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Continuer la lecturePetits réacteurs nucléaires : EDF accélère sur la V2 de Nuward
Après le rétropédalage de 2024 sur la version initiale de son small modular reactor (SMR) Nuward, l’énergéticien peaufine les bases techniques de son successeur et fixe un calendrier. L’Informé lève le voile.

Un budget défini pour la première étape de conception, une date pour la mise en service industrielle et une caractérisation des grands principes techniques… Les lignes de Nuward 2 - nouvelle version du petit réacteur modulaire (small modular reactor - SMR) imaginé par EDF - s’affinent. Pour rappel, ce nouveau projet a pris le relais du premier Nuward, sur lequel l’énergéticien travaillait depuis 2019 avec sa filiale Framatome, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), Naval group, TechnicAtome et Tractebel. Sauf que les choix techniques adoptés pour sa conception avaient révélé leurs limites et fini par paralyser le projet, obligeant le groupe présidé par Luc Rémont à un rétropédalage inattendu en juillet, comme l’avait révélé l’Informé.
Après ce contretemps, le groupe s’est engagé sur une évolution du design, privilégiant une conception fondée sur « des briques technologiques éprouvées exclusivement », avec trois mots d’ordre : « simplicité, modularité et préfabrication ». À l’issue de quelques mois de réflexion - marqués par l’arrivée de Julien Garrel à la tête de la filiale Nuward -, la relance du SMR a finalement été validée mi-décembre 2024 par le comité exécutif d’EDF (voir notre article).
Depuis, les équipes ont affiné leurs plans. Selon nos informations, la nouvelle version du SMR de 3e génération reprendra évidemment certains points clés de son prédécesseur : sa puissance sera ainsi comprise entre 300 et 400 MW (la V1 tablait sur deux réacteurs de 170 MWe). Mais elle s’en distinguera aussi. Appuyé sur la technologie « réacteur à eau pressurisée » (REP), Nuward 2 se replie sur le schéma du réacteur classique « à boucles », semblable à celui existant dans le parc actuel des centrales françaises. Exit donc les études sur le réacteur intégré « à plaques » (à l’instar de ceux qu’on trouve dans les sous-marins à propulsion nucléaire), tel que le poussait notamment TechnicAtome dans la version initiale. Le spécialiste des chaufferies compactes s’est d’ailleurs retiré du groupement à l’automne. D’autres inflexions sont aussi prévues, notamment sur les dispositifs de refroidissement d’urgence en cas d’accident grave.
Au-delà de ces évolutions techniques, d’autres jalons ont aussi été posés. Financièrement, le groupe a d’ores et déjà validé en comité des engagements du comex un budget de 70 millions d’euros pour couvrir la phase initiale de « conceptual design ». Pour ce qui est du calendrier, les équipes espèrent achever le « conceptual design » mi-2026. La phase 2 (« basic design ») s’étalerait jusqu’en 2030, suivie d’une étape de « detailed design » de deux ans. Objectif : démarrer la construction en 2033, en vue d’un premier démonstrateur industriel en 2037. L’exportation reste l’objectif majeur, une fois le premier exemplaire construit en France. Enfin, en plus de la production d’électricité, Nuward 2 s’orientera aussi davantage vers de la production de chaleur en mode cogénération. Avec trois marchés en ligne de mire : les data centers, les industriels énergo-intensifs et les réseaux urbains. En parallèle, le groupe poursuit ses échanges avec d’autres acteurs industriels européens - comme l’italien Ansaldo par exemple, avec lequel EDF a déjà engagé des discussions sur des co-investissements dans le domaine des petits réacteurs nucléaires - et non-européens.