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Continuer la lectureUne offre de reprise juste avant Noël pour le magazine Marianne
Les salariés de l’hebdomadaire demandent au propriétaire CMI France d’étudier cette proposition.

Daniel Kretinsky a trouvé un cadeau surprise au pied de son sapin de Noël. Ce lundi 23 décembre, un groupe d’investisseurs a adressé un courrier à Denis Olivennes, le directeur général de sa filiale CMI France, propriétaire du magazine Marianne pour s’en porter acquéreur. « Nous souhaitons vous confirmer officiellement notre intention de formuler une offre ferme de rachat de l’intégralité du titre Marianne, peut-on lire dans cette missive. Notre projet s’inscrit dans une démarche résolument tournée vers les valeurs de l’économie sociale et solidaire, avec pour objectifs la pérennité économique du journal, la préservation de son indépendance éditoriale, garantissant un traitement de l’information libre, pluraliste et rigoureux et la sanctuarisation de sa ligne éditoriale, en respectant l’héritage et l’identité unique de Marianne. »
Cette proposition est cosignée par Jean-Claude Delgènes (fondateur du cabinet d’expertise Technologia qui travaille pour les représentants du personnel), Youssef Achour, président de la coopérative UpCoop (tickets-restaurant UpDéjeuner, chèque emploi service universel…), Jacques Landriot (président d’honneur de UpCoop et président de la Confédération générale des Scop et des Scic), et l’informaticien Mathieu Pouydesseau (ancien commercial chez Salesforce, qui a participé à plusieurs événements du petit parti Gauche républicaine et socialiste du député Emmanuel Maurel et de l’ex-sénatrice Marie-Noëlle Lienemann).
Le quatuor ajoute être « potentiellement rejoint ces prochaines semaines par des acteurs financiers, qui nous ont fait part de leur volonté de participer à cette opération. Nous tenons à souligner notre détermination et notre volonté d’aboutir à cette acquisition qui est portée par une démarche réfléchie, concertée et portée par une équipe motivée, partageant une vision commune. » Les repreneurs dévoileront davantage d’éléments la semaine du 6 janvier et prévoient de rencontrer la rédaction à ce moment-là. Selon la Lettre, qui avait dévoilé leur intérêt, le consortium cherche actuellement à réunir 7 millions d’euros.
Du côté du propriétaire, on se dit prêt à étudier l’offre si elle est « sérieuse, financée, et au bon niveau de valorisation », et en appliquant « des conditions normales de transaction », éventuellement pour aboutir à une cession seulement partielle.
Rappelons que l’actionnaire a annoncé jeudi 19 décembre le départ de la directrice du magazine, Natacha Polony, et son remplacement par Frédéric Taddeï, un journaliste décrié pour ses collaborations avec la chaîne russe RT France de 2018 à 2022, puis CNews en 2023. Un nouveau directeur de la rédaction doit être nommé début janvier.
Dans la foulée, les salariés avaient publié un communiqué, déplorant que « CMI a clairement affiché sa priorité : faire des économies. Au programme, bouleversement de la ligne éditoriale, réduction de la pagination et incitation au départ pour les salariés ». Chez CMI, on répond qu’il n’y a pour l’instant pas de plan d’économies, mais uniquement un « ajustement » du positionnement, et l’ouverture d’une clause de conscience permettant aux journalistes de partir s’ils le souhaitent avec des indemnités. L’actionnaire rappelle que le news magazine perd toujours 50 000 euros par semaine, après avoir perdu l’an dernier 3 millions d’euros.
Dans leur communiqué du 19 décembre, les salariés avaient soutenu la proposition Delgènes, ajoutant : « il nous paraît tout naturel, dans l’intérêt de tous, que ce projet soit examiné avant d’entamer toute modification drastique ». Mais, à cette heure, la direction n’entend pas surseoir aux changements annoncés.
Pour mémoire, CMI France a tenté de vendre ces derniers mois le news magazine à Pierre-Édouard Stérin puis Jean-Martial Lefranc. La rédaction avait initialement approuvé les discussions avec ces candidats, avant de finalement rejeter leur offre.