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Continuer la lectureDéfense : la cession de Bertin Technologies s’enraye dans la dernière ligne droite
La vente de ce groupe de mille collaborateurs avait été confiée à Rothschild & Co. Les performances de sa filiale Exensor inquiètent les deux fonds qui envisageaient une offre.

La vente de Bertin Technologies est une nouvelle fois reportée. Selon nos informations, cet industriel français spécialisé dans la fourniture d’instruments de mesure, de détection et d’observation n’a reçu aucune offre ferme de la part des fonds. Une désillusion qui intervient après l’échec de la vente de l’an dernier. Rothschild & Co, par l’intermédiaire de son associé Philippe Dubois de Montreynaud, était pourtant reparti d’une feuille blanche et avait obtenu de multiples lettres d’intention en mai dernier. Chequers Capital, Fremman Capital, Searchlight Capital et Charterhouse étaient en lice, tout comme EMZ. Enfin, le Fonds France Nucléaire de Siparex, Eirené (le véhicule de Weinberg Capital) et Bpifrance cherchaient à se positionner comme partenaires minoritaires.
Autant d’investisseurs motivés par la forte dynamique du marché de la défense, l’un des piliers de Bertin Technologies aux côtés du nucléaire, de l’environnement, du spatial et de la santé. Et, dans les faits, tous les voyants semblaient au vert après le premier tour des enchères ayant fait émerger des offres dépassant la barre symbolique des 300 millions d’euros de valorisation. À l’issue du deuxième tour, et du retrait de l’américain Searchlight, Chequers affrontait Fremman Capital. Mais, selon plusieurs sources, l’un comme l’autre ont préféré s’abstenir après avoir découvert, durant le week-end du 14 juillet, des chiffres inquiétants concernant la filiale Exensor.
Cette dernière, issue du rachat de la société suédoise éponyme en 2017, est leader mondial de la fourniture de réseaux de capteurs pour la protection de zones et d’infrastructures sensibles. « Les résultats d’Exensor sont historiquement très stables, note un proche du dossier. Mais ils ont connu un plus haut historique l’an dernier, notamment grâce à la guerre en Ukraine. » Or, un net ralentissement du segment défense a été constaté récemment. Un sujet d’ampleur lorsque l’on sait que l’Ebitda hors crédit d’impôt recherche d’Exensor représente près d’un tiers des 30 millions réalisés par sa maison-mère.
La rentrée sera donc décisive pour les propriétaires de Bertin Technologies, le Fonds de consolidation et de développement des entreprises (FCDE) et BNP Paribas Développement. Mais aussi pour ses dirigeants, Bruno Vallayer et Philippe Godefroy, dotés de « management packages » qui auraient pu leur rapporter près de 6 millions d’euros chacun si la valorisation atteignait 300 millions. « Le FCDE est en pleine levée de fonds et a obtenu un financement sur la valeur nette de ses actifs sous gestion (NAV financing) en tablant sur une valorisation de Bertin de 330 millions, note un financier. Cela le met en porte-à-faux vis-à-vis de ses investisseurs et le pousse à une certaine rigidité dans les discussions. »
Alors : garder son actif encore quelques années ou accepter un compromis avec l’acheteur le mieux disant ? Le fonds créé en 2009 par l’ancien secrétaire du Ciri Benoît Sellam va devoir trancher.