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Continuer la lectureFCDE retente de vendre sa pépite Bertin Technologies (instrumentation industrielle)
Les actionnaires de ce groupe de mille collaborateurs présent dans les secteurs de la défense, du nucléaire, de l’environnement, du spatial et de la santé vont tenter de solder leur participation, après un premier échec fin 2024.

Bertin Technologies est probablement l’une des plus belles lignes du portefeuille du Fonds de consolidation et de développement des entreprises (FCDE), la société de gestion fondée par Benoît Sellam en 2009. Ses revenus ont plus que doublé depuis sa prise de contrôle en décembre 2021, à près de 200 millions d’euros pour un Ebitda proche de 30 millions, en fournissant à ses clients des composants, des équipements et des systèmes de mesure et d’observation utilisés dans de nombreux secteurs de pointe. Un moment jugé idéal par l’investisseur pour solder sa participation majoritaire, acquise trois ans plus tôt avec l’aide de BNP Paribas Développement auprès de l’équipementier industriel français CNIM.
Le processus de vente a été confié à Rothschild & Co (Transaction R), chargé d’organiser une enchère dans les prochains mois, a appris l’Informé. Un projet qui, en dépit des qualités intrinsèques de l’actif, n’a rien d’évident. Fin 2024, la banque avait déjà tenté d’approcher plusieurs fonds. Sagard, Latour Capital et Astorg Mid-Cap avaient regardé le dossier, sans toutefois aller au bout. Le nom de Chequers avait aussi été évoqué par certains. Mais la diversité des activités de ce groupe d’un millier de salariés a été un frein. Ce géant multitâches développe des solutions pour les marchés de la défense, du nucléaire, de la santé et de la chimie : entre autres, il conçoit des composants et des systèmes optiques ou optroniques, mais crée aussi des équipements de laboratoire dédiés à l’industrie pharmaceutique ou de gestion de déchets hospitaliers, et fournit des réseaux de capteurs pour la protection de zones et d’infrastructures sensibles (une dernière activité liée à sa filiale suédoise Exensor, dont une partie du chiffre d’affaires est aujourd’hui tirée par la guerre en Ukraine).
« Les fonds doivent penser à comment vendre cet ensemble hétérogène et la réponse est compliquée, estime un proche du dossier. Les concurrents de Bertin Technologies sont nombreux mais positionnés sur chacune des business units. Aucun d’entre eux n’est intéressé par le groupe dans sa totalité. » Une vente par appartement pourrait donc être décidée, avec le risque de perte de valeur globale intrinsèque à ce genre de découpe. Par ailleurs, le fait qu’une partie de la croissance soit liée au conflit ukrainien est un frein pour nombre de fonds, quand bien même le contexte géopolitique devrait faire les affaires du groupe. »Il est aussi difficile pour Rothschild & Co de relancer un processus après avoir perdu plusieurs candidats quelques mois auparavant », souligne un financier.
L’entreprise ne manque pourtant pas d’atouts. Dirigée par Bruno Vallayer, elle a affiché une croissance organique de plus de 10 % par an depuis 2020. Elle a aussi mené plusieurs acquisitions en Europe, dont une dernière d’envergure en début d’année portant sur le tchèque VF Nuclear, un fabricant de systèmes de radioprotection et de surveillance des rayonnements. Un tiers de ses 200 collaborateurs sont détachés directement auprès des centrales nucléaires tchèques de Dukovany et Temelin, et slovaques. Principalement basé en France, Bertin Technologies possède des filiales en Europe (Allemagne, Italie, Royaume-Uni, Suède, Finlande, République Tchèque, Slovaquie) ainsi qu’aux Etats-Unis et en Asie.