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Continuer la lectureGérard Depardieu débouté face à Libération, Mediapart, Le Parisien et Télérama
L’acteur accusait les quatre titres de presse d’avoir diffusé des « fausses nouvelles ». Le tribunal judiciaire de Paris lui a donné tort. Il va faire appel.

« Laquais », « sbires », personnes aux « réflexes staliniens »… Le 2 avril dernier, Jérémie Assous l’avocat de Gérard Depardieu n’a pas mâché ses mots pour qualifier les quatre journalistes à l’origine d’articles consacrés à son client. Devant le tribunal judiciaire de Paris, le très médiatique conseil de l’acteur a rivalisé d’arguments pour convaincre trois juges spécialistes du droit de la presse dépêchés pour l’occasion que les journaux Le Parisien, Libération, Mediapart et Télérama avaient violé à la fois le « principe général et absolu de l’exactitude de l’information » et le « principe de contradictoire ».
En cause, des articles au sujet des rushes du polémique numéro de Complément d’enquête consacré à Depardieu. Une émission dans laquelle on entendait la star tenir des propos misogynes et insultants alors qu’une fillette faisant du cheval apparaissait à l’écran. L’acteur demandait donc réparation : 80 000 euros de provision à chaque média, assorti de 10 000 euros pour les frais de justice engagés. C’est raté : ce jeudi 5 juin, le tribunal judiciaire de Paris a débouté l’acteur de l’ensemble de ses demandes et a prononcé la nullité de son assignation, requalifiant l’affaire en droit de la presse.

En clair, les juges ont estimé que Gérard Depardieu avait eu tort de poursuivre les quatre journaux sur le terrain de la diffusion de fausses nouvelles, et qu’il aurait dû les attaquer sur le terrain habituel de la diffamation, suivant la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Une poursuite toutefois désormais impossible : en effet, en matière de diffamation, un délai de prescription de trois mois à partir de la publication de l’article s’applique. Ici, qu’il s’agisse de l’article de Mediapart incriminé, de celui de Libération, du Parisien, ou encore des deux papiers de Télérama visés (ici et là), tous sont désormais inattaquables car publiés il y a trop longtemps. « Cette décision est parfaitement logique, a réagi l’avocat de Télérama Christophe Bigot auprès de l’Informé. Gérard Depardieu cherchait à contourner grossièrement les exigences de la loi sur la presse. »

Le tribunal a en effet souscrit aux arguments des quatre avocats de la défense, qui avaient dénoncé tour à tour lors de l’audience tendue un « détournement de procédure », ainsi qu’une « atteinte indéniable à la liberté de la presse ». Pour cela, les journaux mis en cause avaient dénoncé cette procédure et réclamaient, au total, 115 000 euros à l’acteur : 75 000 euros pour procédure abusive, et 40 000 euros de frais de justice. Ils ont finalement obtenu seulement 3 000 euros chacun de frais de justice. « Ce jugement était prévisible, mais reste un peu décevant sur le terrain de l’indemnisation pour procédure abusive », regrette auprès de l’Informé le conseil du Parisien, Basile Ader.
« Nous allons, bien évidemment, interjeter appel, d’autant plus qu’à présent nous disposons des rushs, lesquels établissent de manière irréfutable le caractère illicite du montage », assure Jérémie Assous.
L’affaire est loin d’être la première déconvenue judiciaire rencontrée par Gérard Depardieu cette année : le 13 mai dernier, l’acteur a été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour agressions sexuelles. Une décision dont il doit faire appel, a assuré son avocat à la suite du jugement.