son lobbyiste et président du conseil d’administration, ainsi que sur Jean-Marie le Guen, administrateur de la filiale française. « Je ne suis pas au courant d’une perquisition, vous me l’apprenez », nous a indiqué l’ancien député socialiste.
Présent également dans la recherche en intelligence artificielle, Huawei a lancé son laboratoire au Centre Joseph-Louis Lagrange à Paris. Ouvert à l’automne 2020, cette création avait suscité l’opposition d’un collectif de scientifiques. Il appelait les chercheurs en mathématique et informatique à ne pas y participer, dans une tribune publiée dans le Monde. La raison ? La participation de la société via ses « outils de surveillance mis en place par le gouvernement chinois partout en Chine, et tout particulièrement dans la région autonome du Xinjiang, majoritairement peuplée par des ethnies non-han, en particulier les Ouïgours ou les Kazakhs, de religion musulmane. »
Comme l’avait noté la Lettre, deux instituts ont également reçu de l’argent de la multinationale chinoise : l’Institut des hautes études scientifiques (IHES) et l’Institut Louis Bachelier (ILB).