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Continuer la lectureL’assembleur et distributeur des vélos Peugeot en grandes difficultés
Victime d’une chute d’activité, Cycleurope cherche un repreneur. Il emploie 140 salariés dans son usine de l’Aube.

Cela ne roule pas fort chez Cycleurope France, une des plus grosses usines de vélo en France avec 140 employés dont 100 permanents, à Romilly-sur-Seine, au nord de Troyes. Selon nos informations, la société fait l’objet d’une recherche de repreneurs en prepack cession, un processus qui implique souvent une procédure collective confidentielle, comme le mandat ad hoc ou la conciliation avec les créanciers, pour sortir une entreprise de ses difficultés financières. Dans le cas de Cycleurope France, il semble s’agir d’une conciliation. Sa dette s’élevait à presque 25 millions d’euros fin 2022, dont 17 millions de dettes financières et d’emprunts.
L’enjeu est de taille pour le marché du vélo français puisque Cycleurope est le monteur et distributeur exclusif des vélos Peugeot. Il assemble aussi les 2 roues de la marque Gitane. Dirigée par Jérôme Valentin, qui est aussi le vice-président de l’Union Sport & Cycle, la fédération patronale des marques et enseignes de sport, l’entreprise a basculé dans le rouge en 2022, avec une perte nette de 2,4 millions d’euros et un déficit d’exploitation de 2,1 millions. La situation s’est même aggravée en 2023, avec une perte nette de presque 3 millions. En parallèle, le chiffre d’affaires s’est progressivement rétracté, passant de 51 millions d’euros en 2020 à 32 millions en 2023. En 2021, la société a notamment perdu la distribution des vélos Bianchi. Si la reprise aboutit, son propriétaire suédois Grimaldi Industri lâcherait donc sa dernière usine en France, 22 ans après avoir fermé celle de Machecoul, près de Nantes.
Peugeot va-t-il se désintéresser du sort de son licencié exclusif, avec qui il est sous contrat jusqu’en 2025 ? Contrairement à d’autres marques automobiles, comme Toyota, ou certains équipementiers comme Valeo, le constructeur n’investit plus guère dans le vélo, après avoir pourtant connu le succès dans le peloton professionnel et auprès des Français. Il a quand même essayé récemment de profiter du segment porteur des cargos, ces vélos rallongés qui sont utilisés par les parents pour se déplacer avec les enfants, ou par les artisans et livreurs pour porter des charges lourdes. Mais son prestataire sur ce secteur, Beweel, vient d’être liquidé.
Cycleurope France s’est converti ces dernières années au vélo à assistance électrique, qui se vend plus cher que le vélo classique et qui a porté le développement du marché en Europe. La Poste et la région Île-de-France, pour son Véligo, lui avaient d’ailleurs confié des volumes. Mais les investisseurs risquent d’être refroidis par un outil de production qui a beaucoup vieilli et qui nécessiterait des investissements importants pour être remis au goût du jour, à un moment où d’autres usines, toutes neuves, se sont lancées (Arcade Cycles, Cibox, Cyclelab). Et puis le marché du cycle en France a connu une année 2023 très décevante. Les chiffres ne seront connus que fin avril, mais ils ne sont pas bons du tout. Après deux années euphoriques, ils devraient retomber à leurs niveaux d’avant covid-19.
Sollicitée, la société Cycleurope n’a pas souhaité commenter nos informations. Peugeot/Stellantis n’a pas répondu à nos sollicitations à l’heure de notre publication.