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Continuer la lectureRenfe veut remplacer la SNCF sur Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon
La compagnie ferroviaire publique espagnole se positionne pour la première fois sur des lignes subventionnées en France. SNCF Voyageurs et Le Train ont aussi remis une offre.

Cette fois, la concurrence est là. En 2020, aucun candidat ne s’était présenté face à la SNCF pour exploiter le Nantes-Bordeaux et la transversale Nantes-Lyon. Aujourd’hui, trois opérateurs ferroviaires ont répondu à l’appel d’offres de l’État pour prendre ce marché, gonflé d’une nouvelle ligne au départ de Nantes, en direction de Lille via Le Mans, Rouen et Amiens. SNCF Voyageurs et la nouvelle compagnie française Le Train, qui ont déjà dévoilé leurs candidatures, sont rejointes par l’entreprise publique espagnole Renfe Operadora, a appris l’Informé. Pour l’instant, les offres sont uniquement indicatives. Les remises définitives sont attendues d’ici septembre pour une décision avant la fin de l’année. Le nouvel exploitant démarrera ses opérations en 2027.
La compétition ne concerne pas des axes à grande vitesse mais des liaisons Intercités qualifiées de « Trains d’équilibre du territoire » (TET). Déficitaires, ces lignes sont néanmoins jugées essentielles à l’attractivité des territoires traversés, comme le Paris-Limoges-Toulouse ou le Paris-Clermont. Le ministère des transports attribue alors une subvention d’exploitation et le matériel roulant, en contrepartie d’engagements de l’opérateur sur les fréquences, les arrêts desservis et les prix du billet. Les lignes TET sont aujourd’hui gérées par la SNCF, mais il est prévu qu’elles soient chacune ouvertes à la concurrence d’ici 2031.
S’il remporte le marché, Renfe n’en sera pas à son coup d’essai en France. Il a lancé le 13 juillet dernier un service de grande vitesse transpyrénéen, qui a transporté près de 300 000 passagers en six mois entre Lyon et Barcelone et entre Marseille et Madrid. Ces deux liaisons se sont déployées au cours de l’été pour atteindre, à partir du mois d’octobre, jusqu’à 28 allers-retours par semaine. Et le leader du marché ferroviaire espagnol ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : il a déjà annoncé vouloir se positionner sur le principal axe de mobilité ferroviaire en France, la liaison à grande vitesse Paris-Lyon, à partir de l’été prochain. Un créneau exploité par son homologue italien Trenitalia depuis décembre 2021.
La compagnie espagnole entend prendre des parts de marché dans l’Hexagone en cassant les prix : on lui doit notamment des billets à 9 euros entre certaines villes du sud de la France (Avignon, Montpellier, Perpignan...) ou à 29 euros pour rejoindre Barcelone depuis Lyon. Un juste retour des choses, penseront certains, puisqu’en mai 2021 la SNCF a attaqué la péninsule ibérique avec un TGV à bas coût entre Madrid et Barcelone, qui a transporté 5 millions de voyageurs en deux ans. Forte de ce premier succès, sa marque « Ouigo España » s’est depuis enrichie de nouvelles liaisons vers Saragosse, Tarragone, Valence, Albacete et Alicante. Elle inaugurera en avril un service de Madrid vers Valladolid, puis en juin vers l’Andalousie.
Du côté de SNCF Voyageurs, l’objectif affiché est de retarder au maximum l’avancée de concurrents sur son marché historique, en se positionnant sur tous les appels d’offres. Au total, une quinzaine de procédures sont prévues en 2024. L’opérateur public attend ces prochains mois l’attribution, par la région Île-de-France, du tram-train T12 (Massy - Évry-Courcouronnes) et du tram T13 (Saint-Cyr-l’École - Saint-Germain-en-Laye) au premier trimestre. La ligne L du Transilien (de Paris Saint Lazare vers Versailles, Cergy-le-Haut et Saint-Nom-la-Bretèche,) sera adjugée à l’automne, tandis que la région Grand-Est attribuera au printemps les lignes TER Nancy-Contrexéville et Bruche-Piémont-Vosges.
Interrogé, Renfe répond que l’entreprise ne « fournit aucune information sur la participation à des projets de ce type ».