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Continuer la lectureCloud : le Cigref demande à Numeum des mesures contre VMware
Le réseau des grandes entreprises françaises a appelé le syndicat des sociétés du numérique à étudier les modalités d’exclusion de ses membres. Dans le viseur ? L’éditeur américain de logiciels, accusé d’imposer une flambée tarifaire à ses clients, dont Orange ou Thales.

Rififi dans la tech. Un sujet sensible s’est invité ces derniers mois entre deux grandes organisations françaises. D’un côté, le Cigref, un regroupement de plus de 150 entreprises (Dassault, Bouygues, Accor…) et de l’autre Numeum, le syndicat de 2 500 sociétés du numérique (Accenture, Google, Amazon Apple, Capgemini…). Au centre des discussions : VMware, un éditeur de logiciels américain très utilisé dans les serveurs de services cloud. Selon nos informations, le Cigref, dont ses membres ont maille à partir avec ce fournisseur, a demandé si cet adhérent de Numeum respectait bien les statuts du syndicat qui prévoient « une éthique de comportement professionnel et moral et la préoccupation de son respect par les adhérents ». Lors d’un conseil d’administration en avril dernier, le sujet a été abordé après que l’association des grandes entreprises françaises a attiré l’attention sur les clauses prévues en cas de non-respect des statuts mentionnées dans l’article 2 intitulé « Perte de la qualité de membre ». Une référence implicite au dispositif d’exclusion pour motif grave, inscrit dans le règlement intérieur de Numeum.
Pas moins de sept raisons peuvent motiver une telle exclusion dont une en particulier : « tout comportement susceptible d’être préjudiciable au syndicat ou aux métiers qu’il représente. » De quel comportement pourrait-il s’agir ici ? VMware, spécialiste des solutions cloud (virtualisation), a modifié brutalement sa politique commerciale après son rachat, l’an dernier, par Broadcom pour 61 milliards de dollars. Dès le mois de décembre, l’Américain a choisi de mettre fin à la vente de logiciels en une seule fois (sous la forme de licence perpétuelle), pour basculer sur un modèle d’abonnement tout en imposant des bouquets constitués de plusieurs outils (bundle). Ce changement fait flamber les factures de ses clients, souvent avant même la fin des contrats en cours basés sur les anciens prix. Thales et Orange, deux membres du Cigref, l’ont assigné en justice cette année pour rupture brutale des relations commerciales. « Il s’agit de différends contractuels et s’il fallait exclure des membres d’un syndicat à chaque fois qu’ils s’attaquent en justice, il n’y aurait plus grand monde », explique un connaisseur du dossier.
Défenseur des éditeurs de logiciel comme des distributeurs, des intégrateurs de ses logiciels (ESN) ainsi que de leurs utilisateurs finaux, Numeum a préféré ne pas donner suite. Car prendre parti serait malvenu. En cas de conflits, les plaignants sont invités à se tourner vers le médiateur des entreprises. L’épisode est toutefois symbolique de la tension qui monte dans le milieu du high-tech face à VMware, fournisseur de nombreux groupes et administrations. Dans une lettre adressée fin mars à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le Cigref avec trois autres homologues expliquaient : « le mépris et la brutalité de Broadcom envers ses clients sont sans précédent dans l’histoire récente de l’économie numérique en Europe. (...) Cette affaire ne peut être laissée aux seuls techniciens du droit de la concurrence. Il s’agit d’une question dont les dimensions économiques et politiques doivent être pleinement comprises. »
Contactés, le Cigref et Numeum n’ont pas souhaité faire de commentaire.
