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Continuer la lectureLVMH a trouvé son favori pour diriger les Échos
Depuis près d’un an, le groupe de Bernard Arnault, propriétaire du quotidien économique, cherche un nouveau patron de la rédaction. Il a déniché le profil qui lui semble idéal.

Drôle d’anniversaire aux Échos : voilà près d’un an que le quotidien économique évolue sans directeur de la rédaction. Depuis mars 2023, ce titre libéral détenu par l’homme le plus riche du monde, Bernard Arnault, « est géré comme un kolkhoze », ironise un communicant. À la suite du débarquement surprise de Nicolas Barré par LVMH, propriétaire de la publication, les rédacteurs en chef s’occupent à tour de rôle de la Une. Résultat, « aucune décision d’importance n’est prise dans l’attente d’une nouvelle nomination, le canard est sans tête », se lamente un journaliste. Mais le temps de l’autogestion semble toutefois toucher à sa fin. Plusieurs candidats sont actuellement dans la short list pour prendre la tête du journal. Parmi eux figurent deux rédacteurs en chef des Échos, Lucie Robequain et David Barroux, mais aussi l’ex-rédacteur en chef du quotidien suisse Le Temps, Stéphane Benoit-Godet ou Eric Chol, directeur de la rédaction de l’Express, a révélé La Lettre. Mais ils n’ont pas convaincu l’actionnaire, et ne sont pas favoris.
Un autre nom se détache, a appris l’Informé. Il s’agit de Rémi Godeau, actuellement rédacteur en chef et vice-président de l’Opinion. Ce proche de Nicolas Beytout, fondateur du titre, n’aurait cependant pas encore dit oui. « Rémi ne cache pas vouloir faire autre chose depuis un bon moment déjà », indique un proche. Mais son départ bousculerait profondément l’Opinion, où il tient un rôle central depuis sa création.

En attendant Godeau, LVMH se rassure. Le groupe de luxe est en situation confortable pour le convaincre : il est l’un des principaux actionnaires de l’Opinion (avec 24 % des parts fin 2022), auquel il a apporté 15 millions d’euros (11 millions en capitaux, plus 4 millions en prêts). La publication a célébré ses dix ans l’an dernier sans jamais atteindre l’équilibre financier jusqu’ici.
Si Rémi Godeau, ancien rédacteur en chef économie du Figaro et ex-directeur de la rédaction de l’Est Républicain, se décide, il devra encore se soumettre au vote de la rédaction des Échos, comme le stipulent les accords d’indépendance signés par LVMH lors du rachat en 2008. Le précédent candidat venu de l’interne, François Vidal, s’était présenté en septembre dernier à ce suffrage mais avait essuyé un refus avec 66,9 % de non. À la suite de cet échec, LVMH semble avoir définitivement abandonné une promotion interne, et chasse donc en externe. En janvier, le groupe de luxe a nommé à la présidence du conseil de surveillance des Échos Mathieu Gallet. L’ancien PDG de Radio France a aussitôt annoncé qu’il reprenait en main la recherche d’un patron de la rédaction, en l’étendant à l’extérieur, et a appelé les candidats à se manifester auprès de lui. Selon Challenges, François Lenglet, chef du service économie de TF1, aurait été approché, mais aurait décliné. Sans doute garde-t-il un souvenir mitigé après son éviction en 2008 de la direction d’Enjeux, le supplément mensuel des Échos, juste après le rachat par LVMH.
Le prochain directeur va devoir faire face à plusieurs défis. Si le groupe les Échos était à l’équilibre d’exploitation en 2023, avec un chiffre d’affaires de 260 millions d’euros, il devrait perdre 5 millions d’euros cette année, selon les estimations de la direction en raison de l’inflation, mais aussi de la baisse de la diffusion papier (-11,7 % pour les ventes en kiosque mais +6,11 % en numérique).
Autres chantiers : François Vidal souhaitait accélérer la transformation numérique en développant de nouveaux formats (podcasts, vidéo, data journalisme…). Il prévoyait aussi de créer une version en anglais sur les scoops en ligne et une lecture audio des articles, tout en renforçant le nombre de correspondants en Europe et dans les pays émergents. Faute d’avoir été nommé, il pourrait prendre de nouvelles responsabilités au sein de Capital Finance, une autre publication du groupe les Échos.
Contactés, Mathieu Gallet et Rémi Godeau n’ont pas répondu à nos sollicitations au moment de la publication.