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Continuer la lectureLe personnage de Pierre Cadault au cœur d’une guerre entre Emily in Paris et un Français
Producteur de la célèbre série sur Netflix, le groupe Paramount Global s’attaque à un particulier qui a déposé une marque de cosmétique portant le nom du couturier fictif. La saison 4 débute dans quelques mois.

Exubérant et fantasque, le personnage du couturier Pierre Cadault dans la série à succès Emily in Paris sur Netflix est aussi au cœur d’une bataille juridique bien réelle. Le designer de mode, éventail orné d’un chat à la main, est une sorte de croisement entre Pierre Cardin et Karl Lagerfeld dont la carrière est relancée par Emily. De quoi donner une idée au Français Bruno Correia Rebelo, qui a flairé la bonne affaire. Il a enregistré la marque Cadault Cosmetic en décembre 2020, soit deux mois à peine après la diffusion de la première saison. Dans la foulée, il crée des comptes Facebook et Instagram à ce nom ainsi qu’un site Internet (aujourd’hui inactif) de commerce en ligne de produits beauté. Plusieurs internautes se plaignent même sur le site communautaire Signal arnaques de n’avoir jamais reçu leurs commandes et d’avoir tenté de joindre le dirigeant, sans succès.
Devant le succès international de la série au fil des années, Paramount Global (ex-Viacom International) a peu apprécié la manœuvre et a saisi l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi) afin de faire annuler cet enregistrement. Pour Paramount, hors de question de laisser qui que ce soit d’autre profiter de la médiatisation de la très attendue saison 4 prévue cet été et retardée en raison de la grève des scénaristes et des acteurs à Hollywood. Pour la major, le signe Cadault, associé à la mode et au luxe, est un « patronyme inventé à l’orthographe peu commune … », parfaitement distinctif. Il ne fait donc aucun doute que le détenteur de ce nom cherche « à créer un risque de confusion ou, à tout le moins, d’association entre les produits couverts par la marque contestée et la série télévisée. » Une façon de « profiter du succès (...) en se plaçant directement dans son sillage dans une intention parasitaire ». Le groupe a bien tenté de joindre Bruno Correia Rebelo mais n’a pas réussi à entrer en contact avec lui. Tout comme l’Informé d’ailleurs.

Malgré ses arguments, la major du cinéma n’a pas obtenu gain de cause. L’Inpi a rendu son verdict fin avril et estime que les éléments avancés ne suffisent pas « à démontrer que le titulaire avait connaissance, au jour de son dépôt, de l’usage » de Cadault Cosmetic. Certes, le logo et le nom enregistré, « présente bien des similitudes » avec ceux de la série. Mais rien ne prouve que le déposant avait « l’intention de priver illégitimement (Paramount) d’un signe nécessaire à son activité ou d’obtenir un droit exclusif à des fins autres que celles relevant des fonctions d’une marque. » Non seulement le plaignant n’a pas réussi à démontrer le préjudice subi mais le fait de ne pas avoir réussi à joindre le titulaire « n’apparaît pas suffisant pour démontrer (...) l’intention malhonnête. »
Paramount Global a donc été débouté de ses demandes. Une mauvaise nouvelle à plusieurs égards. D’abord, le producteur tire des revenus du placement de produits de grands noms, prêts à mettre la main à la poche pour apparaître à l’écran tels que Chopard, McLaren et même McDonald’s. Un moyen pour eux de doper leurs ventes grâce à cette création diffusée dans plus de 100 pays. Ensuite, il a passé un contrat de licence avec Revolution Beauty permettant au fabricant de cosmétiques d’exploiter le nom de sa série pour vendre 17 rouges à lèvres, palette de maquillage et autres pinceaux. Et Shop the scenes commercialise de son côté un sac en toile et une valise de voyage arborant une grande photo noire et blanc de Pierre Cadault (à 250 dollars !). Reste à savoir si la major fera appel de cette décision. Contactée, elle n’a pas souhaité faire de commentaire.