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Continuer la lecture« Libéré » de l’Arcom, Cyril Hanouna rappelé à l’ordre par… YouTube
Pour sa première émission diffusée en ligne, l’animateur n’a pas respecté les conditions générales d’utilisation de la plateforme américaine. La première du 3 mars n’est donc pas disponible en replay dans son intégralité.

Les ennuis continuent pour Touche pas à mon poste ! Le talk-show de Cyril Hanouna vient de renaître sur les box et les plateformes Internet après la fermeture de C8 vendredi 28 février. Mais dès la première diffusion sur la chaîne YouTube de l’émission (2,44 millions d’abonnés), le lundi 3 mars, elle a déjà enfreint plusieurs règles de la plateforme appartenant à Google. Le même flux a été retransmis sur les box et sur Internet, et les mêmes spots publicitaires ont donc été visibles sur YouTube comme à la télévision. « Cette pratique est contraire à nos conditions générales d’utilisation, et nous l’avons signalé à TPMP, indique à l’Informé un porte-parole du service américain. Ils nous ont expliqué que ce problème était dû au lancement rapide de l’émission et il a été corrigé dès le lendemain. » Le programme du 3 mars n’est donc plus disponible en replay dans son intégralité en raison de ces coupures publicitaires.
Ce n’est pas le seul sujet de discussion avec YouTube. Toujours lors de cette première, Cyril Hanouna a mentionné de nombreuses marques à l’écran pour faire un pied de nez à l’Arcom. « Y a une embellie. On peut dire toutes les marques qu’on veut (...) C’est moi qui paye [les amendes], c’est ma chaîne, mon émission », a-t-il lancé, bravache. K-Way, le Coq Sportif, Casablanca, Breguet, Bjorg, Coca-Cola, Red Bull… un nombre important de griffes a été égrené. Avec une insistance particulière sur Larousse, édité par Hachette, filiale de Vivendi, propriétaire de son ancien diffuseur C8. L’amuseur a même cité des entreprises dans lesquelles il a investi personnellement : les soins de beauté et de coiffure Blackbox et le club de padel Casa Padel, sans préciser à l’antenne qu’il en était actionnaire. « On est encore là, on fait encore plus ce qu’on veut qu’avant, on est encore plus libres qu’avant, on va encore parler encore plus de sujets de société », a-t-il clamé. Il a même demandé à ses chroniqueurs de revenir lors de la prochaine émission vêtus de marques apparentes… ce qui s’est en effet produit dès le lendemain.
Pour de telles pratiques, le gendarme de l’audiovisuel lui avait infligé plusieurs sanctions pour « publicité clandestine » par le passé lorsqu’il était sur C8. Cette fois, YouTube a pris le relais. « Lorsqu’un partenariat existe entre une marque et un YouTubeur, cela doit être mentionné aux internautes, précise la plateforme. Or, cela n’a pas été le cas. Mais on ne sait pas si les marques ont payé pour être citées à l’écran, donc nous ne sommes pas certains d’une quelconque violation des règles. »
Ce cadre a été inscrit dans les conditions générales de YouTube pour protéger le modèle économique de la plateforme d’hébergement, et éviter que des flux vidéos embarquant des publicités utilisent gratuitement ses infrastructures. Placements de produits rémunérés, sponsorings et promotions doivent être signalés au service. Celui-ci propose ensuite plusieurs solutions dont l’affichage d’un bandeau d’avertissement de 10 secondes pour avertir les spectateurs. Ces obligations sont également surveillées par la Répression des fraudes (DGCCRF). Depuis la loi 2023 sur les influenceurs sur les réseaux sociaux, l’absence d’indication de la mention « publicité » ou « collaboration commerciale » est susceptible de constituer une « pratique commerciale trompeuse ». Elle peut être sanctionnée d’une peine d’emprisonnement de deux ans et d’une amende de 300 000 euros.
Contacté, Cyril Hanouna nous a répondu : « Je m’en bats les couilles de vos histoires en fait ! Amitiés ».
En liberté surveillée
Cyril Hanouna s’est peut-être cru un peu trop vite libéré de l’Arcom. Certains experts pensent que cette nouvelle version de TPMP reste bien soumise aux dispositions de la loi sur l’audiovisuel en matière de publicité clandestine. C’est notamment le cas de Marc Le Roy, docteur spécialisé en droit de l’audiovisuel et du cinéma. Pour lui, « si l’Arcom considère que cette chaîne est une chaîne TV au sens de la loi de 1986, alors un décret d’application datant de 1992 interdit toujours la publicité clandestine. Dès lors, rien ne change en matière de droit applicable (déontologie des programmes, publicité...) par rapport à l’époque de la diffusion sur C8. Pareillement, si ce nouveau TPMP est considéré comme un service de média audiovisuel à la demande (SMAD), un autre décret interdit aussi la publicité clandestine ».