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Continuer la lectureEurazeo se prépare à revendre Carambar & Co (Malabar, Krema, Lutti…)
Sous l’impulsion de son ancienne dirigeante Virginie Morgon, la société d’investissement cotée avait racheté ces emblématiques marques de bonbons à Mondelez en 2017.

Carambar, Krema, La Pie Qui Chante, Terry’s, Michoko, Lutti, Pastilles Vichy, Rochers Suchard, Malabar… en tout onze marques emblématiques de bonbons vont être prochainement mises en vente. Leur propriétaire, Eurazeo, a confié à la banque d’affaires Rothschild & Co, ici représentée par son associé Charles Mussat, le soin de préparer le processus de cession du groupe Carambar & Co, a appris l’Informé. Celui-ci emploie aujourd’hui près d’un millier de salariés. Des industriels et des fonds de private equity devraient se pencher sur ce dossier, qui aura donné des sueurs froides à son actionnaire.
Flashback. En mars 2016, Eurazeo s’impose face à PAI Partners et à l’allemand Katjes (alors encore propriétaire des bonbons Lutti) et entre en négociations exclusives avec le géant américain de l’agroalimentaire Mondelez International en vue de lui reprendre l’ensemble de ces marques, ainsi que cinq usines situées à Blois, Marcq-en-Baroeul, Saint-Genest, Strasbourg et Vichy. Une opération hors-norme qui ne se bouclera qu’en mai 2017, sur la base d’une valeur d’entreprise de 157 millions d’euros. Car le chantier est titanesque : le repreneur nomme une nouvelle équipe de direction sous la houlette de l’ancien patron de Cadbury Jean-Marc Saubade, crée CPK, la holding de tête du groupe, redéfinit les 160 postes qui l’animent, finance de premiers travaux et lance un ambitieux plan marketing…. « Au final, Eurazeo aura même mis près de deux ans pour être pleinement opérationnel. Ce laps de temps a été sous-estimé par Virginie Morgon, à l’origine de ce dossier », estime l’une des têtes pensantes autour de ce projet.
Durant l’été 2018, Carambar & Co avale les bonbons Lutti et conforte sa place de numéro deux tricolore de la confiserie, derrière Haribo. Mais il peine à décoller et, l’année suivante, Jean-Marc Saubade laisse les rênes du groupe à Thierry Gaillard, l’ancien dirigeant d’Orangina Suntory France et Belgique… jusqu’à l’été 2022, où il est lui-même remplacé par Vincent Flouquet, ex-dg de Carte Noir. La mission de ce dernier ne durera que quatre petits mois avant d’être confiée à Marc Auclair, l’ancien président d’Herta. Cette zone de turbulence a fortement perturbé la feuille de route initiale d’Eurazeo. Dans son business plan initial, la société d’investissement misait en effet sur une croissance organique de sa pépite (qui réalisait alors 250 millions d’euros de chiffre d’affaires) de 20 % à horizon cinq ans et sur une marge d’Ebitda de l’ordre de 15 %. Mais en 2024, elle devrait afficher des revenus de l’ordre de 400 millions d’euros (incluant plus de 110 millions de Lutti) et un excédent brut inférieur à 8%, autour de 30 millions d’euros. Une sous-performance même si, d’après nos sources, Eurazeo espère voir l’Ebitda bondir à environ 40 millions (dont une part substantielle provenant encore et toujours des chocolats anglais Terry’s) dès l’année prochaine.
« Marc Auclair a su redresser la barre en revendant l’usine de chocolat Poulain, basée à Blois, à Andros. Il compte aussi mettre en place un ambitieux plan de réduction des coûts », croit savoir un proche du dossier. En 2021, Carambar & Co avait aussi fermé son usine de Marcq-en-Baroeul, qui employait 114 salariés, reclassés dans l’usine historique de Lutti, basée à Bondues.
Contactée, Eurazeo n’a pas souhaité commenter.