L'abonnement à l'Informé est à usage individuel
Un autre appareil utilise actuellement votre compte
Continuer la lecturePornhub, Youporn et Redtube encore accessibles en Guadeloupe et la Réunion, l’Arcom prête à sévir
L’autorité de régulation étudie des sanctions contre l’éditeur de ces trois sites, suspendus en métropole mais pas dans toutes les collectivités ultramarines. Les VPN sont aussi dans le viseur.

« Bon débarras », « à bientôt, lorsque vous accepterez de respecter les lois de la République ! »… Jean-Noël Barrot et Clara Chappaz, ex et actuelle ministre du numérique, ont salué à leur manière la décision d’Aylo de quitter la France. Le 4 juin, l’éditeur canadien de YouPorn, Pornhub et Redtube a préféré couper l’accès à ses sites pour adultes plutôt que d’installer un système de vérification d’âge, comme la loi le lui impose désormais. Pour justifier leur écran noir, les trois plateformes, qui ont leur siège européen à Chypre, estiment que ce mécanisme est susceptible de « compromettre » la vie privée. Selon un message placardé sur leur page d’accueil, « des fuites de données se produisent quotidiennement. Vous obliger à fournir, de façon répétée, des informations personnelles sensibles crée un risque de sécurité inacceptable que nous refusons d’imposer à nos utilisateurs ». En théorie, cette décision fait sortir l’éditeur des griffes de la régulation française, et en particulier du risque de sanctions que pouvait infliger à son encontre l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). En pratique, Aylo n’est pas sorti d’affaire, puisque ses trois sites restent accessibles notamment en Guadeloupe ou à la Réunion. L’Arcom nous confirme étudier la question.
Dans l’agenda, la décision d’Aylo ne doit rien au hasard. Elle a été prise à quelques encablures de l’entrée en vigueur effective de la régulation française imposant le contrôle d’âge. À compter du 7 juin 2025, 17 sites installés dans d’autres États membres, dont les trois plateformes d’Aylo, déjà identifiés dans un arrêté publié voilà trois mois, seront sous le coup d’une alternative : ou bien installer un solide contrôle d’âge ou bien être sous le coup d’une sanction financière prise par la même autorité, pouvant atteindre 500 000 euros ou 6 % du chiffre d’affaires mondial hors taxes et même être bloqué chez les intermédiaires techniques. Problème, comme nous l’ont confirmé plusieurs témoignages, Pornhub, Youporn et Redtube restent accessibles dans plusieurs collectivités ultramarines. L’autorité nous confirme avoir « fait le même constat ». Cette persistance d’accès va lui offrir une fenêtre pour s’engouffrer dans ce volet sanction contre les trois sites auto-suspendus en métropole. Elle ajoute d’ailleurs « étudier les suites à donner ». Le sujet a été jugé suffisamment grave pour être inscrit au prochain ordre du jour de la réunion en plénière de son collège, le 11 juin prochain. Contacté, Aylo nous promet de « travaille[r] dessus pour faire en sorte que ces territoires soient suspendus. Cela devrait être opérationnel au moment où la loi sera effective », soit à partir du 7 juin.
La brèche des VPN bientôt bouchée ?
Vu plus d’1,4 million de fois, un tweet de Proton VPN soutient que les inscriptions à son service ont augmenté de 1 000 % quelques instants seulement après la décision de Pornhub de bloquer l’accès des internautes français à son service installé en Suisse. Plus modeste, la hausse serait tout de même de 170 % chez NordVPN, un autre grand nom du secteur, comme l’a indiqué un porte-parole de l’entreprise lituanienne au micro de RTL. Comment expliquer un tel succès ? Avec un réseau privé virtuel (VPN, virtual private network), les abonnés peuvent se géolocaliser virtuellement dans un autre pays, non « blacklisté » par les trois plateformes afin d’accéder à leurs pages en principe bloquées en France. L’Arcom a également ce sujet dans son viseur. Il a, lui aussi, été inscrit à son ordre du jour. Et pour cause, si les fournisseurs de VPN ne peuvent pas être mis dans la boucle du blocage, ils pourraient se voir imposer de telles restrictions pour leur casquette de fournisseurs de systèmes de résolution de noms de domaine (DNS). Se posera néanmoins la question de l’extension de ces mesures à des intermédiaires installés dans d’autres Etats membres ou dans des pays tiers. Le 15 mai 2025, les ayants droit du sport ont déjà obtenu une décision de justice pour contraindre ces acteurs à empêcher l’accès des internautes français à près de 200 sites pirates.