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Continuer la lectureMalaise à la production de C à vous et C l’hebdo (Mediawan)
Un triumvirat dirige depuis octobre Troisième Œil, la société en charge des émissions d’Anne-Élisabeth Lemoine et Aurélie Casse. Sans convaincre en interne.

Trois patrons pour une même société de production : c’est la formule qui a été choisie par le géant de la télé Mediawan pour diriger sa filiale Troisième Œil Productions à la place de Bruno Gaston, parti du groupe il y a peu. En octobre dernier, la société à l’origine des très populaires émissions C à vous et C l’hebdo a appris à ses salariés la promotion du chroniqueur vedette Mohamed Bouhafsi au poste de directeur général chargé des programmes de flux « entertainement et lifestyle ». Adjointe de l’ancien boss, Mathilde Jarry passait quant à elle DG responsable des opérations. Et un nouvel arrivant venait compléter l’attelage : Philippe Levasseur héritait, pour sa part, des programmes C à vous et C l’hebdo. Cet ancien reporter peut se targuer d’une carrière solide : il a notamment dirigé l’agence Capa et les activités internationales de Newen (groupe TF1).
Mais selon nos informations, moins de 4 mois après cette annonce enthousiaste, le nouveau trio de tête bat déjà de l’aile, et l’ambiance est loin d’être à la fête dans les très chics locaux de la société, avenue de Breteuil à Paris. Il faut dire que dès le départ, la nomination de trois patrons avait fait mauvais genre. « Trois DG, c’est trois gros salaires, alors que les gens dans la rédaction sont non seulement en sous-effectifs mais pas très bien payés », dénonce une source interne. Et à l’usage, il semblerait que le nouvel état-major n’ait pas convaincu les troupes : « On ne sait pas ce que Bouhafsi et Levasseur apportent vraiment en tant que DG », souffle un collaborateur. Plusieurs relatent l’ambiance tendue qui a suivi l’arrivée de l’ancien de Capa. « On nous avait expliqué qu’il était venu pour faciliter les échanges entre les salariés et la rédaction, mais rajouter un intermédiaire éloigne plus les gens que ça ne les rapproche », poursuit le journaliste. « Les premières semaines, dès qu’il faisait une proposition sur C à vous, Anne-Élisabeth Lemoine lui disait non », relate un autre observateur.
Résultat des courses : selon nos informations, Philippe Levasseur ne travaille déjà plus sur C à vous et C l’hebdo depuis le début du mois de février. Son avenir chez Troisième Œil Productions fait actuellement l’objet de discussions au sein du groupe de Pierre-Antoine Capton (partiellement propriété de Xavier Niel, actionnaire de l’Informé). Départ pur et simple ? Transfert ? Le principal intéressé n’a pas souhaité répondre à nos questions. De son côté, la présidente de Mediawan Prod, qui réunit les boîtes de prod’ du géant de l’audiovisuel, Justine Planchon, botte en touche : « Mon objectif est d’assurer une cohérence éditoriale et organisationnelle. Cela implique des ajustements constants, une gestion précise du travail et de l’intelligence collective pour produire le meilleur contenu possible. » Le tout, aux côtés de ses trois DG, dont Levasseur qu’elle présente comme « responsable du pôle news, flux et documentaire ». Dans son communiqué de presse en octobre dernier, ce dernier était pourtant bien désigné « en charge des programmes C à vous et C l’hebdo ».
Reste alors la situation de Mohamed Bouhafsi, simple chroniqueur propulsé aux manettes de la société. Sa promotion, elle aussi, est loin d’avoir fait l’unanimité en interne. « Sa nomination n’a pas réjoui grand monde, résume un salarié. Cumuler les fonctions de DG et de chroniqueur, c’est très bizarre. » « C’est aberrant d’avoir ces deux postes, abonde un autre. Il ne bosse pas, il est très peu là. » Pour certains, la direction de Mediawan aurait avant tout choisi Bouhafsi pour son réseau : « Il appelle son téléphone le ’téléphone magique’ et se vante de pouvoir joindre une personnalité quand quelqu’un ne réussit pas à l’avoir », raconte un collaborateur. « Il est là pour son carnet d’adresses, il n’est pas journaliste, il est RP », juge durement un autre salarié de la boîte.
En sus de ces doutes sur l’état-major, certains craignent l’épuisement. « Ce n’est pas un secret : les gens de chez Mediawan ne sont pas très heureux et évoluent dans un climat qui n’est pas propice à la sérénité, raconte une ex-collaboratrice. Il y a une pression permanente qui finit par rendre pas très agréable, le côté humain disparaît de l’équation. » Des salariés pointent une ambiance particulièrement lourde depuis le début de la saison 2024-2025. « L’atmosphère est vraiment désagréable, analyse une source interne, mais les gens avalent beaucoup de couleuvres car C à vous est une très belle émission. C’est une sorte de syndrome de Stockholm. »
Si un collègue tempère, jugeant « les gens pas plus fatigués que d’habitude », plusieurs se remémorent le burn-out d’une salariée à l’automne dernier, qui a explosé au milieu de la rédaction et n’est pas revenue en poste depuis. La présidente de Mediawan prod n’a pas souhaité répondre à nos questions spécifiques, évoquant simplement que son rôle était « de veiller au bon fonctionnement d’une équipe qui produit quotidiennement une émission exigeante, à la fois en termes de rythme et d’engagement. C’est un travail intense, mais porté par des professionnels talentueux : journalistes, producteurs, techniciens, chroniqueurs… autant de métiers essentiels à la création d’un programme de qualité. »
« Dans les faits, l’émission se prolonge de plus en plus, ce qui provoque un fonctionnement à flux tendu et un épuisement, résume un ancien. Quand une enquête de Télérama sur Quotidien est sortie, plein de gens ont ironisé dans la rédaction, sur le mode ‘ici, c’est pire’. » Et gare à qui oserait évoquer ses soucis aux journalistes. Récemment, un article de Voici sur l’ambiance « glaciale » chez C à vous est venu mettre le feu aux poudres : « On nous a dit qu’on n’avait pas le droit de parler à la presse, relate une source interne. On sent qu’ils traquent les taupes. » De quoi ajouter à l’ambiance…
Contacté, Mohamed Bouhafsi n’a pas souhaité commenter. Anne-Élisabeth Lemoine et Mathilde Jarry n’ont pas répondu à nos sollicitations.