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Continuer la lectureFram et Promovacances de nouveau sur le marché
En 2024, un nouveau règlement européen avait contribué à faire capoter la vente des deux voyagistes par le fonds Equistone.

La deuxième tentative sera-t-elle la bonne pour Karavel ? L’an passé, la maison mère des voyagistes Fram et Promovacances devait passer sous le contrôle d’un actionnaire originaire d’Abou Dhabi, Adnec, sorte de conglomérat appartenant au fonds souverain ADQ, présent dans le tourisme et l’évènementiel. Mais l’opération n’a jamais été menée à son terme, en partie pour des raisons réglementaires. Une déception pour l’actionnaire majoritaire de Karavel, le financier Equistone - qui traverse lui-même une période délicate après la levée d’un nouveau fonds très en deçà de ses attentes. Bon gré mal gré, le gérant s’est donc remis en quête d’un acheteur avec l’aide de la banque d’affaires Natixis Partners, a appris l’Informé. Une opération de LBO serait à l’étude une fois de plus, Karavel étant habitué à ce genre de transaction : il en a connu trois depuis sa sortie d’Amadeus, dont deux avec Equistone, en 2007 et en 2018. Les enchères en seraient aujourd’hui au stade du premier tour, avant remise des offres indicatives.
Selon nos informations, si l’adossement de Karavel à Adnec ne s’est pas concrétisé, c’est en partie à cause d’un nouveau règlement européen entré en vigueur fin 2023, le « Foreign subsidies regulation » (FSR). Ce texte prévoit que soient notifiés auprès de la Commission les projets de rapprochement entre une entreprise originaire de l’Union et une société d’un pays tiers dont l’activité est financée au-dessus de certains montants par des « subventions étrangères », pour éviter que cela ne donne à cette dernière un avantage concurrentiel en Europe si elle y fait une acquisition de taille significative. Or, le deal Adnec-Karavel Promovacances tombait sous le coup de cette procédure. Il était même parmi les premiers à être examinés par l’administration européenne au titre du FSR. « Le souci, c’est que tout le monde découvrait sur le tas ce règlement et ne savait précisément interpréter le texte, y compris à Bruxelles - où aucune équipe dédiée n’avait été constituée au départ, souffle un connaisseur du dossier. Six mois après la signature de l’opération, aucune décision n’avait été prise : la situation était assez infernale ! » Les choses traînant en longueur, des voix parmi les parties impliquées dans le deal se seraient élevées pour rediscuter les termes de la transaction, et notamment son prix. « Les chiffres d’activité de la société ont évolué depuis l’époque des négociations », avance une source. De quoi mettre à mal le processus… En septembre dernier, l’entreprise a finalement enregistré le départ de son président-fondateur Alain de Mendonça, un mouvement qui ne semble pas être sans lien avec la fin des discussions. Il était prévu qu’il reste actionnaire de Karavel aux côtés d’Adnec.
À la tête de 1 100 salariés et 150 agences, la société s’approcherait aujourd’hui de 1,3 milliard d’euros de volume d’affaires, un total qui serait en nette progression par rapport au milliard d’euros évoqué en 2023, quand Adnec avait officialisé sa prise de contrôle. L’Ebitda, lui, avoisinerait les 60 millions d’euros. Le groupe semble avoir capitalisé sur la reprise de l’activité touristique après le trou d’air provoqué par le Covid 19, un épisode qui avait conduit Equistone a réinvestir dans la société pour l’aider à passer l’orage. Karavel semble aussi profiter d’une plus faible intensité concurrentielle entre voyagistes, avec notamment la disparition de Thomas Cook en France (liquidé en 2021).