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Continuer la lectureDescente de police chez Scaleway et OpCore pour couler les pirates d’UptoBox
Dans les data-centers loués par le célèbre hébergeur de fichiers, les forces de l’ordre espèrent dénicher les films qu’il stockerait illégalement.

Mise à jour mecredi 20 septembre 20h42 : Alliance for Creativity and Entertainment, principale coalition mondiale de lutte contre le piratage, confirme l’action menée en France. Elle nous indique que des opérations se sont également déroulées à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis, où résident les principaux opérateurs. La puissante organisation, à l’origine de cette procédure civile, salue la fermeture d’UptoBox et d’UptoStream.
C’est une étape importante et plutôt musclée dans la lutte contre le piratage audiovisuel. Selon nos informations, plusieurs policiers et experts ont investi ce mardi 19 septembre les locaux de Scaleway et OpCore, deux prestataires de cloud installés à Vitry-sur-Seine, propriétés d’Iliad (fondé par Xavier Niel, actionnaire à titre individuel de l’Informé), qui travaillent notamment pour le compte de Brut, Radio France ou encore le ministère de l’Éducation nationale. À l’heure où nous écrivons, les forces de l’ordre étaient encore sur place. Cette « saisie-contrefaçon » ordonnée par la justice est la conséquence d’une offensive massive des principaux noms de l’industrie du cinéma (Columbia, Paramount, StudioCanal, Warner Bros, mais aussi Disney, Apple et Amazon) contre UptoBox. Ces géants accusent ce célèbre hébergeur de fichiers d’être la plaque tournante du piratage dont leurs films sont l’objet. En gros, lorsqu’un internaute souhaite télécharger un long métrage sur un site comme Filmoflix, FilmGratuit, Wawacity ou Zone-Téléchargement, il est renvoyé vers UptoBox qui stocke les fichiers AVI ou MP4. Mais concrètement, Uptobox loue des espaces dans des data-centers pour y installer ses serveurs. Encore fallait-il savoir quels data-centers…

C’est une série de tweets d’un individu se présentant comme chief technical officer (CTO) d’Uptobox qui a mis les enquêteurs sur la piste. On y voyait notamment une voiture s’engager sur le parking du prestataire. Sur place, les huissiers, épaulés par les policiers, espèrent trouver plusieurs informations. D’abord le nom des dirigeants qui se cachent derrière UptoBox et qui pourraient figurer dans les contrats de location passés avec Scaleway. Mais aussi l’identité des internautes qui ont souscrit un abonnement payant UptoBox, une formule premium qui permet de télécharger plusieurs films en même temps et plus rapidement. Croisées avec les statistiques effectives du site, ces informations devraient permettre aux industries culturelles de mieux chiffrer leurs demandes de dommages et intérêts dans la perspective d’un jugement au fond contre les administrateurs. Des experts techniques ont en parallèle commencé à déconnecter les serveurs de l’hébergeur pour éviter que des fichiers intéressants pour l’enquête en soient retirés. Ce qui explique que plusieurs internautes constatent aujourd’hui des perturbations sur le site. Et qu’Uptobox confirme lui aussi que son réseau souffre de gros problèmes techniques. D’autres hébergeurs pourraient recevoir la visite des forces de l’ordre dans un temps très proche, toujours pour tenter de trouver les infrastructures du cyberlocker.
Cette intervention de police mettra-t-elle fin au jeu du chat et de la souris que se livrent UptoBox et les ayants droit ? En 2020, UptoBox avait déjà été placé sur la liste noire des sites pirates dressée par la Commission européenne et en avril 2023 sur celle tenue par l’Arcom. L’autorité française n’a pas eu de mal à considérer que ce site porte des atteintes graves et répétées au monde de la culture. En mai 2023, le tribunal judiciaire de Paris a ordonné le blocage de UptoBox chez les principaux fournisseurs d’accès à Internet (FAI). Sur son compte officiel Twitter-X, le site a cependant répliqué en expliquant comment contourner cette mesure, tout en revenant sur la scène quelques jours plus tard avec de nouveaux noms de domaine (uptobox.eu et uptostream.eu). Le 13 juillet, la justice a étendu le blocage d’accès à ces deux adresses, une nouvelle fois en vain : UptoBox a déroulé d’autres parades pour maintenir son existence en ligne.
Contactés, l’Association de lutte contre le piratage audiovisuel, l’industrie du cinéma tout comme Scaleway et OpCore n’ont pas souhaité répondre à nos questions.
Article actualisé jeudi 21 septembre 2023 à 16h54 pour préciser les conditions de l’intervention.