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Continuer la lecturePiratage : Uptobox ne récupérera pas ses serveurs
La justice a tranché. Le célèbre hébergeur de fichiers échoue à récupérer ses baies de stockage, saisies le 19 septembre 2023.

Les victoires s’enchaînent pour les ayants droit. Voilà un an, presque jour pour jour, Uptobox, le service de stockage et de partage de fichiers dans le cloud, avait fait l’objet d’une saisie-contrefaçon. Des forces de l’ordre, des experts et des huissiers avaient investi les data centers d’Opcore (autrefois propriétés de Scaleway) et OVH, pour mettre sous scellés ses baies de serveurs. Une procédure exceptionnelle initiée à la demande d’Amazon, Apple, Columbia, Disney, Studiocanal, Netflix, Paramount, Universal ou encore la Warner. Les géants de l’audiovisuel et du cinéma reprochaient à la plateforme d’être utilisée par de nombreux sites pirates pour partager des films et séries, sans autorisation des ayants droit. Les mêmes avaient précédemment obtenu de la justice le blocage de plusieurs noms de domaine utilisés par Uptobox en mai et juillet 2023. La saisie de 2023 avait été saluée à l’échelle internationale par l’Alliance pour la créativité et le divertissement (ACE). Pour la principale coalition mondiale de lutte anti-contrefaçon, Uptobox et sa cousine Uptostream sont « deux des hébergeurs de vidéos illégales les plus notoires au monde en matière de piratage numérique ». Genius Servers Tech Fze, la société basée à Dubaï derrière ces deux services en ligne, a tenté de faire annuler cette procédure. Dans une décision rendue ce jour, diffusée par l’Informé, le tribunal judiciaire de Paris a considéré ses demandes irrecevables.
Si la justice a balayé les vœux du propriétaire d’Uptobox, ce n’est pas pour des raisons de fond, mais pour des questions de délais. Les demandes visant la mainlevée des saisies et le rétablissement des serveurs ont été en effet déclarées « forcloses ». En clair, elles sont intervenues trop tardivement. Pour comprendre pourquoi, il faut revenir sur le calendrier des opérations. Ces saisies ont été autorisées au fil de huit ordonnances, qui ont visé les sièges et locaux de Scaleway, d’Op Core et d’OVH. Genius n’avait réclamé dans les temps que la mainlevée de la saisie chez Scaleway. Ce n’est en substance que lors de conclusions récapitulatives rédigées en février 2024 que la compagnie dubaïote a élargi ses demandes aux deux autres acteurs, soit bien au-delà du délai imparti qui expirait en octobre 2023. Au final, le tribunal a condamné Genius Servers Tech FZE à verser 8 000 euros à chacun des demandeurs au titre des frais de justice, soit un total d’environ 70 000 euros. Selon nos informations, le dossier Uptobox est encore loin d’être refermé, au moins une autre procédure est en cours au fond.