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Continuer la lecturePrivate equity : Sagard veut lever jusqu’à un milliard d’euros pour son nouveau fonds
Le financier contrôlé par la famille du milliardaire Paul Desmarais reconstitue sa force de frappe pour cibler des entreprises françaises et italiennes de taille moyenne.

Quel est le point commun entre l’agence d’intelligence économique Adit, le laboratoire pharmaceutique vétérinaire Ceva, le prestataire de services aéronautiques Sabena Technics ou les magasins Grand Frais ? Toutes ces entreprises ont pour actionnaire Sagard, un investisseur bien connu du petit milieu du private equity en France. Contrôlée par la famille du milliardaire canadien Paul Desmarais, la société de gestion cherche à se reconstituer un trésor de guerre pour financer de nouvelles opérations de LBO sur des entreprises non-cotées de taille moyenne. Selon nos informations, elle prépare pour l’an prochain la levée d’un nouveau fonds, Sagard MidCap Europe 5, avec l’objectif d’amasser entre 800 millions et un milliard d’euros. La structure a fait appel à Jasmin Capital comme agent de placement (une banque d’affaires spécialisée dans la levée des fonds).
Sagard avait récolté 830 millions d’euros pour son précédent véhicule, à la clôture de sa commercialisation mi-2022. Mais en réalité, la force de frappe aura dépassé nettement le milliard d’euros. D’abord, un véhicule de réinvestissement de 200 millions d’euros avait été mis en place. Mais surtout, ses souscripteurs avaient co-investi directement au capital des entreprises en plus de ce qu’ils avaient engagé indirectement au travers du fonds - un moyen de payer des frais de gestion inférieurs. A priori, le nouveau fonds aura vocation à bénéficier lui aussi d’une enveloppe de co-investissement.
Cette fois, Sagard se lance alors que l’environnement de levée de fonds reste incertain. Lors du salon IPEM à Paris les 10 et 11 septembre derniers, les grands institutionnels n’ont eu de cesse de rappeler qu’ils attendaient des gérants de fonds une accélération des ventes de participations, condition nécessaire pour retourner de l’argent à leurs souscripteurs… et pouvoir prétendre relever des capitaux pour de nouveaux véhicules. Si la mécanique dépend par définition de la conjoncture économique et de la santé des entreprises, le climat politique du moment en France ajoute un surcroît d’incertitude. Dans ce contexte, Sagard estime ne pas trop mal s’en tirer. « Sur les douze participations qui auront été prises par le fonds levé en 2016, huit ont déjà été cédées pour 3,3 fois l’investissement initial en moyenne, explique l’un des proches de la société de gestion. Par ailleurs, aucune des entreprises dont Sagard est aujourd’hui actionnaire n’a vu son Ebitda diminuer en 2023 et au premier semestre 2024, dans un environnement économique encore difficile. »
Changement notable, ce véhicule aura aussi vocation à devenir actionnaire d’entreprises italiennes, alors que Sagard se concentrait historiquement sur la France. Depuis 2022, l’investisseur compte dans ses rangs un associé chargé de couvrir le marché transalpin, Andrea Bertoncello, aux côtés d’Antoine Ernoult-Dairaine, Saik Paugam, Maxime Baudry et Richard Battey, ses associés historiques.