L'abonnement à l'Informé est à usage individuel
Un autre appareil utilise actuellement votre compte
Continuer la lectureIncendies de Bluebus à Paris : accord en vue entre Bolloré et la RATP
En avril 2022, les batteries de deux autobus de la marque du groupe Bolloré s’étaient enflammées à moins de trente jours d’intervalle en plein Paris.

Un mauvais accord vaut souvent mieux qu’un long procès. L’adage professé par les avocats devrait se vérifier une fois encore concernant le litige entre la RATP et Bluebus, la filiale du groupe Bolloré qui produit des bus 100 % électriques. Un accord financier est sur le point d’aboutir entre les deux parties, a appris l’Informé. Il solderait les actions en justice déclenchées à la suite des deux accidents survenus à quelques jours d’intervalle en avril 2022 : la batterie des Bluebus, la marque du groupe Bolloré, s’était enflammée provoquant un spectaculaire incendie dans les rues de la capitale. Des événements heureusement sans victime, les bus étant vides au moment des faits. Après le second sinistre, le 29 avril 2022, la RATP a retiré de l’exploitation les 149 véhicules de la même série (Bluebus 5SE), le temps qu’ils soient expertisés.
La Régie, présidée par Jean Castex depuis tout juste un an, a également suspendu une commande pour une centaine de Bluebus supplémentaires. Un rapport d’expertise, mandaté par la RATP et Île-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité régionale ayant la responsabilité des transports publics, a déjà pointé l’origine du sinistre : les courts-circuits auraient été provoqués par un « défaut d’isolement entre les cellules intérieures des batteries », comme l’a révélé Le Canard enchaîné en février dernier. Pourtant, Bolloré n’a jamais voulu reconnaître sa responsabilité et prendre à sa charge l’indemnisation du préjudice (les coûts de réparation des Bluebus notamment). Résultat ? Dix-huit mois plus tard, les bus sont toujours à l’arrêt dans les entrepôts. Une situation dommageable pour la régie parisienne qui veut pouvoir les faire rouler au plus vite, en toute sécurité, en particulier avant les Jeux Olympiques de Paris 2024.
Un accord financier se dessine finalement entre les deux groupes pour régler le différend. Selon les termes du projet, ils se sont entendus pour que la filiale de Bolloré paie 1,8 million d’euros à la RATP en réparation de la destruction des deux bus. Elle y ajoutera 4 millions d’euros pour compenser le préjudice lié à l’indisponibilité des bus sur une aussi longue période. En contrepartie, l’accord prévoit aussi que la RATP doive s’acquitter de 2,8 millions d’euros à Bluebus pour la remise en service des 149 véhicules à l’arrêt (sans qu’il ne soit précisé si le défaut sur les batteries a bien été corrigé). Le groupe présidé par Jean Castex s’engage également à réactiver l’ancienne commande bloquée depuis les sinistres. Il devrait s’acquitter pour cela d’un montant de 28 millions d’euros.
Néanmoins, le règlement du litige entre les deux parties est suspendu à l’accord d’IDFM, véritable propriétaire des autobus. Bolloré comme la RATP lui demandent de prendre à sa charge des travaux supplémentaires de mise en sécurité des véhicules. Un coffrage résistant aux très fortes chaleurs dégagées par un court-circuit électrique enveloppera les batteries situées sur le toit du Bluebus, les protégeant contre les chocs et limitant la propagation d’un éventuel incendie.
Le coût pour IDFM, présidée par Valérie Pécresse, s’élèverait à 5,8 millions d’euros. L’autorité régionale se retrouve aujourd’hui entre le marteau et l’enclume avec un deal négocié sans qu’elle ait eu (encore) son mot à dire et qui ferait peser une nouvelle charge sur ses finances, déjà sous tension. La RATP doit ouvrir, ces prochains jours, des discussions avec elle afin de sceller l’accord. « Nous ne pouvons faire aucun commentaire à ce stade, répond aujourd’hui IDFM. Notre souhait est que les véhicules soient remis en circulation au plus vite et, en tout cas, en 2024. »
Contactés, Bolloré comme la RATP se sont refusés à tout commentaire avant la signature officielle de l’accord.