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Continuer la lectureHapsatou Sy placée en faillite personnelle et interdite de gérer pendant 10 ans
La serial entrepreneuse et ex-chroniqueuse télé paye les multiples déboires financiers de ses sociétés.

Sur LinkedIn, elle est officiellement « Entrepreneure, investisseuse et conférencière » : dans de longs posts, elle égrène, plusieurs fois par semaine, divers conseils pour gérer au mieux son business, gagner en confiance, ou savoir prendre la parole en public. Sur le réseau préféré des startupeurs et cadres sup', où chacun partage son expérience avec lyrisme, Hapsatou Sy semble comme un poisson dans l’eau. « En tant qu’entrepreneurs, nous embrassons les défis avec passion, nous nous épanouissons dans l’incertitude et nous célébrons chaque petite victoire comme une bouffée d’oxygène », publiait ainsi l’ex-chroniqueuse en avril. Mais il est un événement marquant que la businesswoman a préféré garder pour elle récemment : le 23 février dernier, le tribunal de commerce de Nanterre l’a déclarée en faillite personnelle, pour une durée de 10 ans.
Rien d’étonnant à ce que l’ex-vedette de C8 n’ait pas souhaité s’étendre sur cette affaire : le jugement est accablant. Il concerne Résilience productions, la société chargée d’encaisser ses cachets télévisuels notamment : en liquidation judiciaire depuis 2021, la structure accuse un passif de près de 600 000 euros. Selon la juridiction, Sy a commis « de graves fautes de gestion », notamment « en ne tenant pas de comptabilité ». Le tribunal lui reproche en outre d’avoir « détourné tout ou partie de l’actif de Résilience productions » en le cédant à une autre de ses sociétés, Atypic Beauty World. L’actif en question, un stock de produits d’une valeur de 118 600 euros, n’a pas jamais été réglé par la seconde entreprise. Le fisc dispose également d’une créance de plus de 220 000 euros auprès de Résilience productions, qui a laissé bien d’autres ardoises : plus de 40 000 euros de loyers impayés, plus de 50 000 euros de cotisations Urssaf, près de 35 000 euros auprès de la société d’espaces de coworking Wojo…
Interrogée par l’Informé, Hapsatou Sy dénonce une « condamnation disproportionnée » et indique en avoir fait appel. « Cette société a été liquidée en mon absence car je ne pouvais pas la gérer en raison de problèmes de santé », explique l’entrepreneuse, évoquant les conséquences du harcèlement subi suite aux attaques d’Éric Zemmour à son encontre en 2018. Le président de Reconquête avait alors qualifié le prénom Hapsatou d’« insulte à la France ». Il a été condamné pour ses propos en première instance puis en appel, en mars dernier.
Sy indique également avoir l’intention de porter plainte contre Christian Hart de Keating, le mandataire liquidateur de Résilience productions : elle lui reproche notamment de ne pas avoir répondu à ses sollicitations lors de la procédure, et de ne pas avoir été convoquée au jugement. « Nous avons des éléments qui prouvent que Madame Sy n’a pas été touchée directement par l’assignation, elle n’a donc pas pu présenter sa défense. La décision a été rendue par défaut, sans respect du contradictoire », appuie son avocat Alexis Rapp. L’ex-animatrice demande également la levée de l’exécution provisoire du jugement, qu’elle qualifie d’« ubuesque ». Joint par l’Informé, Christian Hart de Keating n’avait pas répondu à nos sollicitations à la publication de cet article.
Mais à écouter d’anciens collaborateurs de la vedette, cette affaire n’aurait rien de bien surprenant. « Il fallait bien que ça arrive… je ne suis absolument pas étonné », soupire un ancien proche. « Au vu de mon expérience avec elle, ça me semble logique », abonde un partenaire déçu. Et pour cause : ce n’est pas la première fois qu’Hapsatou Sy rencontre des difficultés avec une de ses sociétés. « Être entrepreneur, c’est cela : vous montez à 4 000 mètres, vous vous jetez dans le vide, sans idée de ce qui va arriver », indiquait-elle en 2013, dans un article du Monde titré Hapsatou Sy, ou les vertus de l’échec. La jeune femme y revenait sur son aventure malheureuse à la tête des salons de beauté Ethnicia. Lancée en 2005, la chaîne s’était peu à peu développée pour atteindre une quinzaine d’adresses en France via un système de franchises, mais sans jamais atteindre la rentabilité. En 2013, criblée de difficultés financières, l’entrepreneuse avait dû mettre la clé sous la porte : ses deux entreprises H&SY et Beauty Revolution International, ont alors été placées en liquidation judiciaire. Une déroute qui lui vaudra deux interdictions de gérer (hormis Résilience Productions, ex l’EURL Hapsatou Sy) : l’une de cinq ans prononcée en 2015 et l’autre d’une durée de trois ans, déclarée l’année suivante.
Mais ses déboires ne se sont pas arrêtés là. En 2013, l’infatigable investisseuse s’est lancée dans une nouvelle aventure : la vente de cosmétiques sur internet. Son compagnon de l’époque Francis Lelong crée alors la structure et reste à sa tête jusqu’à son départ en 2017. « Même si j’étais majoritaire dans l’entreprise, la marque lui appartenait, explique Lelong à l’Informé. Nous étions en désaccord sur la manière de gérer l’entreprise, j’ai donc décidé de m’en aller. » Alors interdite de gérer, Hapsatou Sy ne peut reprendre la gérance de l’entreprise. Sa sœur Mariame s’en charge, mais l’histoire tourne rapidement au vinaigre : la boîte est placée en liquidation judiciaire fin 2018, et Mariame Sy écope d’une interdiction de gérer de huit ans, finalement réduite à cinq ans en appel. Interrogée à ce sujet, l’ex chroniqueuse nie toute implication dans une société dont elle n’a « jamais été gérante ». « C’est quelqu’un qui a une grande ambition et un courage incroyable, mais entre ses exigences et la réalité de ses moyens, il y a toujours eu un écart, analyse son ancien compagnon de route, Francis Lelong. Quand l’histoire se répète à chaque fois, il faut se poser des questions… »
Selon nos informations, la serial entrepreneuse a également rencontré des difficultés avec d’autres de ses business. Atypic Beauty World, qui édite désormais son site hapsatousy.com, a par exemple été condamnée à verser plus de 15 000 euros d’impayés à SFR en décembre dernier. Cellules Actives, sa société de conseil, a pour sa part été condamnée en juin 2023 à verser 18 000 euros à l’entreprise spécialisée dans les soins du visage Hydrafacial France, assortis de 10 000 euros de dommages et intérêts. En cause ? Une prestation non effectuée pour la marque, à qui elle promettait de faire gagner de nombreux followers sur instagram via une campagne de communication sur mesure. « Il s’agit d’un litige d’ordre personnel, explique Hapsatou Sy. J’ai été court-circuitée et j’ai refusé de poursuivre la prestation. »
En septembre dernier, la pugnace a créé une nouvelle société de conseil en communication, Le bureau des fourmis. « L’idée est de reprendre des conférences liées à l’entrepreneuriat, et proposer un peu d’événementiel », indique-t-elle auprès de l’Informé. Précisant que son père en assure aujourd’hui la gérance, suite à la prononciation de sa faillite personnelle.