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Médias - Culture

Rééquilibrer les temps de parole : un casse-tête pour CNews

Suite à l’arrêt du Conseil d’État, l’Arcom va demander à la chaîne info de diminuer le poids des éditorialistes identifiés à droite ou à l’extrême droite.

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SERGE TENANI / Hans Lucas via AFP

Pascal Praud devra-t-il bientôt inviter Thomas Legrand et Edwy Plenel tous les jours à sa table ? Thomas Piketty deviendra-t-il l’interlocuteur privilégié de Christine Kelly dans Face à l’Info ? Tel pourrait être le résultat de l’arrêt rendu ce mardi par le Conseil d’État, saisi par Reporters sans frontières. Les juges du Palais Royal ont effet jugé que les règles de répartition du temps de parole appliquée par l’Arcom devaient être revues. Ils ont estimé que comptabiliser uniquement les invités politiques - comme le fait le gendarme de l’audiovisuel - ne suffit pas : « l’Arcom ne doit pas se limiter à ce décompte pour assurer l’application de la loi. L’Arcom doit veiller à ce que les chaînes assurent, dans le respect de leur liberté éditoriale, l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinions, en tenant compte des interventions de l’ensemble des participants, y compris les chroniqueurs, animateurs et invités ».
Pour se mettre en conformité, CNews pourrait avoir un gros effort à faire. En effet, les rares chiffres disponibles montrent un tropisme très à droite des intervenants non politiques : journalistes, éditorialistes, experts, représentants de la société civile... Une analyse de quatre chercheurs (Julia Cagé, Moritz Hengel, Nicolas Hervé, Camille Urvoy), obtenue par l’Informé, évalue que, parmi les invités non politiques, l’extrême droite accapare 40,4 % du temps de parole, contre 17,4 % pour l’ensemble des chaînes [1]. Et que le temps de parole des intervenants non politiques classés à l’extrême droite est passé de 8,2% à 24 % après la prise de contrôle par Vincent Bolloré du canal 16. De même, une étude, commandée par RSF au sémiologue François Jost, montre que, sur une période de deux semaines, les invités non politiques sont aux deux tiers d’extrême droite. Plus récemment, Libération a relevé que les journalistes invités provenaient à 51 % de journaux de droite (comme le Figaro), plus 31 % de titres d’extrême droite (Valeurs actuelles…).