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Continuer la lectureLes actionnaires de 20 Minutes contraints de renflouer les caisses
L’apport de Sipa/Ouest France et de Rossel doit servir à financer les pertes, le plan social en cours et la fermeture du journal papier.

Comme promis, ils ont remis la main à la poche. Selon nos informations, les groupes Sipa/Ouest France et Rossel viennent de réinjecter 5 millions d’euros dans le média 20 Minutes, qu’ils contrôlent à parité. Les deux actionnaires ont apporté chacun 2,5 millions d’euros lors d’une recapitalisation bouclée récemment. « Cet argent doit servir à éponger les pertes et financer le plan de départs », indique-t-on chez Rossel, société de presse belge qui détient également la Voix du Nord. Bientôt terminé, ce plan concerne un total de 56 postes et prévoit certains reclassements. Les équipes publicitaires sont les plus affectées, avec la perte de 21 salariés sur 37. Leurs missions ont été externalisées vers 366, une régie travaillant pour 55 titres de presse quotidienne régionale. Côté rédaction, le nombre de postes est passé de 81 à 62.
« C’est le deuxième plan en l’espace de trois ans, souligne une salariée. L’ambiance est lourde et tendue, personne n’est serein. » Depuis 2022, l’effectif total aura fondu de près de 40 %. Et alors que les derniers départs se profilent, deux plumes supplémentaires quittent le site Internet cette fois pour d’autres opportunités. Il s’agit de Laurent Bainier, rédacteur en chef déjà parti diriger The Conversation comme l’a annoncé Mind Media mais aussi de Marion Pignot, rédactrice en chef adjointe du pôle actualité chaude qui rejoint le Midi Libre.

Sur un marché de la presse déjà compliqué, 20 Minutes ne s’est pas remis de la crise du Covid qui a touché directement deux de ses grands annonceurs, l’industrie du cinéma et celle du tourisme et des voyages. En 2022, les pertes d’exploitation ont atteint 4,8 millions d’euros avant de diminuer en 2023 et 2024. Le titre a même dû faire appel à un prêt garanti par l’État (PGE) de 8 millions d’euros pour passer cette période. « Avec le plan de départs, l’objectif est d’atteindre l’équilibre l’année prochaine », indique-t-on en interne.
Pour tenter de redresser les comptes, la direction a pris une autre décision drastique en septembre dernier : mettre fin à la version print du quotidien en raison de l’envolée des coûts du papier. Elle était encore diffusée dans huit villes et, même à plus de 350 000 exemplaires rien qu’en Île-de-France. Le but est de se concentrer uniquement sur le Web autour de trois pôles : actualité chaude, articles serviciels et vidéo. Un effort particulier est porté sur ce dernier volet, le contenu étant plus facile à monétiser auprès des annonceurs. Le média peut leur vendre une audience toujours élevée : avec 70,7 millions de visiteurs uniques par mois selon l’ACPM, 20Minutes.fr figure au 12e rang des sites de presse les plus visités en France en novembre.
Mais la restructuration ne s’arrête pas là. Mi-novembre, la direction a également dénoncé les accords télétravail (un à deux jours par semaine) et les augmentations salariales ont été gelées. Les syndicats, très remontés, devraient donner de la voix ces prochains jours à ce sujet. « Des travaux ont aussi débuté pour accueillir les équipes de 20 Minutes TV, chaîne locale de la TNT, aujourd’hui installées sur un autre site à Saint-Denis », explique un journaliste. Le tout dans un contexte particulier : actionnaire de 20 minutes, le groupe Sipa/Ouest France s’apprête à lancer OFTV, une chaîne de télévision nationale sur la TNT. Des passerelles entre les deux rédactions devraient donc être érigées… Attendue en 2025, OFTV devrait faire ses premiers pas en septembre et vient de lancer un appel à projet pour produire un talk-show quotidien de 75 minutes. « Il y aura sans doute des coopérations entre les deux télés mais c’est un peu tôt pour savoir de quelle nature », précise Fabrice Bakhouche, directeur général du groupe Sipa/Ouest France. Placée sous la responsabilité de Guénaëlle Troly, ex-dirigeante du pôle RMC, OFTV sera basé à Rennes et se concentrera sur l’actualité des territoires.