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Continuer la lectureGrand Frais : Ardian relance la vente de sa participation et en espère plus de 4 milliards
Le fonds de la place Vendôme a pris le contrôle de la principale entité du GIE de l’enseigne en 2017. Gourmand, il a déjà tenté de la céder à deux reprises, sans succès.

Jamais deux sans trois. Après une première tentative en 2021, puis une autre il y a tout juste deux ans, révélée dans nos colonnes, Ardian revient sur le marché pour tenter de revendre sa participation majoritaire dans Prosol, la société gestionnaire des rayons fruits et légumes des magasins Grand Frais. Mais cette fois-ci, le fonds de la place Vendôme a décidé de changer son fusil d’épaule pour ses conseils financiers, a appris l’Informé. Le co-mandat Amala Partners (dont le patron Jean-Baptiste Marchand détient une petite part du capital de Prosol)/Morgan Stanley a laissé place à un attelage composé de JPMorgan et de la boutique londonienne Zaoui & Co. Avec un objectif : trouver un acheteur aux reins suffisamment solides pour l’enseigne, dont la valorisation pourrait être comprise entre 4 et 5 milliards d’euros.
La plupart des grands fonds d’investissement mondiaux scrutent le dossier, mais avec prudence. « Tout le monde considère l’actif comme très séduisant, mais la gouvernance de Grand Frais - un GIE constitué de trois entités, dont Prosol - freine toujours les ardeurs », explique un gérant de fonds. Cette spécificité était déjà à l’origine des écarts de prix entre acheteurs et vendeurs lors des derniers processus de vente. En 2021, une demi-douzaine d’offres d’investisseurs anglo-saxons avaient été proposées, allant jusqu’à 3,2 milliards d’euros. Mais Ardian n’en avait pas voulu, persuadé que sa pépite en valait davantage.
En 2023, rebelote, avec des offres relativement proches de celles émises deux ans plus tôt. « La gourmandise du vendeur, qui en voulait au moins 3,5 milliards, et l’inflation provoquée par la guerre en Ukraine, n’avaient pas aidé la vente », estime un banquier. Mais aujourd’hui, Ardian veut croire en sa bonne étoile. Il faut dire que Prosol est sortie renforcée de la période de forte inflation. Des hausses de prix ont pu être passées sans encombres par l’entreprise fondée par Denis Dumont (toujours au capital) et elle a mis la main l’an dernier sur le rayon boucherie de Grand Frais en Ile-de-France, Novoviande, à l’issue de discussions houleuses. Elle afficherait un Ebitda de l’ordre de 400 millions d’euros cette année, certains évoquant même un chiffre de 500 millions visé pour l’exercice fiscal prenant fin au 30 septembre 2026.
Le deuxième gros morceau du GIE de Grand Frais, Euro Ethnic Foods (EEF), est quant à lui détenu par PAI Partners depuis novembre 2020. Comme nous le révélions en mars, le fonds a mandaté Goldman Sachs pour céder sa participation majoritaire. Mais selon nos informations, aucun candidat sérieux n’aurait répondu à l’appel. « Le processus n’en était encore qu’au stade des coffee meeting et il n’ira pas plus loin, faute de réelle traction », croit savoir un proche du dossier. Une version confirmée par plusieurs sources. Advent, en la personne de Nicolas Chavanne (le précédent patron du bureau parisien Michael Ogrinz n’ayant toujours pas été remplacé), aurait notamment été approché. Contactée, PAI Partners n’était pas joignable pour commenter. Sur le papier, EEF a pourtant de quoi séduire. Sa marge est supérieure à celle de Prosol et son dirigeant, Bertrand Nomdedeu (ex-E.Leclerc et General Mills), semble faire l’unanimité auprès des fonds.
Le scénario d’un mariage entre Prosol et EEF reste toujours d’actualité et des conseils œuvrent à le rendre possible. Mais le projet avait déjà été échafaudé ces dernières années, sans qu’il n’aboutisse, Ardian et PAI Partners se renvoyant la balle de l’échec de ces discussions.