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Continuer la lectureNotes de frais, salaires… le joli train de vie du gestionnaire du Pass Culture
La société qui gère le dispositif destiné aux collégiens et lycéens compte désormais 166 salariés et a déménagé à deux pas des Champs-Élysées.

Livres, places de cinéma, concerts… Plus de 4,2 millions de jeunes ont déjà bénéficié du Pass Culture pour s’offrir un divertissement ou participer à une sortie sous l’égide d’un professeur. Un coup de pouce individuel (pouvant aller jusqu’à 300 euros) ou collectif pour un établissement scolaire. Promis par Emmanuel Macron lors de sa campagne de 2017, ce dispositif était réservé à ses débuts en 2019 aux élèves de terminale, avant d’être étendu à tous les lycéens puis aux collégiens. Mais son coût, de plus en plus élevé pour les finances publiques, risque d’être un sujet de débat en période d’austérité. L’an dernier, la Cour des comptes pointait déjà une « maîtrise des coûts potentiels encore incertaine » et appelait à « une vigilance d’autant plus grande que ses impacts n’ont pu être évalués qualitativement ». Ce week-end, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a annoncé vouloir réformer en profondeur ce mécanisme en réorientant les dépenses vers le spectacle vivant, plutôt que les livres et mangas (54 %), le cinéma (18 %) ou les instruments de musique (8 %)*.
Avec 282 millions d’euros de subventions touchées l’an dernier, la société Pass Culture, gestionnaire du dispositif, affiche un budget toujours plus important… Et si ses dépenses de structure sont globalement restées stables (31 millions d’euros* en 2023), certains postes ont fortement augmenté, a constaté l’Informé.
Les chers goodies du Pass Culture
L’appel d’offres se termine le 8 novembre prochain. Le Pass Culture cherche à sélectionner un fournisseur de cadeaux promotionnels qui devra s’occuper de l’empaquetage et de l’envoi de goodies aux jeunes. Ce contrat de quatre ans s’élèvera à 130 000 euros au maximum. « Il s’agit d’un marché réservé aux structures du secteur de l’insertion sociale et professionnelle, précise la société. Les goodies que nous remettons aux jeunes, qu’ils soient nouveaux utilisateurs potentiels ou ambassadeurs du Pass Culture, jouent un rôle clé dans notre démarche de sensibilisation et de promotion. »
Première surprise, le montant des loyers a explosé de 151 % sur un an pour atteindre 1,2 million d’euros en 2023. Une hausse qui s’explique par le déménagement des salariés dans de nouveaux bureaux situés dans le très huppé 8e arrondissement de Paris, rue de la Boétie, à quelques minutes à pied des Champs-Élysées. Un transfert « rendu nécessaire par la croissance des équipes, selon une porte-parole du Pass Culture. Les anciens locaux étaient devenus trop petits pour les accueillir. La prise au bail des locaux s’est faite dans un souci d’optimisation du nombre de postes en intégrant du flex office. » Impossible toutefois de connaître le nombre de mètres carrés concernés, officiellement pour des raisons de « sécurité des équipes »…
Les effectifs ont eux aussi bondi l’an dernier, passant de 130 à 166. Une hausse importante de 28 % qui s’explique par la réintégration de missions jusqu’ici confiées à des prestataires extérieurs. De fait, ce mouvement a permis de réduire de plus d’un quart les coûts informatiques pour tomber à 5,8 millions d’euros, en y incluant la maintenance de la plateforme (application mobile Pass Culture). Mais dans le même temps les salaires ont, eux, augmenté bien davantage que le nombre d’employés, suivant une inflation de 41 %, à 10,35 millions d’euros. La raison ? « D’abord les salariés embauchés en cours d’année 2022 comptent en 2023 pour une année pleine, précise-t-on au sein de Pass Culture. À cela s’ajoutent les revalorisations, dont l’enveloppe globale est discutée, validée et encadrée chaque année avec des représentants du ministère de la culture et de la direction du budget. »
Autre sujet d’interrogation : les fortes hausses des frais de restauration (+71 % à 59 000 euros) et de déplacements (+45 % à 168 000 euros). Mais là encore, la société se défend de tout comportement dispendieux. Ces flambées seraient dues à une « couverture de plus en plus d’événements culturels » en « régions ».
Reste un dernier poste en nette augmentation : la communication, assurée en partie par l’agence Havas du groupe Vivendi, a coûté 524 000 euros l’an dernier, soit 16,8 % de plus qu’en 2022. Ce surplus serait la conséquence « de campagnes créatives ciblées, qui segmentent toujours plus finement les publics à toucher (jeunes plus éloignés de la culture, parents des 15-17 ans, professeurs, etc.) ». Il s’agit de flyers et autres affiches distribués dans les établissements scolaires. En revanche, les campagnes publicitaires numériques ont, elles, baissé de 20 %, à 792 000 euros. Les réclames diffusées dans la presse papier ne dépassaient pas 6 500 euros.
* Les impacts de la part individuelle du Pass Culture
Les locaux du Pass Culture cambriolés
Pas de chance. À peine arrivées dans leurs nouveaux locaux du 8e arrondissement de Paris, les équipes du Pass Culture ont été victimes d’un cambriolage un week-end de juin 2023. Le montant du larcin s’élève à 35 000 euros, constitué essentiellement de matériel informatique. « La plainte n’a malheureusement, à ce jour, pas permis de donner tout de suite judiciaire à ce cambriolage, explique une porte-parole de la société. Nous n’avons pas eu de fuite de données personnelles. De ce fait, nous n’avons donc pas eu besoin de saisir la CNIL. »