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Continuer la lectureVente du magazine Public : CMI France en guerre avec sa banque d’affaires
Le groupe de presse de Daniel Kretinsky n’a pas payé la commission due à son partenaire lors de la cession du magazine people à Heroes Media. L’affaire est portée devant la justice.

Cette histoire de gros sous n’aurait sans doute jamais trouvé sa place en Une du magazine Public… Après avoir vendu l’hebdomadaire people à Heroes Media en 2024, le groupe CMI France (Franc-Tireur, Marianne, Télé7Jours, Elle…) se retrouve aujourd’hui poursuivi devant la justice. Le problème ? L’éditeur est accusé de ne pas avoir payé la banque d’affaires qu’il avait mobilisée lors de cette opération, a appris l’Informé.
Afin de trouver un repreneur à son magazine, CMI France avait mandaté Titanium Partners dès avril 2023. Deux règlements étaient prévus : un premier versement de 20 000 euros pour financer la recherche de candidats au rachat, et un autre de 100 000 euros minimum en cas de réussite de la vente. Si Heroes Media a bien acquis le magazine en janvier 2024, Titanium, elle, n’a rien touché du tout. La boutique souligne pourtant que la signature du contrat avait « été précédée de négociations sur le montant de cette commission de succès, déjà réduit de 20 % par la société ». Et ajoute que « CMI France s’est engagée contractuellement à ne pas rediscuter la commission ».

Malgré des échanges tout au long du premier semestre 2024, les deux partenaires n’ont jamais trouvé de terrain d’entente et la banque d’affaires a donc assigné le groupe du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky en référé pour toucher l’argent. Mais il va lui falloir patienter. Dans une décision rendue en fin d’année, le juge du tribunal de commerce de Nanterre, siège de CMI France, s’est estimé incompétent et a renvoyé le dossier devant le tribunal de commerce de Paris. Interrogées, les deux parties n’ont pas souhaité faire de commentaire sur une affaire en cours.
Alors que deux autres candidats dont l’éditeur du titre parodique « Poublic » étaient prêts à racheter la publication pour des montants plus importants, CMI avait préféré confier l’hebdomadaire people à Heroes, jugé plus respectable… Sans récupérer les dettes (mais en se chargeant des clauses de cession dûes aux journalistes partants), le repreneur avait emporté le fonds de commerce pour 25 000 euros seulement. Une maigre valorisation en partie liée aux performances en demi-teinte du titre. Ses ventes en kiosque ont baissé de 15 % sur un an à fin juin 2024 (à 31 000 exemplaires en moyenne par semaine) et ses abonnements ont reculé de 15,8 % sur la période (à 9 856 copies) selon l’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias. En revanche, le numérique, lui, a progressé de 29 % au même moment, avec 17 640 exemplaires en moyenne.
Ce différend avec Titanium survient au moment où le président de CMI France, Denis Olivennes, est en promotion pour son livre, « La France doit travailler plus… et les Français être mieux payés » (Éditions Albin Michel). Une bien mauvaise publicité pour le dirigeant qui milite pourtant dans son ouvrage pour une meilleure rémunération du travail accompli.