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Continuer la lecturePédocriminalité : la guerre est ouverte entre le Parti pirate et le Haut Conseil à l’Égalité
Quelques lignes dans le dernier rapport du HCE ont mis le feu aux poudres du côté du Parti pirate. Gravement mis en cause, il s’apprête à porter plainte.

Publié le 27 septembre, le rapport du Haut Conseil à l’Egalité (HCE) dénonce le fléau de la « pornocriminalité » au sein du l’industrie du X. « Culture du viol, déshumanisation des femmes, apologie de l’inceste, racisme, pédocriminalité, LGBTphobies… La pornographie est à l’intersection de toutes les haines et s’inscrit dans le continuum des violences ». Dans les 216 pages de ce document destiné à « mettre fin à l’impunité », l’instance consultative indépendante, placée sous l’autorité de la Première ministre, n’a pas seulement épinglé le secteur du porno. Elle a aussi dénoncé les limites supposées de la législation actuelle ou encore les défaillances de la plateforme de signalement Pharos qui serait, de son avis, coupable d’inaction alors que le HCE lui avait adressé, vainement, plusieurs alertes vers des contenus X considérés illicites. Parmi ses autres cibles, le Parti Pirate est quant à lui accusé de mobiliser le droit à la vie privée « pour entraver toute régulation d’Internet », même lorsque l’objectif est de lutter contre la pédopornocriminalité. Le Haut Conseil lui reproche en particulier de critiquer « sous couvert de droit à la vie privée et refus de censure », un futur règlement européen visant à combattre ces contenus illicites.
Des affirmations très graves qui ne sont pas restées sans conséquence. Le Parti Pirate, qui n’a jamais été auditionné en amont de ce rapport, s’est fendu le 17 octobre dernier d’une demande de droit de réponse pour les contester. Dans la lettre que l’Informé a pu consulter, il rappelle notamment que le projet de règlement européen veut permettre la fouille automatisée des échanges privés en quête de ces contenus illicites. « Ce système, estime le PP, se base sur une intelligence artificielle opaque sans garantie de fiabilité pour briser le secret des correspondances de toute personne. Il ne peut emporter notre adhésion et encore moins sur un sujet aussi crucial que la protection de l’enfance ». Plutôt qu’une telle solution technique, le parti préférerait un renforcement des moyens attribués aux forces de l’ordre.

Sa demande de droit de réponse est restée sans effet alors que le courrier aurait dû être publié sur le site du HCE dans les trois jours après réception. Pour expliquer cette non-publication, le Haut Conseil nous indique avoir préféré « ouvrir ses portes et proposé un rendez-vous au parti qui semblait tout à fait l’avoir accepté. Il devait nous transmettre les coordonnées d’une personne pour ce temps d’échange. Depuis nous n’avons pas reçu d’autres nouvelles ». Si les deux protagonistes se sont effectivement entendus sur le principe d’une audition, le Parti assure avoir toujours maintenu sa demande de publication. Il se prépare même à attaquer le HCE en justice pour refus d’insertion de son droit de réponse. « Cela aurait été tellement plus simple d’auditionner toutes les parties mentionnées dans le rapport avant sa publication, plutôt que de faire des raccourcis mensongers ! », nous souffle Caroline Zorn, tête de liste du Parti Pirate pour les élections européennes de 2024 et par ailleurs avocate. Le HCE concède n’avoir pu auditionner toutes les personnes citées. « Et puis les prises de position du Parti Pirate sont publiques… »